Coronavirus en Afrique : Emmanuel Macron plaide pour un moratoire sur la dette des pays africains

Le président français Emmanuel Macron plaidait pour un moratoire sur la dette des pays africains. "Une étape indispensable" pour aider l'Afrique à traverser la crise du coronavirus. C'est désormais chose faite : le G20 s'est mis d'accord pour suspendre pendant un an la dette de 76 pays pauvres. Retour sur les annonces du président Emmanuel Macron.
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Le président français Emmanuel Macron prend part à une visioconférence avec le Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus au palais de l'Élysée. Paris, France, 8 avril 2020.
© AP / Lucovic Martin
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Emmanuel Macron a invité les ministres des Finances des pays du G20, qui se réunissent mercredi en visio-conférence , à acter ce moratoire alors que la pandémie de Covid-19 menace de déborder les fragiles systèmes de santé des pays les plus pauvres.

Ce moratoire "est une première mondiale", a affirmé le président français,  dans un entretien à Radio France internationale (RFI) diffusé ce 15 avril. "Le temps de la crise, on laisse les économies africaines respirer et ne pas servir les intérêts de la dette. C'est une étape indispensable et je pense que c'est une formidable avancée".
 

32 milliards de dollars à rembourser en 2020

Emmanuel Macron rappelle que "chaque année, un tiers de ce que l'Afrique exporte sur le plan commercial sert à servir sa dette. C'est fou ! Et on a accru ce problème ces dernières années".

En 2020, les 76 pays les plus pauvres de la planète, dont quarante pays d'Afrique subsaharienne, doivent rembourser, tous les ans, un total de 32 milliards de dollars, selon les chiffres de la Banque mondiale.

Paris demande un moratoire au niveau des créanciers bilatéraux (d'État à l'État, à hauteur de 12 milliards de dollars) et privés (8 milliards de dollars), pour un total de vingt milliards de dollars. Les 12 milliards restants sont des créances que les pays africains doivent à la Banque mondiale.

"Nous devons absolument aider l'Afrique à renforcer ses capacités à répondre au choc sanitaire et nous devons a fortiori l'aider sur le plan économique", a insisté M. Macron.

Même si, jusqu'à présent, la pandémie semble moins toucher l'Afrique que le reste du monde, le président français a appelé à la prudence. "Je ne suis ni dans les catastrophistes, je ne veux pas non plus être dans les naïfs. Ce virus aujourd'hui, il touche tout le monde".

"J'ai beaucoup parlé avec mes partenaires africains pour qu'ils décident au maximum des confinements et qu'ils retardent l'épidémie : plus ils la retardent, plus les Européens sont en situation de leur apporter de l'aide, parce qu'on n'aura pas le pic épidémique au même moment", a continué Emmanuel Macron.

 

Plus qu'un moratoire, l'annulation de la dette


La France veut aller plus loin qu'un simple moratoire. Dans son discours télévisé du lundi 13 avril, le président français indiquait : "Nous devons aussi savoir aider nos voisins d'Afrique à lutter contre le coronavirus plus efficaceemnt, à les aider aussi sur le plan économique, en annulant massivement leur dette".

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Le pape François, dans son message pascal le 12 avril, avait également plaidé pour une annulation de la dette des pays les plus pauvres.

Coronavirus : le pape François demande l'annulation de la dette des pays pauvres

La Chine, principal créancier, favorable au moratoire


La Chine, qui est le plus gros créancier de l’Afrique, devrait accepter le moratoire sur la dette des pays africains. Elle détient quelque 40% des créances actuelles.

Les ministres des finances de l'Union africaine réclamaient un moratoire sur un peu plus de 44 milliards de dollars.

Le président du Sénégal, Macky Sall, avait demandé à ses "partenaires bilaléraux et multilatéraux d'accompagner la résilience du continent africain, en annulant sa dette", sur son compte Twitter le 25 mars dernier.

Traitement et vaccins contre le Covid-19

Le président français a également plaidé pour une mobilisation de toutes les institutions internationales et des fondations privées pour la mise au point rapide d'un traitement et d'un vaccin contre le Covid-19.

De cette façon, selon lui, "on se met en situation, le jour où on a un traitement, de le rendre accessible au continent africain en même temps qu'il sera accessible chez nous. Donc pas d'histoires de propriété intellectuelle, de délais, de sous: on se met en capacité de le faire. Pour le vaccin, pareil".