COP 21 : CREWS, le système de prévention des catastrophes du climat

Le 2 décembre dernier, CREWS ou systèmes d’alertes précoce aux catastrophes du climat a été lancé. Il doit permettre aux pays les plus vulnérables de bénéficier d’une aide pour améliorer la prévention des épisodes climatiques dangereux. Madagascar est l'un des premiers pays bénéficiaire. 
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Inondations Inde
Sur cette photo du 5 décembre 2015, un soldat indien distribue du matériel de secours à des habitants victimes des inondations dans le Chennai, en Inde. 
© (R. Senthil Kumar/Press Trust of India via AP)
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« Les ¾ des pays vulnérables aux catastrophes n’ont pas de système météorologique fiable », a déclaré Annick Girardin, secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie, lors de la Journée de l’action ("Action Day") qui a eu lieu au Bourget, samedi 5 décembre. Cela signifie que de nombreux pays, notamment en Afrique et en Asie, sont incapables de prévenir efficacement les catastrophes naturelles. 

Pourtant, celles-ci sont de plus en plus fréquentes. En 2010, 2011 puis 2012, le Niger et le Tchad ont connu des périodes de sécheresse extrême, l’Inde et le Pakistan ont dû faire face des canicules insupportables durant l’été 2015, le Vanuatu a dû affronter des cyclones en mars dernier, etc…  En 10 ans, ces épisodes climatiques ont fait 700 000 morts, touché 2 milliards de personnes et coûté 1 400 milliards d’euros. 

C’est donc pour pallier le manque de moyens des pays les moins avancés et des petits Etats insulaires en développement que le Climate RiskEarly Warning System (CREWS) a été créé. 

Le programme va financer des installations « comme des stations météo et des radars pour améliorer la prévisions les risques et former des professionnels ». Le fonctionnement est simple : dès qu’une menace est identifiée, une alerte est donnée et la population est informée (par sms par exemple) sur la manière de se protéger. Les initiateurs du programme souhaitent que « d’ici 2020, un milliard de personnes supplémentaires soient prévenues des cyclones, etc… », a affirmé Annick Girardin au Bourget. Cela réduirait considérablement le nombre de victimes mais aussi les coûts liés aux conséquences des catastrophes naturelles. 
 

Madagascar, pays vulnérable 

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Hery Rakotondravony, directeur du Bureau national de coordination des changements climatiques de Madagascar. © Laura Mousset

« Madagascar fait partie des pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles », assure Hery Rakotondravony, directeur du Bureau national de coordination des changements climatiques de Madagascar. « Il existe 600 000 sinistrés climatiques par an dans le pays, c’est-à-dire des personnes déplacées, décédées ou sans abri. 200 000 personnes sont victimes d'inondations, 300 000 sont affectés par la sécheresse alors qu’auparavant, cela était un cas endémique du sud de Madagascar ».

Selon Ralava Beboarimisa, ministre de l’Environnement, de l’Ecologie, de la mer et des forêts, CREWS représente donc une « opportunité majeure » pour le pays. Lors de la cérémonie de lancement du programme, le 2 décembre dernier, le ministre a déclaré qu'il souhaitait réduire de moitié le nombre de sinistrés climatiques d’ici 2025, avec la coordination du Bureau National de Coordination des Changements Climatiques du Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie, de la Mer et des Forêts.

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Capture d'écran d'une vidéo du gouvernement français.

La France, initiatrice du programme 

Lors de la conférence de Sendai sur la prévention des risques, au Japon, en mars dernier, c’est Laurent Fabius qui avait proposé ce projet de CREWS. Il a finalement vu le jour grâce à un partenariat entre l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR) et la Banque mondiale (GFDRR). 

Le programme possède six partenaires financiers dont la France qui participera à hauteur de 10 millions d’euros entre 2016 et 2017 au financement du fonds fiduciaire du CREWS. L’Allemagne doit donner 3 millions d’euros en 2015. L’Australie quant à elle a promis de contribuer à hauteur 3 millions d’euros. Le Canada a prévu d’accorder une contribution de 10 millions de dollars par l’intermédiaire de l’OMM. Les Pays-Bas et le Luxembourg participent également à hauteur de 3 et un million d’euros. « Nous avons rassemblé 80 millions de dollars mais il manque 20 millions », a souligné Annick Girardin, en appelant d’autres pays à se mobiliser.