Côte d'Ivoire : l'opposant Tidjane Thiam radié de la liste électorale

Radié de la liste électorale pour perte de nationalité ivoirienne, le chef de l’opposition Tidjane Thiam ne pourra pas se présenter à la présidentielle d’octobre 2025. Une décision jugée politique par ses partisans.

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Tidjane Thiam, désigné chef du principal parti de l'opposition de Côte d'Ivoire, lors d'une manifestation officielle en décembre 2023.

Compte officiel de Tidjane Thiam TV sur Facebook
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Le chef du principal parti d'opposition en Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam, a été radié mardi de la liste électorale par la justice qui a estimé qu’il avait perdu sa nationalité ivoirienne. Cette décision ferme la porte à sa candidature à la présidentielle du 25 octobre.

Avec ce jugement, qui n’est susceptible d’aucun recours, Tidjane Thiam rejoint d’autres opposants, comme l’ex-président Laurent Gbagbo, lui aussi absent de la liste électorale à la suite d’une condamnation judiciaire.

Une radiation liée à la nationalité

La justice « a estimé que Tidjane Thiam avait perdu la nationalité ivoirienne quand il a acquis la nationalité française et donc elle a fait droit aux demandes des requérants et ordonné la radiation du président Thiam de la liste électorale », a expliqué Ange Rodrigue Dadjé, l’avocat de Tidjane Thiam.

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Mardi soir, Tidjane Thiam a dénoncé dans un communiqué un « déni de justice indigne d’une démocratie », appelant la communauté internationale à soutenir « les électeurs ivoiriens dans leur quête d’élections libres et équitables ».

« La conjonction de tous ces éléments créé un environnement potentiellement dangereux pour notre pays. Je n’accepterai pas cette radiation qui est injuste, injustifiée et incompréhensible », a-t-il ajouté dans une déclaration plus tard dans la soirée.

Une campagne empoisonnée par la question de la nationalité

La question de la nationalité parasite la campagne du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la principale formation d’opposition depuis plusieurs mois.

Né en Côte d’Ivoire, il a obtenu la nationalité française en 1987 et y a renoncé en mars, afin de se présenter à la présidentielle, un scrutin pour lequel un candidat ne peut être binational.

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Mais ses détracteurs invoquaient l’article 48 du code de nationalité, datant des années 1960, qui indique que l’acquisition d’une autre nationalité entraîne la perte de la nationalité ivoirienne.

« Il était de mon devoir, en tant que citoyen, de faire respecter la loi », a réagi Bernard N’Zi Kokora, l’auteur des poursuites.

« S’il n’est pas ivoirien et qu’il n’est plus français, alors il est apatride. C’est une violation des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire », a pour sa part dénoncé Mathias Chichportich, un autre avocat de Tidjane Thiam, dans une déclaration transmise à l’AFP.

Un procès à caractère politique ?

L’entourage de Tidjane Thiam dénonce depuis plusieurs semaines des « manœuvres » orchestrées par le pouvoir pour l’écarter de la présidentielle.

« Cette décision nous montre bien qu’on était dans un procès politique, à caractère politique. On a quitté le domaine de la justice, on va dans le domaine de la politique », a affirmé à l’AFP le chef des députés PDCI, Simon Doho.

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« Quand la justice leur est favorable, elle est indépendante et quand elle ne l’est pas elle est instrumentalisée. Nous n’avons rien à voir avec cette affaire et nous n’avons pas de commentaires à faire sur les décisions de justice », a déclaré à l’AFP Mamadou Touré, porte-parole adjoint du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir.

Tidjane Thiam avait été officiellement investi jeudi comme candidat du PDCI. « Octobre 2025 est encore loin, je sais que je ne serai pas épargné », avait-il le soir même commenté sur les réseaux sociaux.

Une présidentielle encore floue

D’autres opposants sont également pour l’heure radiés de la liste électorale : l’ex-président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien Premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro, en exil, pour des condamnations judiciaires.

Le parti au pouvoir n’a pas encore désigné son candidat. Le RHDP appelle de ses vœux une candidature d’Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 2011, à un quatrième mandat.

Il organisera en juin un congrès au cours duquel le chef de l’État qui s’est dit « désireux de continuer à servir son pays » pourrait se prononcer.

Trois autres opposants sont également en course : l’ancienne Première Dame Simone Gbagbo, l’ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon ainsi que l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan.