Fil d'Ariane
Pulchérie Gbalet a été "inculpée d'incitation à la révolte, appel à une insurrection, troubles à l'ordre public, violences et voies de faits", a déclaré maître Lambert Kouamé Béné, son avocat.
Son inculpation coïncide avec la décision des autorités ivoiriennes de "suspendre" les manifestations publiques en Côte d'Ivoire jusqu'au 15 septembre, à l'avant-veille d'une marche des femmes de l'opposition contre un troisième mandat du président Alassane Ouattara.
Pulchérie Gbalet, présidente d'Alternative citoyenne ivoirienne (ACI) - une organisation de la société civile proche de l'opposition-, a été arrêtée à Abidjan "en compagnie de deux de ses collaborateurs par des hommes encagoulés", a affirmé Samba David, responsable de l'ONG la Coalition des indignés de Côte d'Ivoire (CICI).
L'activiste ivoirienne est actuellement "détenue à Abidjan dans les locaux de l'Unité de lutte contre le grand banditisme (ULGB, une section de la police)" qui l'accuse "d'incitation à la révolte et d'appel à l'insurrection", a ajouté M. David, dénonçant "des accusations pré-fabriquées".
A l'appel de l'opposition et de la société civile dont ACI, les manifestations liées à l'annonce de la candidature de M. Ouattara et interdites par le pouvoir, ont dégénéré en violences pendant trois jours, faisant six morts et une centaine de blessés.
(Re)voir : Côte d'Ivoire, plusieurs morts dans des violences liées à la candidature de Ouattara
"68 personnes ont été interpellées pour troubles à l’ordre public, incitation à la révolte, violence sur les forces de l’ordre et destruction de biens d’autrui", au cours de ces manifestations, selon le bilan officiel.
Le président Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010 puis réélu en 2015, avait annoncé dans un premier temps en mars passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, décédé le 8 juillet d'un infarctus. Après sa mort, M. Ouattara a annoncé le 6 août qu'il briguerait finalement un troisième mandat. Il doit être investi candidat par son parti ce samedi 22 août.
La Constitution limite à deux les mandats présidentiels, mais opposition et pouvoir sont en désaccord sur l'interprétation de la réforme adoptée en 2016 : les partisans de Ouattara affirment qu'elle a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature.