Fil d'Ariane
Charles Blé Goudé "tend la main au président Alassane Ouattara" pour travailler à la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire, a-t-il déclaré samedi 4 janvier 2020 dans une "Adresse aux Ivoiriens" rédigée à La Haye aux Pays-Bas. L'ex-chef des Jeunes patriotes, condamné par contumace à vingt ans de prison par la justice ivoirienne, annonce qu'il va "saisir" "la Cour africaine des droits de l’homme, la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour Pénale Internationale".
"Je reste focalisé sur l’objectif de la reconstruction de la paix", en Côte d'Ivoire. "Je tends toujours la main au président Alassane Ouattara", déclare M. Blé Goudé dans une "Adresse aux Ivoiriens" datée de La Haye aux Pays-Bas, après les messages de Nouvel An diffusés mardi par le chef de l'État et ses opposants Henri Konan Bédié et Guillaume Soro.
Tout en appelant au "dialogue" entre le pouvoir et l'opposition, M. Blé Goudé fustige "un régime qui crucifie le processus de réconciliation nationale sur l’autel de ses intérêts".
L'ex-chef de la rébellion ivoirienne des années 2000, et candidat à la présidentielle de 2020, est visé par un mandat d'arrêt international de la justice ivoirienne.
Guillaume Soro est accusé de "complot" et d'"insurrection civile et militaire" pour s'emparer du pouvoir. Actuellement en France, il promet "d'organiser la résistance" à Paris.
"La réconciliation n’est pas une option, mais une obligation", insiste M. Blé Goudé. "La météo politique (...) n’est pas rassurante pour l’année 2020, année électorale, année décisive, année sensible", ajoute-t-il.
A l'instar des principaux mouvements d'opposition ivoiriens, M. Blé Goudé appelle à "la mise en place d’une commission électorale véritablement indépendante", "d’un découpage électoral qui réponde aux standards internationaux", à "la révision du listing électoral" et à "la gratuité de la carte nationale d’identité".
Charles Blé Goudé avait annoncé en juin 2019 avoir des ambitions présidentielles à long terme, après le prochain scrutin d'octobre 2020.
La question de la réconciliation nationale reste centrale en Côte d'Ivoire, après la décennie de crise politico-militaire des années 2000 qui a culminé en 2010-2011 avec des violences post-électorales ayant fait 3.000 morts.
Fidèle de l'ex-président Laurent Gbgabo, Charles Blé Goudé a été l'un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d'Ivoire, selon ses détracteurs et des ONG internationales qui ont souvent qualifié de milice son mouvement des Jeunes patriotes.
Charles Blé Goudé a été condamné lundi 30 décembre 2019 par contumace à vingt ans de prison par la justice ivoirienne, alors qu'il est en liberté conditionnelle à La Haye après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI).
Il annonce qu'il va "saisir", sans préciser les motifs ni la nature exacts de ces saisines, "la Cour africaine des droits de l’homme, la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour Pénale Internationale".
Dans sa déclaration, il revient sur sa condamnation "expéditive en moins d’une journée de procès" par la justice ivoirienne.
"Est-il besoin de rappeler que pour ces mêmes faits relatifs à la période post-électorale, j’ai déjà été jugé et acquitté par la CPI, à l’issue de cinq années de procédure", note-t-il.
Ce "harcèlement judiciaire" n'a pour "seul but (que) de m’écarter du débat politique dans mon pays", estime-t-il.