Championne des inégalités, l'Afrique du Sud paye encore le prix de l'apartheid

L’Afrique australe est la région la plus inégalitaire du monde. Un rapport de la Banque mondiale révèle que l’héritage de l’apartheid engendre, encore aujourd’hui, de profondes inégalités. 
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Township South Africa
Un township sur la berge de la rivière Jukskei, au nord de Johannesburg, le 11 novembre 2014. 
Themba Hadebe / AP
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L’Afrique du Sud championne… des inégalités. Dans un rapport publié mercredi 9 mars, la Banque mondiale place la nation arc-en-ciel en tête d’un groupe de cinq pays africains qui concentrent le plus d’inégalités au monde. La Namibie, le Botswana, le Swaziland et le Lesotho complètent ce triste classement, faisant de l’Afrique australe la région la plus inégalitaire du monde. 

Le rapport explore en profondeur les mécanismes qui creusent les inégalités dans ces cinq pays, qui forment l’Union douanière d'Afrique australe (SACU). La Banque mondiale cite notamment le genre, les infrastructures publiques vétustes et les difficultés d’accès aux soins, dans ces pays où les systèmes de santé publique souffraient longtemps avant l’arrivée du Covid-19. Le manque de moyens alloués aux politiques d’aides sociales et la vulnérabilité face aux événements climatiques (sécheresse, inondations) pèsent aussi dans la balance des inégalités. 

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Être Noir, une inégalité structurelle

Mais le poids le plus lourd à porter est sans doute celui de l’héritage colonial. En Afrique du Sud tout particulièrement, l’ombre de l’apartheid continue de diviser la population. Être Noir reste l’un des principaux facteurs cités par le rapport pour expliquer les profondes disparités qui subsistent dans le pays. Les populations blanches jouissent d’une richesse accumulée sur plusieurs générations, à la faveur de l’apartheid, tandis que les populations noires subissent encore les effets de la ségrégation. 

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Une division de la société qui explique près de 40% des inégalités en Afrique du Sud, et notamment ce que la Banque mondiale appelle des "inégalités d’opportunités", présentes dès la naissance. Les populations noires sont les premières concernées par les difficultés d’accès aux soins, à l’eau potable, à l’électricité ou encore à l’éducation.

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Dans ce contexte structurellement inégalitaire, naître au cœur d’un township ou dans une zone rurale, de parents noirs n’ayant pas fait d’études est un point de départ qui influence la trajectoire de toute une vie. 

Échec des politiques d’expropriation

L’Afrique du Sud n’est pas le seul pays où les effets de la ségrégation se font encore sentir. Le rapport de la Banque mondiale rappelle par exemple qu’en Namibie, 70% des 39,7 millions d'hectares de terres agricoles commerciales "appartiennent toujours à des Namibiens d'origine européenne".

Une répartition déséquilibrée des richesses, que les politiques de redistribution des terres peinent à corriger. Manque de preuves, demandeurs multiples, difficultés à fixer les prix… Les obstacles sont nombreux et les effets des politiques de réappropriation peinent à se faire sentir, dans ces pays où les inégalités se sont si profondément creusées.

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La pandémie de Covid-19 a encore accentué ces disparités. En Afrique du Sud, notamment, les confinements se sont accompagnés d'une forte augmentation du taux de chômage. Une étude du National Income Dynamics Coronavirus Rapid Mobile Survey estime que trois millions de personnes ont perdu leur emploi à cause du Covid-19. La majorité d'entre elles étaient des Noirs, vivant en zone rurale ou dans des townships en zone péri-urbaine.