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©TV5MONDE / Commentaire : M. Roubeaud - Montage : P. Didier
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Côte d'Ivoire: l'ex-ministre Hubert Oulaye condamné à 20 ans de prison

L'ex-ministre ivoirien Hubert Oulaye a été condamné mardi 26 décembre 2017 à vingt ans de prison pour complicité d'assassinat de dix-huit personnes, dont sept soldats de l'ONU, par la cour d'assises d'Abidjan, dont le verdict a été accueilli dans un silence de mort. 
Dans cette affaire, M. Oulaye a fait deux ans de détention préventive (mai 2015-juin 2017). Il avait été arrêté six mois après son retour d'exil du Ghana, et quelques jours seulement après avoir participé à une réunion de "frondeurs" du FPI. 

Après le verdict de mardi, M. Oulaye a pu regagner son domicile alors que ses avocats promettent un pourvoi en cassation. "C'est une condamnation sans preuve. C'est une condamnation politique", a-t-il réagi.
 
Hubert Oulaye
©Creative Commons











Un dossier vide selons les partisans d'Oulaye

"J'ai honte de la justice ivoirienne. Le dossier est vide", a lancé Rodrigue Dadjé, un des défenseurs du ministre. Pour lui la cour aurait dû prononcer "un arrêt de non-lieu pur et simple. Cette condamnation à vingt ans est une décision politique. Elle est plus faite pour mettre Hubert Oulaye hors d'état de nuire sur le plan politique afin qu'il ne gène pas...".

"Pour une démocratie comme la nôtre qui veut sortir de la crise post-électorale de 2011, on est en train de créer un précédent extrêmement grave: ceux qui viendront après ce pouvoir vont vouloir faire la même chose en se vengeant. Et on va être dans un cycle infernal de vengeance. On a besoin d'une justice équitable et transparente, pas celle qui rend des condamnations à 20 ans sans élément de preuve", a-t-il conclu.

Un complice dangereux, selon l'avocate générale

L'avocate générale, Mireille Kouassi, avait requis la réclusion à vie pour les deux accusés, Hubert Oulaye, 64 ans, ministre de la Fonction publique de l'ex-président Laurent Gbagbo dans les années 2000, et Maurice Djire, 37 ans, dans le cadre de la mort de 18 personnes lors d'une attaque dans l'ouest de la Côte d'Ivoire en juin 2012.

Elle assure que "de manière évidente, Hubert Oulaye a fourni les moyens financiers en vue de l'installation d'une rébellion dans l'Ouest", estimant que "le complice est parfois plus dangereux que l'auteur""Il ne s'agit pas d'un procès politique (...) juste parce qu'il y a un homme politique (dans le box)! Tenons-nous aux faits. Laissons la politique aux politiciens", a-t-elle dit.

Auparavant, Diomande Vafoungbe, l'avocat de l'Etat ivoirien, partie civile, avait évoqué le contexte de la crise post-électorale qui a fait 3.000 morts après le refus de l'ancien président Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale. "A l'époque, les Libériens disaient: +No Gbagbo, No peace+ (Pas de Gbagbo, pas de paix)," a précisé l'avocat indiquant qu'il y avait des "liens" entre le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Gbagbo, et les mercenaires libériens. 

Une justice de vainqueurs contre les pro-Gbagbo?

Ces "frondeurs" se présentent comme les "gardiens du temple" et boycottent tout scrutin, s'opposant au courant dirigé par Pascal Affi N'Guessan, l'actuel président du parti, qui se présente aux élections et semble vouloir tourner la page Gbagbo, actuellement jugé par la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité" présumés lors de la crise post-électorale de 2010-2011. 

Lors des procès concernant la crise politico-militaire, qui a déchiré la Côte d'Ivoire de 2002 à 2011, la défense a souvent dénoncé une "justice des vainqueurs".