Le romancier et poète nigérian Chinua Achebe disparaît à l'âge de 82 ans. Présenté comme le père de la littérature africaine moderne, il raconte la colonisation, les sociétés africaines, la corruption... Les hommages sont nombreux à l'annonce de son décès. Evocation en compagnie de l'écrivain Alain Mabanckou.
"Le monde s'effondre", c'est avec ce roman que le public découvre l'écrivain en 1958. L'histoire, celle de l'ethnie Igbo, son ethnie, face au colonisateur britannique au XIXème siècle.
Pour la première fois, l'Afrique livre à l'Europe son point de vue sur la colonisation. Traduit dans une cinquantaine de langues, "Le monde s'effondre" se vendra à plus de dix millions d'exemplaires.
"Le monde s’effondre", une lecture incontournable estime Alain Mabanckou.
Chinua Achebe est né le 16 novembre 1930 dans l'est du Nigeria de parents chrétiens de l'ethnie Igbo.
En 1990, un accident de la route le cloue dans un fauteuil roulant. Sa production littéraire est mise entre parenthèses pendant plus de vingt ans.
Il passe les dernières années de sa vie aux Etats-Unis, où il donne des conférences dans les universités.
En sa qualité d'homme de lettres, d'homme de radio (il a travaillé pour la radio publique nigériane NBC) et de conférencier universitaire, Chinua Achebe s'efforce tout au long de sa vie d'être un pont entre l'Afrique et l'Occident.
Chinua Achebe et Nelson Mandela.
La dent dure contre le Nigeria
Son pays, le Nigeria, n'est pas épargné dans son oeuvre. En 1983, il publie un pamphlet intitulé "The trouble with Nigeria" (Le problème avec le Nigeria) dans lequel il brosse un portrait sombre de son pays natal tout en formulant l'espoir que la corruption endémique cesse un jour.
En novembre 2011, il refuse les honneurs que lui fait son pays. Le président veut l’honorer du titre prestigieux de "Commandant de la République fédérale". Il décline, préférant dénoncer à nouveau la corruption qui gangrène le pays.
Le Nigeria et son histoire dramatique sont au centre de son dernier ouvrage publié l’an passé. Un livre qui raconte sa vision personnelle de l'histoire du Biafra, secoué par la guerre civile qui, au cours de la seconde moitié des années 1960 avait fait un million de morts, victimes des combats et des famines.
L’hommage de Mandela
Chinua Achebe vivra à jamais dans le coeur et l'esprit des générations futures. C’est l’hommage que lui rend le président nigérian Goodluck Jonathan. Quant à l’ancien président sudafricain Nelson Mandela, par le truchement de sa fondation, il raconte que la lecture de Achebe "était une compagnie avec laquelle les murs s'étaient écroulés" lors de ses vingt-sept années passées en prison.
L'hommage d'Alain Mabanckou
22.03.2013Propos receuillis par Jean-Luc Eyguesier au Salon du Livre de Paris