Fil d'Ariane
L'ex-président nigérien Mahamadou Issoufou s’est exprimé pour la première fois depuis le coup d’État militaire du 26 juillet. Dimanche 30 juillet, il a annoncé qu'il entend "poursuivre" ses efforts pour tenter de trouver une "sortie de crise négociée" pour "libérer" Mohamed Bazoum. Son successeur vient d’être renversé par des putschistes issus de sa propre garde présidentielle.
Photo d'archive de l'ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, lors d'un sommet du G5 Sahel à Nouakchott en Mauritanie le 1er juillet 2020.
Depuis le 26 juillet, le président élu du Niger, Mohamed Bazoum, est séquestré dans l’enciente du palais présidentiel à Niamey par sa garde présidentielle. Quatre jours après l’annonce du renversement du régime, l'ancien président du pays, Mahamadou Issoufou, auquel Mohamed Bazoum a succédé en 2022 a pris la parole.
"Je me suis employé, par diverses voies, à trouver une sortie de crise négociée permettant notamment de libérer le président Mohamed Bazoum et de le restaurer dans ses fonctions", a déclaré Mahamadou Issoufou dimanche 30 juillet dans une série de publications sur les réseaux sociaux. "Tant qu'il y a un espoir d'y parvenir, je poursuivrai sur cette voie", a-t-il ajouté.
Depuis la séquestration de Mohamed Bazoum, Mahamadou Issoufou s'est entretenu avec plusieurs partenaires du Niger mais n’avait pas pris la parole publiquement. Il a eu des échanges avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken et avec la délégation de l'Union européenne (UE) au Niger, qui, comme la France, ne reconnaît pas les autorités issues du putsch.
Je demande à tous de tout mettre en œuvre pour protéger les personnes et les biens.
Mahamadou Issoufou le 30 juillet 2023
L'ex-président a également appelé "au calme" et à "s'abstenir de toute violence" après des incidents survenus dimanche pendant un rassemblement à Niamey au cours duquel des manifestants ont tenté de s'introduire dans l'ambassade de France et ont détruit la plaque du bâtiment. "Je demande à tous de tout mettre en œuvre pour protéger les personnes et les biens non seulement s'agissant des Nigériens mais aussi des ressortissants étrangers vivant sur notre territoire", a-t-il précisé.
D'autres incidents ont eu lieu jeudi à Niamey au cours desquels le siège du parti présidentiel duquel sont issus les deux derniers présidents - le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) - a été pillé.
Dans ce contexte tendu, les pressions internationales s'accroissent sur les putschistes. Les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis dimanche à Abuja, leur ont donné un ultimatum d'une semaine pour rétablir l'ordre constitutionnel, sans exclure un "recours à la force". Ils ont également décidé la suspension "immédiate" de "toutes les transactions commerciales et financières" avec le Niger et le gel des avoirs des putschistes.
Le général Abdourahamane Tchiani, président du Conseil pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, la junte) et chef de la garde présidentielle qui retient Mohamed Bazoum, était réputé fidèle de Mahamadou Issoufou. L'ancien président l'avait nommé durant ses deux quinquennats, de 2011 à 2021.
Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger à l'origine de la chute du président élu Mohamed Bazoum. Il est apparu au cours d'une allocution télévisée diffusée par ORTN-Télé Sahel le 28 juillet 2023.
Abdourahamane Tchiani avait été reconduit à son poste par Mohamed Bazoum, dauphin d'Issoufou, qui souhaitait assurer la continuité de celui dont il fut le bras droit.
Mohamed Bazoum, lui, avait été nommé ministre de l'Intérieur et ministre d'État à la présidence lors de la réélection d'Issoufou en 2016.