Coronavirus en RDC : le Dr Mukwege demande des tests en urgence dans le Sud-Kivu

Déjà confrontées à un climat d'insécurité, les régions frontalières de l'Est de la République démocratique du Congo sont particulièrement fragiles face à la pandémie. Samedi 9 mai, le médecin congolais Denis Mukwege a appelé à un "approvisionnement en urgence de tests" de coronavirus dans la province du Sud-Kivu (Centre-Est) où il coordonne la riposte contre cette épidémie. Mi-avril, le HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés) qui gère les camps de déplacés à Beni, mais aussi du Nord-Kivu et de l’Ubangi, avait déjà mis en garde sur les conséquences de la maladie sur les dizaines de milliers de déplacés.
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Mukwege
Le Dr Denis Mukwege prix Nobel de la paix (29 octobre 2018. Paris, lors d'une visite officielle au président de la République française Emmanuel Macron)
AP Photo/Michel Euler
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C'est au cours d'une conférence de presse conjointe avec le gouverneur de la province du Sud-Kivu Théo Ngwabidje que le Dr Mukwege a lancé cet appel : "nous demandons d'une manière solennelle un approvisionnement en urgence de tests avant le déclenchement de la courbe exponentielle épidémique. […] Ceci évitera de nombreux décès, une augmentation de la précarité de la population, une explosion des troubles sociaux et l'exacerbation de l'insécurité."

Pour l’instant, la province ne connait aucun cas de contamination, déclare le médecin. "Nous avons contenu la pandémie de coronavirus dans notre province", mais "il serait imprudent [...] de tomber dans un triomphalisme aveugle. La menace est présente et notre province reste vulnérable", a-t-il ajouté.

Le prix Nobel de la paix 2018, a salué "l'implication de tous dans cette lutte contre le coronavirus" dans cette région qui "ne compte aucun cas confirmé de coronavirus" actuellement. "Nous sommes fiers de vous, fiers de votre courage et de votre humanité", a-t-il dit, à l'adresse de la population de cette zone particulièrement troublée de l'Est congolais.

"Ne baissons pas la garde, restons vigilants", a-t-il insisté.

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La représentante du HCR pour la région, Dana Hugues, faisait part des mêmes craintes le mois dernier. Interrogée par Reuters (l'agence de presse britannique) le 20 avril, elle expliquait : "notre principale préoccupation est que pendant que nous sommes concentrés, avec raison, sur la prévention de la propagation du Covid-19, nous oublions de traiter d’autres crises tout aussi sérieuses."

La violence et l’insécurité qui règnent dans les régions de l’Est et du Nord du pays rendent encore plus difficile l’accès aux soins aux populations déplacées, explique-t-elle. " Les réfugiés vivent souvent dans des environnements très surpeuplés, ils vivent dans des régions souvent un peu éloignées, où l'accès aux soins de santé peut être limité, ils vivent également dans des environnements qui ont des installations sanitaires et d'eau restreints et donc tout cela ensemble les rend particulièrement vulnérables à la propagation de ce virus."

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Toujours selon le HCR, plus de 5 millions de personnes ont été déplacées à la suite de conflits dans la région. La RDC accueille par ailleurs plus d’un demi-million de réfugiés provenant des pays voisins.

L’agence onusienne a mis en place des mesures de prévention à l'entrée de chaque camp: des points de désinfection et de prise de température.