Le Cameroun dément avoir confié à quelque pays que ce soit le rôle de médiateur dans le conflit qui ravage l'Ouest anglophone. La ministre des affaires étrangères du Canada Mélanie Joly avait annoncé le 20 janvier organiser des pourparlers entre Yaoundé et les rebelles séparatistes.
Mélanie Joly avait déclaré le 20 janvier que
"le Canada a accepté de jouer un rôle de facilitateur dans ce processus".
"L'accord visant à amorcer un processus formel constitue un premier pas essentiel vers la paix et vers un avenir plus sûr, plus inclusif et plus prospère pour les civils touchés par le conflit." avait déclaré la ministre vendredi 20 janvier.
Ottawa a rétorqué dans la journée qu'il maintenait son annonce, répétant même que des rencontres entre les parties,
"incluant des représentants du gouvernement du Cameroun", s'étaient déjà tenues au Canada.
Une information démentie par le gouvernement camerounais.
"Faisant suite aux récentes informations diffusées par certains médias, le gouvernement informe (...) qu'il n'a confié à aucun pays ou entité extérieurs, un quelconque rôle de médiateur ou de facilitateur", affirme dans un communiqué rendu public dans la nuit du 23 au 24 janvier René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement de ce pays d'Afrique centrale.
(RE)lire : Cameroun anglophone : vingt-quatre civils ont été tués et une soixantaine blessés dimanche 29 maiLe 20 janvier, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, avait annoncé que son pays abritait un
"processus de paix" en cours entre
"la République du Cameroun", deux
"gouvernements" autoproclamés et concurrents de l'
"Ambazonie" -nom donné par les indépendantistes aux régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest - peuplées par la minorité anglophone, ainsi que trois mouvements rebelles armés.
Des médias canadiens assuraient, pour certains, que trois rencontres
"secrètes" avaient déjà eu lieu, deux au Québec et une à Toronto, et, pour d'autres, que la médiation du Canada avait été
"sollicitée" par le gouvernement camerounais.
"Nous sommes en contact avec les parties et notre déclaration tient", a réagi le porte-parole de la ministre Joly, Adrien Blanchard, à propos du démenti de Yaoundé.
"Trois rencontres ont pris place au Canada entre les divers partis, incluant des représentants du gouvernement du Cameroun", a-t-il insisté.
"Il appartient d'abord au peuple camerounais, aux institutions et aux dirigeants qu'il s'est librement donnés, de rechercher les voies et moyens appropriés pour la résolution des problèmes auxquels notre pays est confronté", lit-on encore dans le communiqué du ministère de la Communication du Cameroun.
Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun, peuplés principalement par la minorité anglophone de ce pays majoritairement francophone, sont le théâtre depuis fin 2016 d'un conflit meurtrier.
(RE)voir : Cameroun : un sénateur tué dans l'ouest anglophone séparatiste
Ce conflit oppose des groupes armés réclamant l'indépendance aux forces de sécurité massivement déployées par un président Paul Biya au pouvoir depuis plus de 40 ans et qui se montre intraitable, même à l'égard des plus modérés réclamant une solution fédérale.
Il a fait plus de 6.000 morts et forcé plus d'un million de personnes à se déplacer, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
(RE)lire : Crise anglophone au Cameroun : Danielle Eyango, une écrivaine francophone à Kumba un an après le massacreLes deux camps sont régulièrement accusés par les ONG internationales et l'ONU de crimes et atrocités contre les civils, principales victimes de cette guerre.