Fil d'Ariane
Elle est notamment accusée "d'entente avec les agents d'une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire et diplomatique de la Côte d'Ivoire, de manoeuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions et à occasionner des troubles graves à l'ordre public", selon le procureur d'Abidjan Richard Adou dans son communiqué daté du 26 août.
Par ces accusations, le parquet a "l’intention de faire taire Pulchérie Gbalet", estime le collectif de ses avocats dans un communiqué. L'un d'eux, Erik Saki, a en outre dénoncé lors d'une conférence de presse le 31 août un "complot" et une "flagrante violation des règles élémentaires de la procédure" concernant la manière dont elle a été arrêtée et incarcérée le 22 août.
Lire : Côte d'Ivoire-Mali, Abidjan poursuit les négociations pour obtenir la libération de ses soldats détenus à Bamako.
L'avocat a affirmé qu'elle a été victime d'un véritable "guet-apens" de la part de la police qui l'avait invitée à venir récupérer son passeport et son téléphone portable, confisqués lors d'une précédente interpellation à son retour du Mali le 3 août.
"Contre toute attente, en lieu et place de la remise de ses effets, c’est plutôt à une audition" à laquelle elle a été soumise avant d'être conduite en prison, a-t-il affirmé.
Lors de son séjour au Mali, Mme Gbalet avait rencontré des responsables d'ONG et des proches de la junte militaire selon l'AFP au pouvoir depuis août 2020 dans ce pays, évoquant avec eux le sort des 49 soldats ivoiriens.
Lire : qui sont les 49 soldats ivoiriens détenus à Bamako ?
Suffirait-il d'aller au Mali et y revenir pour que cela constitue une entente avec une puissance étrangère ou avec les agents d'une puissance étrangère ?Collectif des avocats de Pulchérie Gbalet, présidente d'Alternative citoyenne ivoirienne
Considérés comme des "mercenaires", ces soldats ont été inculpés par la justice malienne, notamment pour "tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat".
Abidjan assure qu'ils étaient en mission pour l'ONU et a réclamé leur libération.
Plusieurs médiations sont en cours pour l'obtenir, dont celles du Togo et de leaders religieux maliens.
"Suffirait-il d'aller au Mali et y revenir pour que cela constitue une entente avec une puissance étrangère ou avec les agents d'une puissance étrangère ?", s'interroge le collectif des avocats.
Selon le communiqué du procureur d'Abidjan, quelques jours après sa remise en liberté, Pulchérie Gbalet aurait mené "une véritable campagne de dénigrement de l'action du Président de la République et du Gouvernement dans la gestion de la crise liée à la rétention de 49 de nos militaires au Mali". Il lui reproche aussi d'avoir "rencontré certains parents de soldats retenus au Mali en vue de les inciter à désavouer l'action gouvernementale." A ce titre, il l'accuse "de diffusion de nouvelles fausses de nature à entrainer une atteinte au moral de la population".
Le président Ouattara essaie de s'accrocher au pouvoir. Nous avons décidé de mener des actions vigoureuses sur le terrain. Nous allons employer tous les moyens pacifiques et démocratiques.Pulchérie Gbalet, présidente d'Alternative citoyenne ivoirienne, le 7 août 2020
Pour rappel, la présidente de l'Alternative citoyenne ivoirienne Pulchérie Gbalet avait fortement critiqué la candidature à un troisième mandat d'Alassane Ouatarra. Nous trouvons que cette décision est inacceptable parce que nous pensons que le président Ouattara essaie de s'accrocher au pouvoir. Nous avons décidé de mener des actions vigoureuses sur le terrain. Nous allons employer tous les moyens pacifiques et démocratiques: des marches, des sit-in. En tout cas toutes les manifestations possibles pour nous opposer à ce troisième mandat", expliquait-elle le 7 août 2020.
A la suite de manifestations, elle avait été incarcérée pendant huit mois entre août 2020 et avril 2021. Elle avait été libérée en avril 2021 dans un contexte de détente politique avec le retour dans le pays de Laurent Gbagbo. Pulcherie Gbalet, une figure de la société civile ivoirienne, avait appelé à "une véritable réconciliation" nationale, deux jours après être sortie de prison en avril 2021 où elle vient de passer huit mois, notamment pour "incitation à la révolte".