Fil d'Ariane
A l'issue d'un accord de paix, il est intégré avec ses hommes dans l'armée congolaise et promu général de 2007 à 2012. Il troque finalement le costume militaire pour diriger une partie des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) qui sévissent dans la région des Grands Lacs.
En mars 2013, le M23 défait, il se rend de lui-même à l'ambassade américaine de Kigali au Rwanda. Il y demandera son transfert à la CPI, une première dans l'histoire de la juridiction.
Depuis, "Terminator" plaide non coupable. "J'ai toujours combattu contre les hommes en uniforme et je ne me suis jamais attaqué aux civils, je les ai protégés", se défend-il devant la Cour.
Arrêté en 2013, Bosco Ntaganda a déjà purgé six années de sa peine. Aujourd'hui âgé de 46 ans, il compte faire appel de la condamnation.
La parole aux victimes
Maître Sarah Pellet, l'avocate qui représente les anciens enfants soldats lors de ce procès, s'est félicitée de la condamnation. Elle répond aux questions de TV5MONDE.
TV5MONDE : Trente ans de prison, c'est la plus lourde peine jamais prononcée par la CPI, vous êtes satisfaite de ce verdict ?
Sarah Pellet : Dans le climat actuel, je suis extrêmement satisfaite de cette condamnation. C'est la première fois que des crimes de viols et d'esclavage sexuel commis par des militaires sont jugés devant la Cour. Et ces crimes sont enfin poursuivis au sein de l'UPC / FPLC.
C'est très important pour mes clients car ces crimes n'étaient pas pris en compte dans le premier procès qui les concernait. (Thomas Lubanga, condamné par la CPI à quatorze ans de prison en 2012, ancien président de l'Union des patriotes congolais UPC, la branche politique du FPLC, ndlr).
Cette peine va aussi avoir un impact sur la procédure de réparation.
Quel est l'état d'esprit de vos clients après cette condamnation ?
Aussi longtemps après les crimes, c'est-à-dire plus de 16 ans après, c'est un pas supplémentaire dans leur reconstruction. Ils sont soulagés que Bosco Ntaganda soit enfin condamné.
Cette lourde condamnation leur redonne confiance. Le temps judiciaire est long et ne joue pas en faveur des victimes. Aujourd'hui, leurs enfants ont l'âge qu'ils avaient en entrant dans les rangs du FPLC. Qu'est-ce qu'on répare aussi longtemps après ?
Bosco Ntaganda entend faire appel, les victimes sont-elles inquiètes ?
Mes clients sont contents de cette peine mais il faut les préparer à l'appel de la condamnation. La peine ne restera peut-être pas la même et il faut attendre. Cela pourrait encore retarder la mise en oeuvre des réparations. D'où l'importance du suivi, de bien leur expliquer la situation.