Laurent Gbagbo fixé sur son sort. La Cour pénale internationale vient d'acquitter Laurent Gbagbo, l'ancien chef d'Etat ivoirien, jugé pour crimes contre l'humanité. Une audience scrutée par les victimes des violences post-électorales de 2011.
Au quotidien, Jeanette Kouadio n'a pas le temps de s'apitoyer aux côtés de sa mère. Présidente des veuves victimes de la crise ivoirienne de 2011, elle peut témoigner de la détresse de nombreuses familles. Mais elle est surtout révoltée par la possible libération de l'ex-président Laurent Gbagbo par la Cour Pénale internationale.
"Ils font quoi pour nous les victimes, c'est ce que l'on veut savoir, ils font quoi la CPI pour nous les victimes." Jeannette Kouadio, présidente des veuves victimes de la crise postélectorale de 2011
Sans réparation 7 ans après, elle est inconsolable, depuis la mort de son mari et son frère jumeau, ainsi que sa belle-soeur, qui laissent 17 enfants derrière eux.
Aujourd'hui, Jeanette Kouadio va rejoindre ceux qui partagent son sort. Des victimes et leurs familles rassemblées pour un sit-in devant le Conseil national des droits de l'homme. Tous se sentent trahis par la CPI à La Haye, à la veille d'une audience sur une demande de libération provisoire et d'acquittement de Laurent Gbagbo et son ex-ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé.
"Nous avons le sentiment que nous sommes trahis par cette institution internationale de justice alors il est l'heure pour nous d'entrer en action pour démontrer que nous existons bel et bien, et que la Cour pénale internationale a été mise en place pour trvailler, punir les auteurs des crimes, offrir la vérité aux victimes, offrir réparations aux victimes et garantir la non répétition de crimes de masse en Côte d'Ivoire. " Issiaka Diaby| président du collectif des victimes en Côte d'ivoire - CVCI
Aux côtés du président du Collectif des victimes, Diarra Ibrahima se veut un partisan de la réconciliation. Paralysé par une balle reçue dans la colonne vertébrale, il prône pour sa part le pardon, mais attend un soutien matériel. "J'ai déjà pardonné. Mon problème aujourd'hui c'est d'avoir quelque chose de l'Etat de Côte d'Ivoire pour m'occuper de moi et ma famille c'est tout." Diarra Ibrahima| victime de la crise de 2011
Ils sont des centaines de personnes à avoir répondu présents à l'appel du Collectif des victimes, qui a été reçu par le CNDH. Mais la manifestation, non autorisée, a très vite été étouffée par la présence des forces de police.