Fil d'Ariane
Des opposants tabassés, la tête d'un ancien général mise à prix, des agents secrets retraités au rôle trouble... la vie de la diaspora congolaise en France a des airs de roman d'espionnage.
Dernier épisode en date, une tentative d'assassinat contre Ferdinand Mbaou, fomentée par d'anciens agents de la DGSE, les services secrets français.
Aujourd'hui réfugié en France, ce général est devenu un farouche opposant au président congolais Denis Sassou-Nguesso, depuis son retour au pouvoir en 1997.
En 2015 déjà, il échappe à une première tentative d'assassinat devant son domicile en région parisienne. Il s'en sortira indemne mais gardera une balle logée dans le dos. La plainte, elle... vient d'être classée sans suite.
"J'ai eu de la chance, mais la chance que j'ai eue, tout le monde ne l'a pas." indique cet ancien général et chef de la garde présidentielle de Pascal Lissouba. Et d'ajouter. "Nous avons peur et oui, nous nous sentons menacés partout... même ici en France."
Cet autre opposant est passé à tabac en mai 2017 alors qu'il se rend à une manifestation contre la visite de Denis Sassou-Nguesso à Paris. Il se fait frapper par un partisan du régime encouragé par des membres de la garde présidentielle, qui filment la scène et postent la vidéo sur internet.
"C'est la plainte que j'avais déposée contre la garde rapprochée de M. Sassou Nguesso." rappelle Roland-Lévy Nitou. C'est le président de l'association "Amicale des Indignés 242". Il vit en France puis 1993.
Sur internet, Roland-Lévy Nitou dénonce les luxueuses propriétés détenues en France par le président Sassou et son entourage, comme cette villa sur les hauteurs de Nice dans le sud de la France. Des révélations explosives pour le pouvoir, dans un pays où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Pour l'activiste, la France ne protège pas assez la diaspora congolaise.
"On ne peut pas accepter que la violence... C'est inadmissible que moi je me fasse agresser en plein jour, en plein Paris." peste Roland-Lévy Nitou. "On arrête ses gardes rapprochés, et jusqu'à présent ma plainte n'avance pas, ça montre qu'il y a un problème."
Face à la menace, la diaspora congolaise tente de s'organiser.
Raphaël Goma dirige une organisation d'opposants. Ce franco-congolais n'a pas remis les pieds à Brazzaville depuis 2005.
Il ne se déplace jamais seul depuis qu'il affirme qu'une voiture a tenté de le renverser. Il accuse les autorités françaises de complaisance vis-à-vis de certains dirigeants africains.
"La Françafrique c'est pas terminé, tant que la France aura besoin des intérêts en Afrique, notamment le pétrole, l'uranium, et que sais-je encore...? Le président du Conseil de la diaspora congolaise pour la restauration de la démocratie (Codicord) enfonce le clou. La France continuera toujours à manipuler ces dirigeants-là, parce qu'ils préfèrent des gens qui sont là pour servir les intérêts français."
Les autorités congolaises ont pour l'heure démenti toutes les accusations portées à leur encontre.