Fil d'Ariane
Il y a un mois des militaires nigériens renversaient le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement en 2021. Le Niger est devenu le quatrième pays à connaître un coup d'État en Afrique de l'Ouest et au Sahel depuis 2020. Ce coup d'État a été condamné par la Cédéao, les États-Unis et la France. Les régimes militaires au Mali et au Burkina Faso affichent eux leur complicité et leur soutien avec les putschistes nigériens. Retour sur un mois de crise politique au Niger.
Des partisans des auteurs du coup d'Etat contre le président Bazoum manifestent ce 27 juillet à Niamey.
"Un mouvement d'humeur de la garde présidentielle". C'est par ces mots que la présidence nigérienne annonce le début du coup de force et du coup d'État ce 26 juillet 2023. Le président Bazoum ouvre des négociations avec les militaires de la garde présidentielle. Elles échouent et le président est enfermé dans sa résidence au sein du palais présidentiel.
La France condamne elle le coup d’État. Elle "ne reconnaît pas les autorités" issues du putsch et considère Mohamed Bazoum, "démocratiquement élu", comme "le seul président de la République du Niger", dès le 28 juillet. Les États-Unis par la voix du département d’État condamne le coup d’État. Des manifestants demandant le rétablissement au pouvoir du président Bazoum au pouvoir sont dispersés par les soldats de la garde présidentielle.
Le 28 juillet, le chef de la garde présidentielle du Niger, Abdourahamane Tiani, prend la parole et se présente comme le chef des auteurs du Coup d’État. Le 30 juillet, les chefs d’État de la Cédéao se réunissent à Abuja au Nigeria autour du président du Nigéria Nola Tinubu. La Cédéao condamne le coup d'État et impose des sanctions économiques au Niger. Les frontières entre le Niger et le Nigeria sont fermées.
Le Nigeria cesse de fournir en électricité le Niger. Plus de 70% de l'électricité du pays vient du Nigeria. La Banque mondiale, le FMI, les États-Unis et la France suspendent leur aide au Niger. Plus de 40% du budget de l’État du Niger provient de l'aide extérieure. La Cédéao n'exclut pas le recours à la force militaire pour rétablir dans ses pouvoirs le président Bazoum. La Cédéao lance un ultimatum de sept jours aux putschistes pour qu'ils rétablissent Mohamed Bazoum dans ses fonctions.
Une délégation du nouveau pouvoir militaire nigérien se rend au Burkina Faso et au Mali pour s'assurer du soutien des deux pays. Le général Salifou Mody à la tête de cette délégation obtient rapidement à Bamako le soutien du colonel de Assimi Goïta, homme fort du régime malien. Au Burkina Faso, il rencontre le capitaine Traoré. Selon le Quai d'Orsay, le ministère français des Affaires étrangères, le général nigérien a rencontré à Bamako des membres de la société paramilitaire russe Wagner.
Le 31 juillet, les pouvoirs militaires du Mali et du Burkina Faso mettent garde contre une intervention militaire de la Cédéao qui serait considérée comme une "déclaration de guerre". Le président déchu Mohamed Bazoum est photographié pour la première fois en compagnie du dirigeant tchadien Mahamat Deby, en visite dans le pays. Le 1er août, la France évacue ses ressortissants et des ressortissants européens. Des manifestations contre la présence militaire française ont lieu à Niamey. Plus de 1500 soldats français sont au Niger.
Le 3 août, une délégation de la Cédéao conduite par l’ancien chef d'État nigérian Abdulsalami Abubakar se rend à Niamey. Elle ne peut pas se rendre compte de l'état de santé du président Bazoum. Et le général Tiani refuse de rencontrer les représentants de la Cédéao. Le 8 août, le tout nouveau pouvoir nomme Mohamed Lamine Zein au poste de Premier ministre. Un gouvernement est nommé. Trois hommes forts du nouveau pouvoir militaire apparaissent autour du généeral Tiani : le général Salifou Mody, ministre de la Défense, Mohamed Toumba, ministre de l’Intérieur et le général Moussa Barmou homme des forces spéciales.
Victoria Nuland, numéro 2 par intérim de la diplomatie américaine se rend à Niamey. Plus de 1000 soldats américains sont basés au Niger. Ils participent à la formation de l'armée nigérienne dans la lutte contre les djihadistes. Agadez est la deuxième base américaine sur le continent. Victoria Nuland rencontre le général Moussa Barmou, formé par les Américains. Elle évoque des discussions "difficiles".
Lire : pourquoi le Niger est-il stratégiquement important pour les États-Unis ?
Le 12 août, le nouveau pouvoir à Niamey souffle le chaud après le froid. Il se dit ouvert à des pourparlers avec la Cédéao. Le général Tiani le 19 août promet un retour à un régime civil dans trois ans après avoir rencontré une délégation de la Cédéao dirigée par l’ancien chef d’État nigérian, Abdulsalami Abubakar. De son coté , la Cédéao active "sa force d'attente" et "n'exclut pas un recours à la force".
Le 22 août, l'Union africaine suspend le Niger de toutes ses institutions et activités "jusqu'au rétablissement effectif de l'ordre constitutionnel". Le 25 août, le pouvoir militaire nigérien donne 48 heures à l’ambassadeur de France pour quitter le pays.
"Les putschistes n'ont pas autorité pour faire cette demande, l'agrément de l'ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues", a rétorqué le Quai d'Orsay à l'AFP. "L'ambassadeur est accrédité auprès du président élu", a abondé sur Twitter Hassoumi Massoudou, chef de la diplomatie de Mohamed Bazoum.