Fil d'Ariane
Paris entend résoudre les tensions avec Alger "avec exigence et sans aucune faiblesse", a assuré ce mardi 1er avril 2025, le chef de la diplomatie française. Une déclaration qui intervient au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien pour renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique inédite.
Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune en juin 2024. (Photo d'illustration)
"Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse", a déclaré Jean-Noël Barrot devant l'Assemblée nationale. Il a souligné que "le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires".
"L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise", a-t-il ajouté.
Les Français "ont droit a des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal", a affirmé le ministre. Il faisait référence à l'écrivain franco-algérien, condamné jeudi 27 mars à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien.
Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont acté une relance de la relation bilatérale. Elle doit se concrétiser par la reprise "sans délai" de la coopération sécuritaire et migratoire.
"Des principes ont été posés hier (ndlr, mardi 31 mars). Il faudra les opérationnaliser et ce sera l'objet de mon déplacement à venir en Algérie", a ajouté Jean-Noël Barrot, sans en préciser la date.
La relation bilatérale a connu un violent coup de frein après l'annonce par Emmanuel Macron en juillet 2024 de son soutien appuyé à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, un territoire au statut non défini selon l'ONU, revendiqué par les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
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À l'automne, la brouille s'est aggravée avec l'arrestation de Boualem Sansal pour des propos tenus sur le média français Frontières, réputé d'extrême droite, considérés comme portant atteinte à l'intégrité du territoire algérien.
La question de la réadmission dans leur pays d'origine des Algériens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF) a aussi enflammé les relations bilatérales. La crise a atteint son paroxysme après l'attentat de Mulhouse (nord-est) qui a fait un mort le 22 février, commis par un Algérien ayant fait l'objet de plusieurs demandes de réadmission, refusées par l'Algérie.