Fil d'Ariane
Les listes des joueurs des cinq équipes africaines qui prendront par à la prochaine coupe du monde au Qatar sont enfin toutes tombées.
Ce qui est cependant inédit pour toutes les sélections africaines qualifiées pour ce mondial, c’est le fait qu’elles aient toutes à leur tête des entraîneurs locaux. Une première dans l’histoire de cette compétition. Le Marocain Walid Regragui, le Tunisien Jalel Kadri, le Sénégalais Aliou Cissé, le Ghanéen Otto Addo et le Camerounais Rigobert Song, auront la lourde tâche de prouver qu’ils n’ont rien à envier aux étrangers, voire qu’ils peuvent aider à décupler les chances des nations africaines de sortir de la phase de poules et pourquoi pas, d’aller au-delà des quarts de finale de cette compétition, ce que aucune équipe du continent n’a réussi à ce jour.
À quelques jours du début de ce mondial, de nombreux observateurs du football africain pensent que les cinq représentants du continent ont toutes leurs chances, au même titre que les autres équipes.
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Malgré le forfait de Sadio Mané, les Lions de la Teranga apparaissent toujours comme l’équipe qui peut aller loin dans cette compétition. Plusieurs raisons à cela. Championne d’Afrique en titre, le Sénégal a eu un parcours plus qu’honorable lors de la coupe du monde 2018 en Russie.
Deuxième de leur groupe, à égalité avec les Japonais, les Lions de la Teranga se sont arrêtés à la phase de poules au nombre de cartons jaunes reçus – six contre quatre pour les Samouraïs. À l’expérience accumulée ces dernières années, s’ajoute une grande stabilité du staff technique dirigé par Aliou Cissé (A la tête de l’équipe depuis 2015) et de l’effectif de cette équipe.
Interrogé à ce sujet, l’ancien international togolais Emmanuel Adebayor a déclaré à notre micro : « L’équipe la plus en forme en Afrique, c’est le Sénégal. Ils nous ont prouvé sur le terrain et en dehors que c’est une équipe très forte. » Aujourd’hui consultant pour différents médias et ambassadeur des Lions indomptables du Cameroun, l’ancien international camerounais Patrick Mboma abonde dans le même sens : « C’est une équipe qui progresse de compétition en compétition. Ils ont des joueurs confirmés dans les meilleurs championnats, ce qui est vraiment important. Et surtout, Aliou Cissé, la continuité. Donc, beaucoup d’arguments plaident en faveur d’un Sénégal conquérant. »
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Si l’absence de Sadio Mané est incontestablement préjudiciable à l’équipe sénégalaise, elle ne semble pas rédhibitoire. En plus des individualités comme Kalidou Koulibaly, aujourd’hui défenseur central de Chelsea, en Angketerre, ou encore l’ancien joueur du PSG Idrissa Gana Gueye, revenu à Everton en Angleterre, les Lions de la Teranga ont montré d’énormes qualités collectives lors de la dernière coupe d’Afrique des nations. Des qualités qui pourraient permettre aux Sénégalais de sortir de leur poule qui est aussi l’une des moins relevées de la compétition. Le Sénégal affrontera le Qatar qui est certes le pays organisateur, mais qui, à ce jour, n’est pas encore une grande nation de football ; il y aura ensuite l’Equateur, un adversaire à leur portée, et les Pays-Bas qui, sur le papier, sont une équipe redoutable et capable de battre les Lions de la Teranga.
Si le tirage au sort a été indulgent avec le Sénégal, ce n’est pas le cas pour les quatre autres nations africaines. Ainsi, dans le groupe G, les Lions indomptables du Cameroun devront affronter le Brésil, la Serbie et la Suisse. Cinq fois vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations, le Cameroun fait partie des meilleures sélections du continent. Malgré une expérience indéniable – les Lions indomptables joueront cet automne leur 8ème coupe du monde -, force est de constater qu’il sera extrêmement difficile pour le Cameroun de se mêler à la lutte pour la qualification qui, selon toute vraisemblance, devrait se jouer entre le Brésil, la Serbie et le Suisse.
Les deux dernières défaites des Lions indomptables en match amical contre l’Ouzbékistan (2-0), puis contre la Corée du Sud (1-0), n’ont pas de quoi rassurer.
Dans le groupe F, le Maroc sera confronté à une difficulté identique : sortir d’une poule dans laquelle on retrouve la Belgique, la Croatie et le Canada. Les Belges, qui sont encore très marqués par leur élimination par la France, en demi-finale, lors du mondial de 2018 en Russie, ainsi que par la désillusion en quart de finale de l’Euro 2021, auront à cœur de réaliser un excellent parcours. Quant aux Croates, finaliste en titre, battus par la France en 2018, ils restent redoutables malgré des joueurs que l’on dit vieillissants. Les Lions de l’Atlas auront donc fort à faire pour récupérer l’une des deux places qualificatives au sein de ce groupe. Pour sa sixième participation à une phase finale de la coupe du monde de football, le Maroc tentera cependant de réaliser un parcours similaire à celui de 1986, au Mexique, où il avait atteint les huitièmes de finale.
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Pour sa sixième participation à une coupe du monde, et la deuxième consécutive, la Tunisie espère avoir un meilleur parcours que celui qui fut le sien en Russie, en 2018. Il faut dire que les Aigles de Carthage n’ont pas été gâtés par le tirage au sort. La Tunisie fait en effet office d’outsider dans le groupe D, dans lequel on retrouve la France, championne du monde en titre, le Danemark et l’Australie. Idem pour le Ghana qui, dans le groupe H, devra affronter le Portugal de Cristiano Ronaldo, l’Uruguay de l’ancien joueur du PSG Edison Cavani, et enfin la Corée du Sud. D’autant que c’est une équipe des Black Star plutôt inexpérimentée qui s’apprête à disputer sa quatrième coupe du monde de football.
Il est peu probable que le Ghana atteigne les quarts de finale, comme ce fut le cas lors de la coupe du monde de 2010, en Afrique du Sud. Ils avaient été éliminés à l’époque par… l’Uruguay. Une expérience que ne manquera pas de transmettre à ses jeunes coéquipiers, André Ayew, seul joueur de l’effectif à disputer sa troisième coupe du monde (2010 et 2014).
Malgré cet état des lieux peu reluisant pour les équipes africaines, beaucoup affichent un certain optimisme sur leurs chances de réussite. « Les cinq représentants africains à cette coupe du monde, nous a ainsi confié le journaliste sénégalais Aliou Goloko, à savoir le Sénégal, le Ghana, le Cameroun, le Maroc et la Tunisie, ont toutes leurs chances, comme l’ensemble des 32 équipes qui vont disputer cette coupe du monde. Le fait de se qualifier en fait des vainqueurs potentiels, puisque ces pays font partie aujourd’hui du quota des nations qualifiées. » Notre confrère camerounais Jean-Bruno Tagne, directeur général adjoint du média en ligne NAJA TV, ne dit pas autre chose : « Personne ne va à cette compétition en étant convaincu de rentrer au premier tour. Donc, les équipes africaines qualifiées pour ce mondial conservent toutes leurs chances de se qualifier pour le second tour. C’est vrai que ce sera difficile, mais toutes ces équipes ont une chance de passer au second tour. »
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La plupart des observateurs s’accordent cependant pour dire que si la situation des équipes africaines reste si compliquée aujourd’hui lors des Coupes du monde de football, c’est en raison du nombre de places limitées réservées au continent.
Les places pour prendre part au mondial sont en effet inégalement réparties. Avec ses 54 pays membres de la FIFA, l’Afrique n’a droit qu’à cinq places, et ce seulement depuis 1998. Avant cette date, elle n’avait droit qu’à trois places ! En comparaison, l’Europe, avec 55 nations éligibles, dispose de 13 places. Et l’Amérique du sud qui compte dix nations éligibles, a droit à 4 ou 5 places. L’on comprend dès lors que d’un point de vue purement statistique, cette situation réduit considérablement les chances du continent africain dans cette compétition. D’ailleurs, à ce jour, les qualifications pour la coupe du monde en zone Afrique sont parmi les plus difficiles.