Côte d'Ivoire : le camp du Non à la Constitution Ouattara tente de mobiliser

Une manifestation organisée par l'opposition a été violemment dispersée ce jeudi à Abidjan. Plusieurs opposants ont été interpellés. Cette marche entendait protester contre la nouvelle Constitution voulue par le président Ouattara, qui sera soumise à un référendum le 30 octobre.
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Alassane Ouattara, pendant sa prestation de serment le 5 novembre 2015, Abidjan (Côte d'Ivoire).
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Tirs de rafales en l'air, gaz lacrymogènes... Les manifestants du camp du Non à la nouvelle Constitution n'étaient pas les bienvenus ce jeudi matin dans la capitale ivoirienne, comme le rapporte le correspondant à Abidjan, du site Africanews.
 
Un important dispositif policier anti-émeutes attendait les opposants, une centaine de personnes, du "Front du Refus" qui avait appelé à manifester à un carrefour important à l'entrée du Plateau, le quartier des affaires d'Abidjan, confirme l'AFP.
 
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"Non à la Monarchie Ouattara", pouvait-on lire sur un panneau brandi par un des opposants qui réclament le "retrait pur  et simple" du projet de Constitution, qu'ils qualifient de "funeste et dangereuse", accusant le président Alassane Ouattara de proposer un "projet de désaccord et de rupture sociale".

Après avoir prévenu les opposants que la manifestation n'était pas autorisée, les policiers ont tiré des gaz lacrymogène et ont interpellé plusieurs leaders et élus lors d'une empoignade qui a duré plusieurs minutes.

Parmi les personnes arrêtées: Aboudramane Sangaré, un "frondeur" du Front populaire ivoirien (FPI - opposition, créé par l'ancien président Laurent Gbagbo), Mamadou Koulibaly, ancien président de l'Assemblée nationale et chef d'un parti d'opposition, Danielle Boni Claverie, une ancienne ministre, Konan Kouadio Siméon, ancien candidat à la présidentielle, et Gnamgbo Kacou, un député indépendant, a constaté l'AFP.

"Voilà la démocratie de Ouattara", a lancé à la presse Mamadou Koulibaly, après avoir été embarqué dans un véhicule de la police.
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Vendredi dernier, une autre coalition de l'opposition avait annoncé qu'elle boycotterait le référendum sur la nouvelle Constitution, un projet "rétrograde, démagogique et monarchique".  

"Nous sommes dans la voie du boycottage", a lancé au nom de l'Alliance des forces démocratiques de Côte d'Ivoire (AFD-CI) Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), fondé par l'ancien président Gbagbo. Le FPI tendance Aboudrahamane Sangaré, l'aile dure du parti, qui est en rupture avec la présidence du FPI, avait déjà appelé au boycottage.

En finir avec "l'ivoirité"


Selon Alassane Ouattara, le projet permettra d'en finir avec le problème de "l'ivoirité" en clarifiant notamment les conditions d'éligibilité à la présidence de la République. En lieu et place de l'article 35, un article 55 fixe les conditions d'accès à la candidature pour l'élection présidentielle, comme l'expliquent nos confrères de RFI. L’âge plafond disparaît, on peut se présenter au-delà des 75 ans fixés précédemment et l'âge minimum requis est désormais de 35 ans. Selon ces nouvelles dispositions, le candidat ivoirien ne doit plus être de père et de mère ivoirienne, mais il doit être « exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d'origine ». 

En outre, il prévoit la création d'un poste de vice-président, élu en même temps que le président, et d'un Sénat, dont un tiers des membres sont nommés par le président. Il prévoit aussi l'institutionnalisation de la chambre des rois et chefs traditionnels et une extension des compétences du Conseil économique et social.

Le président Ouattara a été réélu fin 2015 pour un deuxième et ultime quinquennat. Le FPI avait boycotté les législatives de 2011 et Pascal Nguessan avait participé à cette présidentielle remportée dès le premier tour par le président sortant et boycottée par une partie de l'opposition.

La Côte d'Ivoire a connu une décennie de crise politico-militaire, marquée par une partition entre le Nord aux mains de la rébellion et le Sud contrôlé par le camp Gbagbo.

Cette période troublée a culminé avec la crise post-électorale de 2010-2011, provoquée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.