Côte d'Ivoire : lors de son discours d'investiture le président Ouattara invite l'opposition au "dialogue"

Le président ivoirien Alassane Ouattara a invité lundi 14 décembre, lors de son discours d'investiture, l'opposition au "dialogue". Il a promis une reprise des négociations sur la commission électorale en vue des législatives du premier trimestre 2021.
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Investiture de Ouattara
Le président Alassane Ouattara prête serment lors de la cérémonie d'investiture de son 3ème mandat présidentiel. 14 décembre 2020, Abidjan (Côte d'Ivoire)
© Sia Kambu/Pool via AP
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Le président Alassane Ouattara, 78 ans, a été investi ce 14 décembre pour un troisième mandat controversé à la tête de la Côte d'Ivoire lors d'une cérémonie au palais présidentiel d'Abidjan. Treize chefs d'Etat africains étaient présents (Bénin, Burkina Faso, Congo-Brazzaville, Ethiopie, Ghana, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Togo).
 

Parmi les invités de marque à cette cérémonie, l'ancien président français Nicolas Sarkozy, qui avait soutenu M. Ouattara lors de la crise post-électorale de 2010-2011. La France était représentée par son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. 

Cette investiture s'est déroulée sans les principaux représentants de l'opposition, comme nous le dit notre correspondante depuis Abidjan, Christelle Pire :
 

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Un climat tendu

Cependant, le président a tenté un geste de rapprochement. "J'invite l'ensemble des partis politiques à saisir cette nouvelle opportunité qui s'offre à tous pour aboutir à une décrispation du climat par le dialogue", a déclaré M. Ouattara.

Il a auparavant indiqué avoir demandé à son premier ministre Hamed Bakayoko de "reprendre les discussions" sur la Commission électorale indépendante (CEI) avec l'opposition, qui avait boycotté la présidentielle du 31 octobre et conteste toujours sa légitimité.

Elu en 2010 et 2015, M. Ouattara a été élu le 31 octobre pour un troisième mandat controversé dès le premier tour avec 94,27% des voix, au terme d'un scrutin marqué par des violences qui ont fait 85 morts entre août et novembre.  

Les violences ont cessé après une rencontre le 11 novembre entre le président Ouattara et le chef de l’opposition, l'ancien président Henri Konan Bédié, mais l'opposition continue à contester le résultat du scrutin.

(RE)voir : Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié "ont brisé la glace"
 

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S'appuyant sur des arrêts de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, l'opposition avait constamment demandé avant le scrutin une réforme de la CEI, qu'elle estimait inféodée au pouvoir. 

L'ex-président et principal opposant ivoirien Henri Konan Bédié avait proposé mercredi dernier un "dialogue national" pour résoudre les tensions nées de la présidentielle, et annoncé la fin du régime de "transition" proclamé par l'opposition prétendant remplacer le régime du président Ouattara, sans pour autant reconnaître la légitimité de ce dernier.

Des négociations sont en cours entre le pouvoir et l'opposition, dont certains membres comme son porte-parole Pascal Affi N'Guessan sont incarcérés pour avoir voulu créer un "conseil national de transition".

(RE)voir :  Présidentielle en Côte d'Ivoire, l'inquiétude monte face à la crise
 

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Une réconciliation difficile

Lors de son discours d’investiture, M. Ouattara a aussi promis la création dans les prochains jours d'un "ministère de la Réconciliation nationale". Il a toutefois souligné que "les violences et les actes intolérables" commis lors de l'élection présidentielle ne "doivent pas rester impunis"

M. Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d'avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels était remis à zéro. Ce que l'opposition a toujours contesté.

Les violences liées à la présidentielle de 2020 surviennent dix ans après la crise post-électorale de 2010-11, née du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, et qui avait fait 3.000 morts.