Fil d'Ariane
Beaucoup d'États ont eu recours à ce dispositif qui permet de gouverner par décrets ou simples mesures administratives, avec rapidité donc, pour faire face à un péril.
C'est la voie dans laquelle se sont engagés le Sénégal, le Kenya et la Côte d'Ivoire, mais encore la Guinée ou encore le Niger. Il permet d'adopter des mesures réduisant, temporairement, les libertés individuelles. Par exemple, les couvre-feux interdisant circulation ou commerce de nuit.
Face à la propagation du coronavirus, le gouvernement éthiopien a annoncé ce mercredi 8 avril, l'instauration de l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire. Les élections générales, prévues initialement fin août, sont reportées. Les écoles et les universités sont fermées et les employés des secteurs non-essentiels sont invités à rester confinés chez eux.
Dakar ou Niamey sont aujourd'hui sous couvre-feu. Ou encore Abidjan et Bouaké en Côte d'Ivoire. Des mesures semblables ont été décidées notamment en Mauritanie, en Egypte et au Gabon.
La Guinée a décidé pour sa part de la fermeture des restaurants, bars, écoles, universités, églises et mosquées pour deux semaines. "Il y a six ans, avec courage et responsabilité, nous avons remporté la guerre face au virus Ebola", a rappelé son gouvernement. "Aujourd’hui, ce sont ces mêmes efforts qui nous attendent".
Réclamé par plusieurs personnalités politiques ainsi que par la société civile ces derniers jours, l’état d’urgence a été décrété en République démocratique du Congo mardi 24 mars par le président Félix Tshisekedi.
Au cours de son allocution télévisée, le président congolais a également annoncé « l’interdiction de tous les voyages de Kinshasa vers les provinces, et des provinces vers Kinshasa, afin de permettre le confinement de la ville, foyer de la pandémie". Mais le confinement de la capitale, annoncé pour vendredi 27 mars à minuit a finalement été annulé.
L’état d'urgence permet, si nécessaire, le recours à la force publique. Ainsi le Maroc a déployé les forces de l'ordre et même l'armée pour contrôler les déplacements dérogatoires. Une partie des fidèles protestaient contre la fermeture des mosquées.
Dans le royaume, les aéroports sont fermés, les transports en commun réduits et les déplacements inter-urbains étroitement surveillés.
C'est la mesure la plus radicale qui oblige les citoyens, sauf autorisation spéciale, à "rester chez eux" toute la journée. Dans la plupart de cas, il est tout de même possible de sortir pour acheter des produits de première nécessité ou se soigner. C'est le choix de plusieurs pays d'Europe et c'est le choix aussi de l'Afrique du Sud depuis vendredi 27 mars à 00h00 locales.
Face à la progression exponentielle de la maladie, le président Cyril Ramaphosa a imposé le confinement à ses 57 millions de concitoyens pendant trois semaines, afin, a-t-il justifié, "de prévenir une catastrophe humaine aux proportions énormes". L'ordre est diversement respecté et la police doit souvent intervenir.
Outre l'Afrique du Sud, seuls la Tunisie, le Rwanda et l'île Maurice se sont jusque-là engagés sur cette voie radicale.
Deux régions du Ghana devraient s'ajouter à la liste en début de semaine.
La République du Congo-Brazzaville s'est jointe au mouvement. Le président Denis Sassou Nguesso a annoncé samedi 28 mars le confinement des habitants de son pays, un couvre-feu nocturne et l'instauration d'un "état d'urgence sanitaire" face aux risques de propagation du coronavirus. Ces mesures sont valables 30 jours à compter du mardi 31 mars
Le confinement peut être aussi partiel : ainsi il touche les deux plus grandes villes de Madagascar.
Dans le cas de l'Algérie, la ville de Blida, à l'ouest d'Alger, est confinée. La capitale, Alger, est placée sous couvre-feu.
Au Nigeria, le président nigérian, Muhammadu Buhari, a ordonné dimanche 29 mars un confinement total des populations d'Abuja, la capitale fédérale et Lagos, mégalopole tentaculaire de 20 millions d'habitants.
Cette mesure doit prendre effet lundi 30 mars à partir de 23h00 pour une période initiale de 14 jours, "Nous savons que ces mesures vont causer beaucoup de difficultés (...) mais c'est une question de vie ou de mort", a expliqué l'ancien général de 77 ans.
Alors que les cas officiels d'infection au Covid-19 frôlent la centaine, les autorités de Lagos et de la capitale Abuja s'étaient contentées "d'inviter" les habitants à rester chez eux, conscientes des difficultés à faire respecter de strictes mesures de confinement.
Huit villes du Burkina Faso, dont la capitale Ouagadougou, ont été placées "sous quarantaine" à partir de vendredi 27 mars, pour freiner la propagation du coronavirus très actif dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
"La mise en quarantaine signifie que personne ne rentre, personne ne sort des villes concernées", a expliqué le ministre de la communication Remis Fulgance Dandjinou, précisant que cette mesure s'étendra sur une durée de deux semaines.
"Le gouvernement a décidé de la mise sous quarantaine de toutes les villes ayant enregistré un cas confirmés de Covid-19", a-t-il précisé.
La quarantaine pour huit villes s'ajoute à d'autres mesures restrictives: couvre-feu sur l'ensemble du territoire national de 19h à 5h, suspension des transports interurbains et fermeture des gros marchés et marchés à bétail.
En Côte d'Ivoire, qui a identifié un premier mort du au Covid-19, l'isolement de capitale économique Abidjan (5 millions d'habitants) du reste du pays initialement prévu jeudi est entré en vigueur dimanche 29 mars à minuit. Les déplacements du grand Abidjan vers le reste du pays sont interdits, sauf dérogations.
D'autres pays appellent leur population à rester à la maison et à prendre des précautions, sans toutefois prendre de mesures coercitives comme l'Ouganda, ou le Bénin.
Le pays ne dispose pas des "moyens des pays riches" pour prendre des mesures de confinement strictes a expliqué dimanche 29 mars son président, Patrice Talon.
"Si nous prenons des mesures qui affament tout le monde, elles finiront très vite par être bravées et bafouées", a-t-il ajouté. Néanmoins, huit grandes zones urbaines, dont Cotonou la capitale économique, seront entourées d'un "cordon sanitaire" et les transports en commun suspendus dans ces localités à partir du 30 mars.
Les Maliens ont connu un autre cas de force majeure. Dans leur pays, les élections législatives ont été maintenus dimanche 29 mars, malgré l'épidémie et la proclamation de l'état d'urgence sanitaire. Après deux reports, les autorités n'ont pas voulu remettre en cause ce rendez-vous électoral important.
Pourtant avec l'interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, les candidats n'ont pas pu tenir de meeting. Et avant le scrutin, beaucoup d'électeurs potentiels déclaraient craindre pour leur santé en se rendant aux bureaux de vote.