Comores : l'agresseur du président Azali décède pendant sa détention

L'auteur de l'attaque au couteau qui a "légèrement blessé" le 13 septembre le président des Comores Azali Assoumani est mort dans des circonstances encore inconnues pendant qu'il se trouvait aux mains des enquêteurs, annonce le procureur de la République de Moroni.

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Azali Assoumani a G20

Le président des Comores, Azali Assoumani, assiste à une conférence de presse lors d'un Sommet du G20. Berlin, Allemagne - 20 novembre 2023. 

AP/Markus Schreiber
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Le président Azali Assoumani, 65 ans, "a été légèrement blessé à l'arme blanche" le 13 septembre alors qu'il assistait aux funérailles d'un dignitaire religieux dans une petite commune surplombant Moroni, avait annoncé le 13 septembre au soir la présidence, précisant que l'assaillant avait été remis aux "services de sécurité".

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"Il était isolé dans une salle pour qu'il se calme, hier (le 13 septembre) après son interpellation" et "lorsque les enquêteurs se sont présentés ce matin, pour l'auditionner, ils l'ont trouvé allongé par terre, inanimé", déclare le procureur, Ali Mohamed Djounaid, lors d'une conférence de presse au palais de justice de la capitale de cet archipel. "Le médecin s'est présenté et après l'avoir examiné, il a constaté le décès", ajoute-t-il.

Les agents de la sécurité du président ont immédiatement maîtrisé le jeune et l'ont remis aux enquêteurs.

Ali Mohamed Djounaid, procureur de Moroni

Le magistrat a précisé que l'agresseur était un jeune militaire de 24 ans, nommé Ahmed Abdou et surnommé "Fanon", originaire de la petite commune de Salimani-Itsandra, où se déroulaient les funérailles et où il a attaqué le président vendredi après-midi. Selon le procureur, il "s'est servi d'un couteau de cuisine", blessant deux personnes, un proche du notable défunt et le président Azali.

Pas eu le temps de l'auditionner

"Les agents de la sécurité du président ont immédiatement maîtrisé le jeune et l'ont remis aux enquêteurs", ajoute-t-il, mais ceux-ci "n'ont pas eu le temps de l'auditionner" entre son arrestation et son décès. "Une enquête est en cours pour comprendre les circonstances ou les raisons qui ont poussé le jeune (homme) à vouloir attenter à la vie du président. Il y aura également une enquête qui va élucider les circonstances de sa mort", poursuit-il, tout en précisant que le corps avait été remis à sa famille, semblant indiquer qu'aucune autopsie n'a été réclamée par le Parquet.

Un membre de la famille d'Ahmed Abdou, ayant requis l'anonymat, indique que le lavage mortuaire du corps était en cours et qu'il serait "enterré d'ici peu", conformément à la tradition musulmane, religion dont se revendique la quasi-totalité des quelques 870 000 habitants des trois îles de ce petit archipel pauvre de l'océan Indien.

"Plus de peur que de mal"

Azali Assoumani "va très bien", assure la porte-parole du gouvernement Fatima Ahamada, lors d'une conférence de presse en présence de la quasi-totalité du gouvernement et des gouverneurs de deux des trois îles. "Finalement c'est plus de peur que de mal", a-t-elle ajouté. Le président comorien était en revanche absent. Il "se trouve dans sa résidence, en compagnie de sa famille", explique le ministre de l'Energie, Aboubacar Saïd Anli.

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Les intervenants refusent, "au nom du secret médical", de révéler la nature ou l'étendue des blessures du chef de l'État. Aboubacar Saïd Anli a toutefois laissé entendre qu'il avait été atteint au "cuir chevelu, une zone qui saigne beaucoup", nécessitant des "points de suture". Aucune image du chef de l'État n'a été publiée depuis l'attaque.

Il l'a d'abord attaqué avec un couteau avant de le rouer de coups.

Ali Mohamed Djounaid, procureur de Moroni

Ahmed Abdou, décrit par une source proche de la présidence comme un gendarme enrôlé depuis deux ans, n'avait, selon le procureur, pas regagné son unité à l'issue d'une "permission de 24 heures" le 11 septembre. Selon un témoin de l'attaque, qui a refusé de donner son identité, "l'assaillant était comme fou, il s'est jeté sur le chef de l'Etat", qui se trouvait sur une terrasse de la maison du notable défunt. "Il l'a d'abord attaqué avec un couteau avant de le rouer de coups", raconte-t-il. "Sans celui qui s'est interposé, je crois fort que le chef de l'État ne s'en serait pas sorti".