Charles Blé Goudé : “2025 est un objectif principal pour nous”

“2025 ne se fera pas sans nous !" a affirmé Charles Blé Goudé à ses partisans le 12 mai. L'ancien ministre de Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale, s'adressait aux militants de son parti à Yamoussoukro. Sera-t-il candidat à la prochaine présidentielle ? Entretien exclusif.

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Charles Blé Goudé

Charles Blé Goudé, président du COJEP

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TV5Monde : Lors de votre discours de rentrée vous avez dit : “2025 ne se fera pas sans nous !” Vous avez présenté votre programme politique, et vous avez dit que le moment n'était pas encore venu de vous déclarer candidat à l’élection présidentielle de 2025. Pourquoi cette ambiguïté ?

Charles Blé Goudé :  Il n’y a aucune ambiguïté. Je présente les grandes lignes de ma politique. Lorsque je suis arrivé en Côte d’Ivoire, j’ai d’abord fait une tournée de paix. Une fois cet objectif atteint, j'indiquerai aux Ivoiriens ce que je veux faire avec eux. Ne soyez pas pressé. Tout sera annoncé en temps voulu. Mon parti a une convention et c’est lors de cet événement que le candidat sera connu.

Cela veut-il dire que 2025 est toujours un objectif pour vous ?

C. B. G. : 2025 est un objectif principal pour nous. Parce ce que c’est la fin d’une génération, la fin d’un cycle et le début d’un autre. Chaque époque a son combat, chaque combat a ses acteurs. Je pense que je suis un acteur de cette époque, et je suis à même de relever le défi actuel de notre génération. Est-ce que je serai candidat ? Je pense que ce n’est pas à l’ordre du jour mais ce n’est pas exclu. 

Vous vous voyez comme un "homme d’Etat" pourtant vous êtes toujours inéligible en Côte d’Ivoire, à cause de votre condamnation pour des crimes liés à la crise post-électorale de 2010-2011. Pourquoi souhaitez-vous être un acteur de la vie politique et probable candidat ?

C. B. G. : Je ne veux pas brûler la Côte d’Ivoire parce que je suis frappé d’une inéligibilité de 20 ans. Tout peut évoluer. Le Président Alassane Ouattara n’était pas éligible en Côte d’Ivoire, il l’a  ensuite été. Ousmane Sonko n’était pas éligible, il l’a été après, et (NDLR) aujourd’hui, il est Premier ministre. Il était en prison avec Diomaye Faye. Tout est dynamique. C’est une condamnation politique qui aura une solution politique, je l’espère. Mais cela ne m’empêche pas de me préparer, cela ne m’empêche pas de m’organiser. Dans un premier temps, j’ai appelé toute la jeunesse de Côte d’Ivoire à aller s’inscrire sur les listes électorales pour que nous puissions avoir un impact sur la prochaine élection. Je n’attends pas la fin de ma condamnation pour m’organiser mais pour le moment, je ne suis pas en train de me déclarer candidat.

La solution politique que vous évoquez, peut-elle arriver avant la présidentielle de 2025 ?

C. B. G. :  C’est à plusieurs semaines de l’élection présidentielle au Sénégal que la condamnation d’Ousmane Sonko a été levée et qu’il a retrouvé tous ces droits. Aujourd’hui, il est Premier ministre. Idem pour Diomaye Faye. Donc, je suis confiant, et ce qu’il faut éviter : c’est d’enflammer à nouveau la situation sociale déjà trop fragile. Je ne veux pas associer mon nom à la déstructuration de la Côte d’Ivoire. Pourtant, je suis prêt physiquement, je suis prêt psychologiquement, je suis prêt intellectuellement et politiquement à diriger la Côte d’Ivoire. J’ai un projet.

Laurent Gbagbo a été investi candidat de son parti vendredi, c’est votre ancien mentor lui aussi est inéligible. Vous aviez déclaré en 2022, que s’il était candidat vous ne le seriez pas face à lui. Aujourd’hui envisagez-vous d’être candidat face à Laurent Gbagbo en 2025 ?

C. B. G. : Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette question relative à Laurent Gbagbo, parce que j’ai décidé de ne pas parler de lui en public. Pour le moment, il y a des intentions de candidatures, il n’y a aucune candidature. Le Conseil constitutionnel confirme les candidatures, lorsqu'elles sont déposées. Mais pour le moment nous n'en sommes pas encore là. 

Un mot de vos relations avec Laurent Gbagbo. Vous étiez alliés par le passé. Aujourd’hui, nous avons pu constater, dans la salle, pour votre rentrée politique qu'il y avait plusieurs des représentants de partis politiques mais pas ceux de la formation de Laurent Gbagbo. Pourquoi ? 

C. B. G. : Je ne peux pas répondre à la place de ceux qui ne sont pas venus alors que nous les avons invités. Nous avons invité tout le monde. Ils ne sont pas venus, je n’ai aucun commentaire à faire. Je pense que ce n’est pas une relation de “guéguerre”. Des situations comme celle-là peuvent arriver entre leaders, il ne faut pas les dramatiser. Une chose est sûre, nos liens sont si profonds que ces petits soubresauts peuvent passer d’un moment à l’autre. Cela dit, je suis aujourd’hui président d’un parti politique qui m’a donné une mission, non seulement pour structurer ce parti mais aussi pour l’amener au pouvoir. Je travaille à cela, il s’agit de mon seul objectif. Les Ivoiriens ont besoin d’une classe politique de qualité. Les problèmes de personnes n'apportent rien.