La Côte d'Ivoire, qui accueille un premier grand événement international après une décennie de troubles politico-militaires, veut faire de ces jeux (du 21 au 30 juillet), une vitrine de son attractivité retrouvée. Elle a donc mobilisé environ 10.000 policiers, gendarmes et militaires pour assurer la sécurité.
Dans cette atmosphère tendue, Guillaume Soro, l'ex-chef rebelle et actuel président de l'Assemblée nationale a demandé jeudi, en vue d'une réconciliation nationale, "pardon aux Ivoiriens" et à son principal adversaire du passé, l'ex-président Laurent Gbagbo, écroué depuis 2011 à La Haye où il est jugé par la Cour pénale internationale (CPI).
"Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire a plus que besoin de pardon et de réconciliation. Je veux demander pardon aux Ivoiriens pour tout ce que j'ai pu faire (...) à ce peuple qui a tant souffert. Je demande pardon à mes aînés (...) et même au président Laurent Gbagbo", a déclaré à l'AFP M. Soro.
Si le pays a retrouvé une forte croissance économique, des troubles persistent, les fusillades de mercredi en constituant le dernier épisode. Elles se sont produites quelques heures seulement après un remaniement gouvernemental visant justement à mettre un terme à la grogne chez les forces de sécurité.
Selon Hamed Bakayako, devenu ministre de la Défense jeudi après avoir été ministre de l'Intérieur, "l'Ecole de police (de Cocody, un quartier central d'Abidjan) a été attaquée par des hommes" armés, "visiblement dans le but de récupérer des armes".
Les forces de sécurité sont intervenues et un accrochage s'est produit dans le quartier populaire de Yopougon, au cours duquel un membre des forces de l'ordre a été tué, selon le rapport du Centre opérationnel des Armées dont l'AFP a eu connaissance.
L'identité des assaillants n'est pas claire. M. Bakayoko a affirmé avoir "une piste", et a évoqué "des gens qui veulent perturber le rayonnement de la Côte d'Ivoire".
"Le niveau d'organisation est tel que notre capacité de réaction sera toujours au rendez-vous", a-t-il ajouté, en assurant que la sécurité des participants aux jeux était garantie. Outre les mutineries, la Côte d'Ivoire a subi en 2016 une attaque jihadiste qui a fait 19 morts dans la cité balnéaire voisine de Grand-Bassam.
La Côte d'Ivoire a été secouée par plusieurs mutineries dans l'armée depuis le début de l'année. D'anciens rebelles intégrés dans l'armée se sont mutinés en janvier et en mai. Ils ont fini par obtenir de l'Etat 12 millions de francs CFA (18.000 euros) pour chacun des 8.400 d'entre eux. Cette crise a considérablement fragilisé l'équipe gouvernementale et surtout, le président Alassane Ouattara.
Le week-end dernier encore, trois soldats sont morts dans des tirs dans un camp militaire de Korhogo, grande ville du nord du pays.
"Les événements de cette nuit relèvent du banditisme, cela ne remet pas du tout en cause les Jeux de la Francophonie, il n'y a aucun problème de sécurité", a ainsi réagi l'ambassadeur de France Georges Serre.
Le ministre ivoirien de l'Industrie Jean-Claude Brou a assuré que les différents incidents depuis le début de l'année n'entamaient pas "la confiance des investisseurs" dans son pays.
Ces incidents répétés impliquant les forces de sécurité semblent avoir provoqué le remaniement gouvernemental de mercredi. L'influent et puissant Hamed Bakayoko, perçu comme possible dauphin de M. Ouattara pour l'élection présidentielle de 2020, a été appelé à la rescousse pour tenter de mettre un point final à la crise.
"Ce n'est pas une tâche facile dans un pays qui sort de crise de remettre sur le droit chemin une armée qui s'est composée comme on sait", a-t-il encore déclaré jeudi.