Comment le chef de la diplomatie de l'UE explique le coup d'État au Gabon

Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a insisté jeudi sur la différence entre les coups d'Etat au Niger et au Gabon, soulignant que ce dernier, qui a renversé le président Ali Bongo, faisait suite à des élections entachées "d'irrégularités".

Image
pick-up putschistes

Des manifestants pro-putschistes expriment leur liesse auprès de policiers gabonais, Libreville, 30 août 2023.

(AP Photo/Betiness Mackosso)
Partager1 minute de lecture

"Naturellement, les coups d’Etat militaires ne sont pas la solution mais nous ne devons pas oublier qu'au Gabon il y avait eu des élections pleines d'irrégularités", a-t-il souligné, affirmant qu'une élection truquée pouvait être interprétée comme un "coup d'Etat institutionnel".

Précisant qu’aucune évacuation des citoyens européens résidant au Gabon n'était envisagée, il a insisté sur le fait que la situation était "calme". "Nous ne voyons pas de risque de violence", a-t-il déclaré depuis Tolède, en Espagne, en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des 27. 

"La situation est radicalement différente" de celle du Niger, a-t-il martelé.

Des militaires putschistes ont destitué mercredi le président sortant du Gabon, Ali Bongo Ondimba, peu après l'annonce de sa réélection à la tête du pays, provoquant des manifestations de liesse. Ce pays d'Afrique centrale riche en pétrole était dirigé depuis plus de 55 ans par la famille Bongo. 

Au Niger, le président était un président démocratiquement élu (...). Au Gabon, quelques heures avant le coup d'Etat militaire, il y a eu un coup d'Etat institutionnel car les élections ont été volées
Josep Borell, haut représentant de l'UE

La guerre en Ukraine et la situation au Niger, où des militaires ont renversé le 26 juillet le président Mohamed Bazoum, étaient au coeur des discussions de cette réunion de l'UE à Tolède.

Le président de la commission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Omar Alieu Touray, a participé à la rencontre.

Le coup d'Etat au Niger a accru les tensions au Sahel, où trois autres gouvernements civils ont été renversés par des militaires depuis 2020 et où des mouvements rebelles jihadistes contrôlent des régions entières.

Interrogée sur CNN peu avant le début de la rencontre de Tolède, M. Borrell a relevé que les situations au Gabon et au Niger n'étaient pas "équivalentes".

"Au Niger, le président était un président démocratiquement élu (...). Au Gabon, quelques heures avant le coup d'Etat militaire, il y a eu un coup d'Etat institutionnel car les élections ont été volées", a-t-il dit.

"Je ne peux pas dire que le Gabon était une vraie démocratie avec une famille qui dirigeait le pays depuis 50 ans", a insisté le responsable espagnol.