Fil d'Ariane
Lors d'une cérémonie très sobre, les deux présidents ont dévoilé une stèle "A la mémoire du citoyen américain et des neuf militaires français morts dans l'accomplissement de leur devoir" et déposé des gerbes aux couleurs ivoiriennes et françaises. Ils ont ensuite observé une minute silence. Cet acte doit "oeuvrer à l'essentiel travail de réconciliation dont la République de Côte d'Ivoire a tant besoin et qui est le chemin sur lequel elle avance", avait dit Emmanuel. Macron la veille.
Le 6 novembre 2004, deux avions de l'armée de l'air ivoirienne, pilotés par des mercenaires biélorusses et assistés de copilotes ivoiriens, effectuaient un bombardement sur la base française, située dans le lycée de la ville, faisant neuf morts et 38 blessés parmi les soldats français et un civil américain membre d'une ONG. Cette attaque comporte encore de nombreuses zones d'ombre.
Cette visite à Bouaké est donc chargée symboliquement. Deuxième ville du pays, Bouaké la rebelle a gagné ses galons en devenant, entre 2002 et 2010, «la capitale» des Forces nouvelles (FN), le groupe armé qui s’était soulevé contre le pouvoir du chef d’État d’alors, Laurent Gbagbo. Les forces françaises dans le cadre de l'opération "Licorne" étaient présentes dans le pays pour s'interposer entre les deux camps.
La mémoire franco-ivoirenne sur le conflit reste vive car le souvenir du bombardement de la base de Bouaké résonne pour de nombreux Ivoiriens avec celui de la fusillade autour de l'hôtel Ivoire à Abidjan. En effet, les soldats français répliquent rapidement après l'attaque du 6 novembre 2004 et détruisent les avions des forces aériennes ivoiriennes.
Des manifestants, dans la capitale ivoirienne, réclament alors la fin de la présence française en Côte d'ivoire. Trois jours après la mort des soldats français à Bouaké, le 9 novembre 2004, les forces françaises de l'opération Licorne tiraient sur des manifestants ivoiriens, non loin de l'hôtel Ivoire à Abidjan. Abidjan dresse un bilan de 63 morts. Les victimes des tirs de l'armée française réclament toujours justice.