Fil d'Ariane
Des "éléments en possession des services de renseignement" établissent "clairement que le projet devait être mis en oeuvre incessamment", a affirmé le procureur Richard Adou, sans donner davantage de détails.
L'ex-président de l'Assemblée nationale ivoirienne est également visé par une information judiciaire pour "détournement de deniers publics, recel et blanchiment de capitaux portant sur la somme de 1,5 milliard de francs CFA" (environ 2,25 millions d'euros), a déclaré le procureur.
Attendu à 13 heures (heure locale et GMT) à l'aéroport d'Abidjan, Guillaume Soro a finalement atterri à Accra "contre sa volonté" peu après 15H00, a déclaré son bras droit Alain Lobognon.
Le candidat à la présidentielle de 2020 a été "empêché de rentrer dans son pays", où il devait "prendre sa place dans le processus électoral", a dit M. Lobognon.
Selon une source proche de la présidence ivoirienne, c'est à la demande de Guillaume Soro que son avion s'est dérouté sur Accra pour éviter une "arrestation à l'arrivée".
Présentes en nombre à l'aéroport d'Abidjan, les forces de l'ordre ont également encerclé le siège du parti de Guillaume Soro, Générations et Peuples solidaires (GPS), dans une maison du quartier chic de Cocody jouxtant l'ambassade américaine.
Elles ont aussi tiré des gaz lacrymogènes sur les partisans de Guillaume Soro, selon des journalistes de l'AFP.
A Abidjan, les forces de l'ordre sont violemment intervenues au siège de ce parti, où le porte-parole du mouvement, le député Alain Lobognon, venait de tenir une conférence de presse, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Ses partisans s'étant repliés à l'intérieur de la résidence, des hommes armés, cagoulés, certains en civil, d'autres en treillis, ont forcé les portes du bâtiment et contraint tous les occupants à en sortir.
Les forces de l'ordre ont par la suite chassé tous les journalistes et les partisans de la zone.
Pour l'analyste politique André Silver-Konan, "la répression qui s'abat" sur les proches de Guillaume Soro amène à croire que l'opposant "constitue une menace".
Il avait décalé d'un jour son retour en Côte d'Ivoire où il devait arriver le 23 décembre, en raison de la visite du président français Emmanuel Macron dans le pays.
"Le comité d'organisation a décidé du report du retour de M. Soro du 22 au 23 décembre (....) La préfecture de police a relevé la focalisation et la mobilisation des services officiels de l'Etat sur cette visite officielle du chef de l'Etat français" du 20 au 22, selon un communiqué remis à l'AFP par le député Alain Lobognon, membre du parti de Soro, Générations et peuples solidaires (GPS) et proche de Soro.
Agé de 47 ans, M. Soro, qui a annoncé depuis l'Europe sa candidature à la présidentielle de 2020, devrait lancer sa campagne en Côte d'Ivoire.
Ancien Premier ministre (2007-2012) et ancien président de l'Assemblée nationale (2012-2019), il a rompu les ponts en début d'année avec le président Alassane Ouattara et la coalition au pouvoir, Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Le président Ouattara, 77 ans, a plusieurs fois déclaré qu'une nouvelle génération politique devait assumer le pouvoir en Côte d'Ivoire, mais il n'a pas exclu de se représenter lui-même en 2020, pour un troisième mandat, si ses rivaux historiques les ex-présidents Henri Konan Bédié, 85 ans, et Laurent Gbagbo, 74 ans, se représentent.
Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts, la prochaine présidentielle de 2020 s'annonce tendue en Côte d'Ivoire. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.