Côte d'Ivoire : interpellations après les enlèvements d'enfants

Avec près de 1000 interpellations, l’Etat ivoirien tente d’enrayer une vague d’enlèvements et de meurtres d’enfants qui terrifient le pays depuis plusieurs semaines.
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Côte d'Ivoire militaires  Youssef Fofana
Des troupes militaires ivoiriennes devant la cour de justice en 2006 lors de l'extradition de Youssef Fofana.
AFP
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Les enlèvements de 25 enfants, suivis de meurtre et parfois de mutilations, ont semé la psychose en Côte d’Ivoire ces trois derniers mois. Depuis une semaine, le pouvoir ivoirien a mobilisé ses forces de l’ordre pour mettre fin à cette vague de terreur.

Résultat ? Depuis mercredi 28 janvier, près de mille personnes ont été interpellées "essentiellement des individus fréquentant les cybercafés et rôdant autour des écoles", a affirmé le ministre ivoirien de la Défense Paul Koffi Koffi.

Même si les autorités ivoiriennes n'ont pas encore établi de lien entre ces différents enlèvements, le ministre de la Défense a évoqué la piste de "cybercriminels" et d'une "filière de crimes rituels".

Depuis mercredi 28 janvier, "près de 550 cybercafés non autorisés ont été fermés par la gendarmerie nationale sur l'ensemble du territoire" entre le 28 et le 31 janvier, a ajouté Paul Koffi Koffi. Les autres doivent fermer leurs portes à 21H00.

L'Etat ivoirien a déployé 1 500 agents des forces de sécurité autour des zones à risque, comme les écoles ou les forêts, lieux qui semblent privilégier pour les enlèvements.  

Lors d'une conférence de presse, la ministre de la Solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant, Anne Ouloto a également appelé les parents à accompagner leurs enfants à l’école pour éviter toute tentative d’enlèvements. Un enfant enlevé à Youpougon aurait été retrouvé.

En déplacement, la ministre de l'Éducation Kandia Camara à une grande vigilance dans les établissements scolaires appelant chaque enseignant à réserver "5 minutes chaque jour à prodiguer des conseils à nos élèves" pour qu'"une fois partis de l'école", ils aillent "directement à leur domicile", selon les propos relayés par Jeune Afrique.


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Reportage de notre correspondant Ange-Hermann Gnanih26.01.2015 - Durée : 1'45

« Les brouteurs » 

Par ces récentes actions, le gouvernement a ainsi voulu apporter une réponse à la psychose qu’a soulevé cette vague d'assassinats dans le pays.  

Des alertes enlèvement très détaillées se sont multipliées par SMS ou sur les réseaux sociaux, où des appels au meurtre des "tueurs d'enfants" sont aussi diffusés. 

Le nombre de fausses alertes s’est accru ces derniers jours conduisant à plusieurs cas de lynchage. Le ministre de la Défense a appelé les populations à "garder leur sérénité". 

La population ivoirienne désigne, sans preuve, les "brouteurs", des délinquants spécialisés dans les escroqueries sur internet, comme les auteurs de ces crimes. 

"Ces criminels ignobles, nous allons tous les arrêter et les mettre en prison", avait affirmé vendredi 30 janvier la ministre de l'Education Kandia Camara, reprenant à son compte les accusations populaires.  

Les rumeurs les plus folles ont toujours circulé pendant les années d'élections en Côte d'Ivoire sur les disparitions de personnes, notamment les albinos, à des fins de sacrifices humains. 

La Côte d'Ivoire sort d'une décennie de crise politico-militaire dont les violences post-électorales de 2010-2011 ont constitué l'épilogue, faisant plus de 3 000 morts en cinq mois. Un scrutin présidentiel est prévu pour le mois d'octobre.