Fil d'Ariane
Découvert en Afrique du Sud, une nouvelle version du coronavirus, le C.1.2, regroupe de nombreuses mutations intrigantes. Faut-il s'en inquiéter ? Pourrait-il mettre en péril les vaccins alors que le taux de vaccination est encore très bas dans de nombreux pays d'Afrique? Entretien avec Yap Boum, épidémiologiste à Yaoundé (Cameroun) et directeur d'Epicentre Afrique, le centre de recherche de l'ONG Médecins sans frontières.
TV5MONDE : Aujourd’hui, la majorité des infections par le coronavirus en Afrique du Sud notamment sont provoquées par le variant Delta. Un nouveau variant, le C.1.2, a attiré l’attention des scientifiques. Que savez-vous de ce nouveau variant ?
Yap Boum : Nous sommes inquiets parce que le taux de mutation du C.1.2 laisse penser qu’en plus d’une transmissibilité beaucoup plus importante, ce nouveau variant pourrait également échapper aux vaccins utilisés actuellement. Le vaccin reste donc aujourd’hui un outil majeur dans la réponse à la COVID 19.
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Vous sortez d’une réunion d’urgence. Qu’en est-il sorti ?
On a parlé de divers variants. Aujourd’hui, près de 90% des cas positif au Cameroun sont issus du variant Delta. On se rend compte que l’âge des personnes atteintes qui meurent de la COVID19 est relativement bas. Il y a de nombreux cas de personnes de 30 ans et même des bébés, ce qui n’était pas le cas avec les autres variants. Nous souhaitons donc intensifier la surveillance génomique pour pouvoir suivre ce variant Delta et capter ces nouveaux variants.
La coupe d’Afrique des nation de football aura lieu en janvier prochain au Cameroun. Il faut que tous ces variants soient scrutés scrupuleusement.
La coupe d’Afrique des nation de football aura lieu en janvier prochain au Cameroun. Nous nous préparons donc à cet évènement. Il faut que tous ces variants soient scrutés scrupuleusement.
Les pays africains ont-ils à leur disposition les technologies qui permettent de détecter les variants ?
Un effort important a été mis en place dans plusieurs pays africains, et notamment au Cameroun, pour se doter de ces technologies. Il s’agit de plateformes de séquençage partiel et complet. Elles permettent de détecter et suivre les variants préoccupants, mais aussi les nouveaux, dans un temps relativement court.
L’idée est de renforcer la surveillance avec des tests rapides, qui permettent d’identifier les cas positifs. On prélève ensuite des échantillons pour un test PCR qui est ensuite séquencé grâce à un séquenceur de dernière génération.
Ce dispositif va rester après la COVID. Avant cela, au Cameroun, nous n’avions pas de séquenceur, maintenant nous disposons de quatre laboratoires.
On sait que l’accès aux vaccins reste très inégalitaire. A part le Maroc, la Tunisie, l’Afrique du Sud, le taux de vaccination dans la majorité des pays africains est encore très faible. Ce nouveau variant pourrait-il mettre en péril la vaccination ?
Le Sénégal, l’Ouganda et le Cameroun font face à une troisième vague. Par conséquent, ces populations ont davantage pris conscience du risque et cela les pousse à aller se faire vacciner. Il y a un manque de vaccins, mais il y a aussi des personnes qui hésitent encore à se faire vacciner. En Afrique, les pays ont été moins exposés au COVID qu’en Europe par exemple.
Dans les jours et le mois à venir, la vaccination reste la réponse majeur pour protéger les systèmes de santé qui peuvent très rapidement être saturé comme on l’a vu au Sénégal ou en République Démocratique du Congo.
La vaccination reste la réponse majeure pour protéger les systemes de santé qui peuvent être rapidement saturés comme au Sénégal ou en RDC
Les études ont prouvé que les vaccins Moderna et Pfizer étaient beaucoup plus efficaces non seulement sur le virus, mais également sur les variants, qu’Astrazeneka ou Johnson & Johnson. Malheureusement, la majorité des pays africains ont accès à ces vaccins-là. L’important est de vacciner avant qu’il y ait une flambée de cas de ces variants.
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Avez-vous connaissance d’autres variants inquiétants au Cameroun ou dans d'autres pays africains ?
Pour le moment, il n’y a pas de variant inquiétant. Il faut préciser que certaines plateformes de séquençage se mettent en place. Elles permettront à l’avenir de d’identifier des variants endogène. Les variants ne sont pas nécessairement pires que ce que l’on a déjà eu.
Pour le moment, il n’y a pas de variant inquiétant. Il faut préciser que certaines plateformes de séquençage se mettent en place.
On a mis en place des enquêtes de séroprévalence, (NDLR : la proportion de la population ayant développé des anticorps anti-SARS-CoV-2, ce qui signale une infection passée). On a fait du porte-à-porte, on est allé dans les ménages… On a prélevé les populations pour savoir le pourcentage de la population qui a des anticorps contre la COVID. Au Cameroun, les résultats montrent qu’une personne sur dix a des anticorps pour lutter face au virus, ce qui est relativement faible à l’aube d’une troisième vague.
On a encore du chemin à faire pour que l’immunité collective soit atteinte, qui est à 6 sur 10. Il faut donc intensifier la vaccination avec des campagnes beaucoup plus importantes.
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