Côte d'Ivoire : portraits de Simone Gbagbo et Dominique Ouattara

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Côte d'Ivoire : portraits de Simone Gbagbo et Dominique Ouattara
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« Derrière un grand homme se cache une grande femme ». Cette maxime abidjanaise se vérifie pour les deux « présidents » de Côte d'Ivoire. Derrière Laurent Gbagbo se cache Simone et derrière Alassane Ouattara Dominique. Deux femmes influentes dont les méthodes diffèrent mais qui ont en commun un même objectif : le pouvoir.
Côte d'Ivoire : portraits de Simone Gbagbo et Dominique Ouattara
(© Survie)

Dominique Ouattara, l’inconditionnel soutien

Dominique Ouattara est ce qu’on appele une « boîte à réseaux ». Un réseau qu’elle s’est construit dans le monde des affaires. Un univers où elle est reine et bien impliquée. Inconditionnel soutien de son mari, Dominique Folloroux est avant tout une femme d'affaires. Elle prend les rênes de la société immobilière Aici en 1979, et gère les biens immobiliers de très hautes personnalités, dont feu le Président Félix Houphouët-Boigny, ou le Président Omar Bongo Odimba du Gabon. Tout en implantant des agences en Côte d'Ivoire, puis en France, elle rachète en 1996 les franchises de Jacques Dessange aux États-Unis. Dans le monde du business, elle se fait des amis et de nombreux contacts qu’elle met gracieusement à la disposition de son époux. Elle sait mobiliser des hommes mais aussi des fonds. Dominique est un peu la gardienne des relations avec les médias et un certain nombre de réseaux, y compris diplomatiques et d'argent. C'est une femme du monde, qui connaît du beau monde à l'étranger et sait se faire « aimable » pour mieux plaider la cause de son mari. Elle s’est aussi beaucoup impliquée en Côte d’Ivoire afin de mieux se faire connaitre. Très active pendant la campagne présidentielle, on l’a vu tenir des meetings et rassembler des foules. C’est un visage que les Ivoiriens (re)connaissent. Car elle a été très active pendant de nombreuses années avec son association caritative Children of Africa, une fondation pour la promotion sociale de l'enfance en Afrique, parrainée par la princesse Ira de Fürstenberg. Sous le couvert de cette association elle a pu faire le tour des différentes régions de la Côte d’Ivoire pour vendre son « poulain », son mari. Dominique n’est peut être pas fortement impliquée dans le Rassemblement des républicains (parti que dirige Alassane Ouattara) mais dans les grandes décisions du parti, son avis est absolument requis.

Simone Gbagbo, l’inflexible « dame de fer »

Simone est une pure politique. On la surnomme la « dame de fer ». C’est une femme de terrain, comme on le dit à Abidjan. Compagne de lutte de son mari, surnommée « l'inflexible combattante », elle est celle qui subit auprès de Laurent la bastonnade, le cachot et la clandestinité, celle qui tint d'une poigne de fer le Front populaire ivoirien (FPI) à l'heure où son compagnon, historien marxisant, fuyait en France la vindicte de Félix Houphouët-Boigny. Simone demeure envers et contre tout la compagne et la complice des heures de lutte. Vice-présidente du FPI, présidente du groupe parlementaire et « marraine » des Jeunes Patriotes [les mouvements de jeunesse soutenant son mari, NDLR], elle se retrouve au cœur même des grandes décisions politiques. Sa parfaite connaissance de la carte électorale et son verrouillage de certains fiefs (comme Abobo, commune pro-Ouattara où elle est députée ou les pays akan) est un atout pour son époux. La professeure de linguistique sait s’assurer l'allégeance de leaders d'opinion. Elle réussit aussi à débaucher des figures de l'opposition. Fille de gendarme, elle dispose de robustes soutiens au sein de l'armée et de l'appareil sécuritaire. Quelquefois, elle mène une diplomatie de l'ombre et des missions secrètes pour le compte de Laurent, son mari. Simone mobilise ses troupes et les sensibilise à « défendre la constitution et la souveraineté de la Côte d’Ivoire ». Deux valeurs sur lesquelles Laurent Gbagbo compte pour enraciner sa présidence.