Fil d'Ariane
"Ce sont nos commandos. Votre mission est de protéger la population !" Les premières paroles Yodé et Siro, vêtus d'un uniforme kaki, sont un hommage appuyé aux 49 militaires ivoiriens détenus à Bamako par le pouvoir militaire malien depuis le 10 juillet. Deux versions s’opposent. D’un côté, l'État malien assure qu’il s’agit de "mercenaires" envoyés pour troubler "l'ordre constitutionnel" du pays. En face, le gouvernement ivoirien et la société civile ivoirienne réclament leur libération.
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Ivoiriens et Maliens ne sont pas que des pays voisins. Ils sont issus de deux peuples frères. En un Ivoirien il y a un Malien. En un Malien, un Ivoirien.Yodé et Siro dans "Les 49"
Le clip montre des images de manifestants réclament la libération des soldats détenus au Mali avec des "Libérez nos soldats".
Pour montrer la proximité entre les deux peuples autour d'une passion commune, celle du ballon rond, le duo montre des images d'un match entre les Élephants de Côte d'Ivoire et les Aigles du Mali.
Le duo chante alors : "Allez les Ivoiriens, allez les Maliens". Yodé et Siro font acte de soutien au pouvoir en place ivoirien en chantant que "le peuple a confiance" dans le président Alassane Ouattara.
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Tout cela finit en danse pour l'ensemble du personne politique malien et ivoirien. "Ivoiriens et Maliens vont danser. Dominique Ouatarra va danser [NDLR, épouse du président ivoirien], Choguel Maïga [NDLR, Premier ministre malien en convalescence] va bouler... Tous les Maliens et Ivoiriens ils vont danser !"
Le clip "Les 49" a déja fait plus de 150 000 vues sur YouTube en 48 heures.
Yodé et Siro sont deux stars de la musique zouglou au coté de Magic System. Le pays a vu naître deux genres musicaux qui se sont exportés en Afrique et dans la diaspora ivoirienne: le zouglou dans les années 1990, dont le groupe phare est Magic System, puis le coupé-décalé dans les années 2000, toujours populaire dans les "maquis" (bars-restaurants en plein air) d'Abidjan.
Sortie il y a 30 ans des cités universitaires d’Abidjan dans le fracas des combats démocratiques, la musique zouglou est parvenue à réunir sous sa bannière la jeunesse d’une Côte d’Ivoire divisée, et elle entend continuer à faire danser à travers l’Afrique et au-delà.
Le premier grand succès zouglou, on le doit au groupe Les parents du campus dont les membres vivent à la cité universitaire de Yopougon dans la capitale ivoirienne, rappelle le professeur Germain-Arsène Kadi dans un entretien à TV5MONDE. "Ainsi, dans la chanson baptisée “Gboglo Koffi”, ils reprennent les revendications estudiantines. Il s’agit d’une apostrophe au président Houphouët-Boigny. Les demandes portent principalement sur l'hébergement, l'alimentation, l’absence de bus... En 1991, le zouglou est donc une musique de revendication sociale. Les formations musicales se présentent comme les yeux et les oreilles du peuple."
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Perpétuant l’esprit des débuts, certains chanteurs se montrent très critiques. La corruption est une cible de choix. C'est le cas du duo Yodé et Siro. Pour l’accès aux emplois publics par exemple: "on passe les concours, on attend les résultats, c'est le résultat qui attend notre argent", chante le duo Yodé et Siro, tout en gardant un brin de nonchalance dans le réquisitoire.
Mais dans leur titre "les 49", Yodé et Siro ont mis de côté toute velléité de critique à l'endroit du pouvoir malien et encore moins ivoirien. Et le duo de clamer en choeur à Alassane Ouattara : "Président Ado, les Ivoiriens en confiance en toi".