Conférence internationale sur la Libye : la Tunisie boudée par Berlin

La Tunisie ne sera pas présente à la Conférence sur la Libye. Le pays partage pourtant une frontière de près de 500 km avec la Libye et abrite plus d'un million et demi de réfugiés libyens. Cette absence à Berlin choque une partie de la presse tunisienne. Devant le tollé, Berlin a fini par envoyé une invitation. Trop tard, selon Tunis. Revue de presse.
 
Image
kais
Le tout nouveau président tunisien n'a pas été convié à la Conférence internationale de Berlin sur la Libye
AP/Hassene Dridi
Partager 4 minutes de lecture
C'est une absence qui ne passe pas. La Tunisie n'a pas été invitée temps à participer à la conférence internationale sur l'avenir politique de la Libye. L'ambassadeur tunisien en Allemagne, Ahmed Chafra, sur les écrans de la Deutsche Welle, n'a pas caché sa consternation. Son pays est en effet" l'un des plus touchés par la crise libyenne".


Relire : Tunisie : mots et maux de réfugiés libyens

Plus d'un million et demi de réfugiés libyens ont trouvé asile dans ce pays de 10 millions d'habitants. Le pays est menacé directement par un emballement du conflit. Un plan d'urgence coordonné par l'ONU serait déclenché si plus de 300 personnes par jour arrivaient dans le pays. Il envisage de contruire un nouveau camp de réfugiés capable d'abriter plus de 25 000 personnes.

Plus d'un million et demi de réfugiés libyens en Tunisie

Relire : pourquoi un mur de sable entre la Tunisie et la Libye ?

Ces dernières années, les gouvernements successifs ont multiplié les mesures sécuritaires le long de la frontière. En 2015, les autorités tunisiennes ont lancé la construction d'un mur sur 170 kilomètres de frontières, lieu de passage des djihadistes. Un remblai naturel est renforcé par une tranchée, dans laquelle coule une eau salée.
la presse
"Pourquoi le Congo-Brazzaville et non la Tunisie ?" s'interroge le quotidien francophone La Presse.
Capture d'écran du site
Dans ce contexte sécuritaire compliqué, les médias tunisiens ne cachent pas leurs incompréhension.
"La République du  Congo (Congo-Brazzaville) prendra part au congrès de Berlin pour la Libye… Et pas la Tunisie !",
s’indigne "Tunisie numérique".
"La Tunisie qui sera la première concernée par la guerre aux portes de ses frontières et qui sera appelée à gérer cette situation et ses retombées", ajoute le site en ligne francophone. La tonalité est la même chez le principal quotidien francophone "La Presse". "Pourquoi le Congo-Brazzaville et non la Tunisie ?" s'interroge stupéfait le titre. Le quotidien "Essahafa", estime que la Tunisie est devenu un "état paria ".
le temps
Le quotidien francophone "Le Temps" titre sur la non invitation de Berlin à la Conférence internationale sur la Libye
Comment expliquer cette absence ? L'ambassadeur d'Allemagne en Tunisie Andreas Reinicke justifie cette absence de la Tunisie à la Conférence de Berlin par la volonté de réunir "moins de pays à la table des négociations". Les Etats-Unis, la France, les Emirats arabes unis, la Turquie, le Royaume-Uni, l'Egypte, la République du Congo et l'Algérie seront présents à Berlin.

La plupart des médias pointe surtout les manquements de la diplomatie tunisienne.
"Si cette exclusion témoigne d’une chose, c’est bien de l’échec et la faillite de la diplomatie tunisienne, se désole ainsi le site francophone "Tunisie Numérique". L'inexpérience du nouveau président, Kaïs Saïed, est mis en avant. Le nouveau chef d'état tunisien n'arrive pas à endosser le rôle de médiateur d'un Denis Sassou Nguesso, le président de la République du Congo (Congo-Brazzaville), invité lui au sommet,  estime le quotidien francophone,"La Presse".

Les médias tunisiens rappellent que la chancelière Angela Merkel a invité  le président Kaïs Saïed en Allemagne pour une visite d'Etat. Le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas s'est rendu à Tunis.  "Mais malgré l’insistance de la partie tunisienne, Berlin n’a pas daigné inviter la Tunisie", regrette en effet le site "Tunis Webdo".

"Berlin n’a pas daigné inviter la Tunisie"

Cette non-invitation semble traduire, pour le quotidien "La Presse", le vrai poids politique et militaire de la Tunisie, celui d'un acteur mineur. Cette faiblesse est renforcée pour l'instant par l'absence de gouvernement légitime en Tunisie. Les députés tunisiens ont refusé leur confiance le 10 janvier dernier au gouvernement proposé par Habib Jemli, premier ministre choisi par le parti islamo-conservateur Ennahda.  "La non-invitation de la Tunisie à la Conférence de Berlin est le miroir de la stature de la Tunisie dans le concert de la diplomatie internationale? Les Allemands ont-ils voulu épargner à la diplomatie tunisienne de faire de la figuration lors de ce sommet berlinois? ", se demande "La Presse".

Finalement Berlin a fini par formuler une invitation au président tunisien, Kaïs Saïed, la veille du sommet, ce samedi 18 décembre. Trop tard pour Tunis. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères tunisien, "au vu du retard de l'invitation et de l'absence de participation de la Tunisie aux préparatifs de la conférence", le pays ne participera pas au sommet international, organisé sous l'égide de l'ONU