Orphelin d'un leader depuis la mort en août de l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), principale formation d'opposition, élit samedi son nouveau président. Ses objectifs : rajeunir son image et reprendre le pouvoir en 2025.
Un peu plus de 6.200 congressistes vont choisir ce samedi entre deux candidats : le banquier international Tidjane Thiam et le maire de la commune abidjanaise de Cocody Jean-Marc Yacé (sur la photo).
Un peu plus de 6.200 congressistes vont choisir entre deux candidats: le banquier international Tidjane Thiam et le maire de la commune abidjanaise de Cocody Jean-Marc Yacé.
Fort du soutien d'une cinquantaine de députés sur les 63 que compte le parti à l'Assemblée nationale, M. Thiam fait figure de favori pour ce scrutin.
"Le moment est venu de faire le bon choix, d'insuffler une nouvelle dynamique à notre parti" a-t-il lancé samedi dernier en meeting à Yamoussoukro, insistant sur la nécessité de replacer le PDCI comme "acteur politique numéro 1".
Moins connu sur la scène internationale que l'ex-patron du Crédit Suisse, Jean-Marc Yacé a de son côté mené une campagne de terrain cette semaine, dans les fiefs du parti, dans le centre du pays.
"C'est le PDCI qui pendant 40 ans a mis les bases de ce pays. Nous avons une histoire, pas des moindres, et c'est ensemble, avec la sagesse de nos doyens et l'audace de notre jeunesse, que nous devons redonner ses lettres de noblesse à notre parti", a-t-il affirmé.
En élisant un président sexagénaire - Tidjane Thiam et Jean-Marc Yacé ont respectivement 61 et 62 ans, ce qui est considéré comme jeune pour exercer de hautes fonctions politiques en Côte d'Ivoire - le PDCI veut aussi se démarquer de l'image d'un parti de "vieux" qui lui colle à la peau.
Son ancien leader, Henri Konan Bédié, président de la Côte d'Ivoire de 1993 à 1999, est mort en août à 89 ans et n'excluait pas de se présenter à la présidentielle de 2025.
"La majorité des électeurs ivoiriens est jeune. Ils n'ont connu ni (le premier président) Houphouët ni Bédié au pouvoir, ils ont besoin de quelqu'un qui peut communiquer avec eux", pointe un dirigeant du parti.
Car cette élection est aussi l'occasion de préparer 2025.
L'ancien parti unique, celui du père de l'indépendance Félix Houphouët Boigny n'a plus accédé à la magistrature suprême depuis 1999. Un coup d'Etat avait alors chassé Henri Konan Bédié du pouvoir.
Un temps allié avec Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, le PDCI a repris sa place dans l'opposition en 2018 et a boycotté la dernière présidentielle.
Le président élu samedi sera-t-il le candidat du parti en 2025? Le débat n'est pas encore tranché.
Certaines figures comme Jean-Louis Billon ou Thierry Tanoh, qui n'ont pas candidaté pour la présidence du parti souhaitent séparer les deux processus et ont dénoncé une communication tardive et floue sur les candidatures retenues pour l'élection de samedi.
"Grande est notre déception de constater l'opacité du processus électoral. Quelle crédibilité et légitimité aura un président élu dans de telles conditions?", s'interrogent les deux hommes dans un communiqué.
"Il faut qu'il y ait le moins de casse possible. Au sortir des élections nous devons être unis pour se positionner pour 2025. Nous sommes à la croisée des chemins", espère un cadre du parti.
"Je ne pense pas que le parti implosera. Les cadres vont se mettre à la disposition du nouveau président. Mais il faudra redoubler d'efforts en termes de reconquête de militants pour pouvoir rivaliser avec le parti au pouvoir", estime l'analyste politique Geoffroy Kouao.
Le résultat du vote du congrès doit être connu tard samedi soir.