La cérémonie donnée en hommage à Nelson Mandela mardi 10 décembre a été marquée par l'émotion des Sud-Africains, une poignée de main entre Barack Obama et Raul Castro, les sifflets contre Jacob Zuma et...dernier rebondissement l'interprète imposteur. Au lieu de traduire correctement en langage des signes les discours officiels, le traducteur présent sur la tribune a exécuté des gestes incompréhensibles. En cause ? Une crise de schizophrénie...
Imposteur ! Le mot apparaît dans les titres des médias internationaux depuis ce jeudi 12 décembre. L’individu ainsi qualifié s’appelle Thamsanqa Jantjie. Ce Sud-Africain de 34 ans a accédé en quelques heures – malgré lui- à une notoriété internationale. Comment ? En servant d’interprète en langue des signes à la cérémonie d‘hommage à Nelson Mandela à Soweto ce mardi 10 décembre. Cérémonie retransmise dans le monde entier. Son tord ? Prendre un peu trop de libertés avec le langage des signes. « Il gesticulait et bougeait juste ses mains dans tous les sens, il n’avait aucune grammaire, n’utilisait aucune structure, ne connaissait aucune règle de la langue », souligne à l’AFP une interprète officielle de la Fédération des sourds d’Afrique du Sud, Delphin Hlungwane. Ses gesticulations restaient donc incompréhensibles pour des sourds et muets qui suivaient la cérémonie. Cara Loening, directrice de l’organisme du CAP Education et développement des signes ajoute : « Il battait l’air avec ses bras ». Parfois, il se contentait d’écouter sans rien traduire, restant mains croisées pendant plusieurs minutes du discours des petits enfants de Nelson Mandela ou même du président américain Barack Obama.
Le malaise s’installe davantage quand des membres de la Fédération des sourds d’Afrique du Sud affirment ne pas connaître cet interprète approximatif, Thamsanqa Jantjie, qui a pourtant assuré des traductions lors d’événements de l’ANC, le parti au pouvoir. Il a notamment réalisé la traduction en langue des signes lors d’un discours de Jacob Zuma. L’ancien parti au pouvoir affirme cependant ne pas le connaître.
Le pays se serait bien passé de cette polémique qui enfle alors que les Sud-Africains font leurs derniers adieux à « Madiba ». Le comportement de l’interprète a scandalisé les Sud-Africains dès mardi 10 décembre. Le gouvernement indique alors qu’il se « penche sur le problème ». Et finalement, il admet le surlendemain une possible erreur dans l’interprétation pour les sourds. Coup de théâtre également ce jeudi matin avec une déclaration de l’intéressé dans la presse sud-africaine. Il se défend de ses erreurs d’interprétation en affirmant avoir été victime d’une crise de schizophrénie alors qu’il se tenait à la tribune. Sa crise aurait été causée par un trop grand stress lors de l’événement. Entendant des voix, victime d’hallucinations, il lui aurait été impossible de traduire correctement les discours. « Il n’y avait rien à faire. J’étais seul dans une situation dangereuse. J’ai essayé de me contrôler et de ne pas montrer au reste du monde ce qui m’arrivait », confie-t-il au journal The Johannesburg Star. Je suis vraiment désolé, c’est la situation dans laquelle je me suis retrouvé ». L’entreprise qui l’avait employé pour cette journée "SA interprète" n’a fait aucun commentaire. Les excuses de l'interprète ne sont pas suffisantes et surtout peu crédibles pour l’association de sourds sud-africains Deaf SA. Depuis, les critiques – et les moqueries- pleuvent sur la toile en dépit de la prise de parole du traducteur qui va sûrement devoir penser à revoir sa grammaire.