C'est aux laboratoires Eclair à Vanves que reposent les six boîtes de bobines de ce film culte, réalisé en 1991 et présenté pour la première fois en compétition officielle en 1992 au Festival de Cannes. Dans la salle de restauration manuelle, l'une des bobines est déroulé sur une table et examiné par des mains expertes. "Elle est en bonne état à part quelques petites rayures, mais sans ça, ça va! Pour une récupération en sous-sol, ça va, j'ai vu pire..." déclaré Luc Picot, penché sur la table de restauration.
Des bobines retrouvées dans un sous-sol humide
C'est l'un des deux producteurs du film, Pierre-Alain Meier, qui a retrouvé les négatifs pour les sauver. "Hyènes, c'est quelque part le grand film de ma vie. Il m'a tellement marqué. Ce film m'a accompagné toute ma carrière. J'ai dit quelque part je suis allé si loin dans sa complexité à faire que j'y suis revenu tout le temps", dit-il."Hyènes", film culte des années 1990
Second et dernier film de Djibril Diop Mambéty, "Hyènes" raconte la revanche d'une femme richissime de retour dans son village : "Linguère Ramatou est de retour à Colobane. On dit qu'elle est devenue très riche, plus que ne l'est la Banque mondiale, et s'apprête à offrir 10 milliards de francs à ses congénères. La condition : que son ancien amant soit tué."Crédits
Djibril DIOP MAMBETY - Réalisation/Scénario
Matthias KALIN - Images
Wasis DIOP - Musique
Loredana CRISTELLI - Montage
Oumou SY - Décors
Pierre-Alain MEIER / Alain ROZANES - Producteurs
Casting
Djibril DIOP MAMBETY
Ami DIAKHATE : Linguère Ramatou
Mansour DIOUF : Draman
Mahouredia GUEYE : le maire
Avec son second long-métrage après "Touki Bouki" (Le Voyage de la hyène), Djibril Diop Mambéty signe un film sur l’avidité, la lâcheté de tous les habitants d’un village qui perdent la tête...
Au Festival de Cannes en 1992, Hyènes avait séduit les critiques pour la beauté de ses images, et l'audace de son propos. Corruption, colonialisme, conformisme social: le film du cinéaste sénégalais est une dénonciation sans concession, qui a marqué l'Histoire du cinéma africain.
Un an de restauration chez Éclair
Les bobines de "Hyènes" étaient plutôt bien conservées, mises à part quelques rayures ou brûlures sur les négatifs... Chez Eclair, les restaurateurs ont retravaillé certains rouleaux de négatifs. Sur une bobine, par exemple, "la partie plastique avait eu quelques problèmes de rayures", raconte Pierre Boustoullier, chef de la division restauration d'Eclair. "La bobine trois a nécessité des traitements un peu particulier de numérisation."Tous les négatifs ont été numérisés, bobine par bobine, plan par plan, avant d'être étalonnés, sous la houlette du producteur. "Pierre-Alain, c'est lui qui a produit le film donc il savait exactement comment le film a été réalisé, quels problèmes il y a eu au moment du tournage qu'il voulait faire absolument disparaître comme défauts, et surtout ce à quoi le film devait ressembler à la fin", note Florence Paulin, chef de projet chez Eclair.