Fil d'Ariane
Ce n’était qu’une question de temps. L’Afrique subsaharienne compte désormais sa première victime du Covid-19, décédée au Burkina Faso mercredi 18 mars. Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé demande au continent africain de « se réveiller » et de « se préparer au pire », les gouvernements sénégalais, malien et ivoirien ont adopté de nouvelles mesures pour faire face à la pandémie.
"Le meilleur conseil à donner à l'Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd'hui", a déclaré mercredi 18 mars le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Si les pays africains semblent réagir en ordre dispersé, ils sont plusieurs à prendre des mesures plus drastiques pour tenter d’endiguer ce qu’a qualifié l’OMS d’«ennemi de l’humanité ».
Le Sénégal a suspendu mercredi 18 mars ses liaisons aériennes avec la France, l’Italie, et cinq autres pays d’Europe et d’Afrique du nord. Les voyageurs français sur place pourront rejoindre l’hexagone à bord de l’un des six avions affrétés exceptionnellement par Air France, entre jeudi et lundi. Le suspension de ces vols a été prolongé jusqu'au 31 mai.
Le président sénégalais a annoncé la fermetures des écoles, l’interdiction des manifestations publiques et l'annulation des festivités de l’Indépendance. Les confréries musulmanes ont suspendu tous les rassemblements prévus en mars.
Macky Sall a par ailleurs annoncé la création d’une « cellule nationale de crise et d’un fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 ». Il demande à ses ministres de mettre la main à la poche et les invite à « contribuer, chacun, à hauteur d’un million de francs CFA" (1.500 euros).
Au lundi 20 avril, le Sénégal a dénombré officiellement 377 cas de contamination, dont 235 guéris et 5 décédés. Par ailleurs, le port du masque est désormais obligatoire.
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Deux cas ont été décelés au Mali, depuis le 25 mars : il s'agit de deux Maliens rentrés de France mi-mars. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a suspendu depuis mercredi 18 mars ses vols commerciaux en provenance des pays touchés par le coronavirus. Les vols cargo ne sont pas concernés.
Tous les établissements scolaires sont fermés pour trois semaines. Discothèques, ateliers et séminaires professionnels sont interdits ainsi que les événements sportifs, culturels ou sociaux regroupant plus de 50 personnes.
Les autorités vont également entamer des "consultations" avec les responsables des différentes confessions présentes au Mali (Islam, Églises catholique et protestante notamment) "en ce qui concerne les rassemblements à caractère religieux", selon un communiqué de la présidence malienne.
Malgré le risque de propagation du virus, le Premier ministre Boubou Cissé précise que les élections législatives restent "à ce jour" maintenues, "pour des questions de survie de la nation et de continuité de l'État". Le premier tour et le second tour devraient se dérouler les 29 mars et 19 avril prochains. Ils avaient déjà été repoussés à différentes reprises, en raison notamment de la profonde crise sécuritaire que traverse le Mali depuis 2012.
Elles auront lieu "qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de cas" de coronavirus, a dit M. Cissé.
La Côte d'ivoire a fermé ses écoles pour 30 jours. La présidence a annoncé lundi 16 mars la fermeture des frontières, avec effet immédiat pour 15 jours, à tous les voyageurs non ivoiriens venant de pays ayant enregistré plus de 100 cas de coronavirus.
Les cultes et les cérémonies religieuses sont également suspendus et les mosquées fermées pour les 15 prochains jours. Les rassemblements de plus de 50 personnes sont désormais interdits pour une même durée.
Les Ivoiriens doivent désormais respecter une distance d'"au moins un mètre entre les personnes dans les grandes surfaces, restaurants, maquis (bars), entreprises, zones aéroportuaires et lieux publics ». On dénombre pour le moment 14 cas de contamination, tous à Abidjan.
Les autorités comptent ouvrir des centres pour les mises en quarantaine des cas suspects et ont décidé de réactiver les Comités départementaux de lutte contre les épidémies.
Dans un communiqué, le président ivoirien Alassane Ouattara "exhorte" les 26 millions d'habitants du pays "à la responsabilité et au strict respect des mesures de santé publique". Il "invite les autorités traditionnelles et chefs religieux" à s'impliquer dans le but "d’endiguer la propagation" du virus.