Fil d'Ariane
Ces images datent de février 2017.
La société MRM, pour "Mine de Rubis de Montepuez", ouvre alors ses portes aux caméras. Et montre, fièrement, ses installations.
Jusqu'en 2009, cette région, du nord-est du Mozambique, vit sans savoir que son sous-sol regorge de rubis. C'est alors que son destin bascule.
Le groupe britannique Gemfields prend le controle de la MRM. Et développe l'activité.
De 2014 à 2017, la vente de ces rubis lui rapportent 240 millions d'euros.
"Le Mozambique n'avait pas réalisé qu'il était assis sur une ressource aussi extraordinaire, raconte en mars 2017, Pia Gorham, directrice marketing de Gemfield.
Ce que nous avons permis, et ce en quoi nous aidons le Mozambique, c'est de faire entrer ces rubis sur le marché international en leur apportant leur vraie valeur, ce qui à terme permet d'aider le pays et la population."
Le petit village de Nthoro, aujourd'hui. Toujours pas d'eau courante, ni d'électricité
Aucune école non plus. La vie de ses quelque 2000 habitants est même plus dure qu'avant la découverte des précieux rubis. "La vie était bonne avant ici, les gens avaient des fermes, ils pouvaient cultiver la terre et vendre leur récolte, avoir un peu d'argent, explique anonymement cette habitante de Nthoro. Maintenant on meurt de faim."
Car Nthoro se situe sur la concession accordée par l'Etat mozambiquais à la MRM.
Les habitants n'ont donc plus le droit de construire de maisons ou de cultiver leur terre, depuis des années...comme le leur rappelle ce panneau.
MRM est censée les reloger."Il y a un peu de retard dans la construction des maisons pour reloger les gens, mais on a confiance, ça va être fait, veut croire Fabião Namiva, membre du gouvernement de district. Il y a déjà des choses qui sont faites grâce au contrat qu'on a avec MRM."
Plus grave encore, nombre d'habitants accusent les agents de sécurité employés par l'entreprise et la police locale de violences. Visés en particulier, les mineurs informels qui tentent, illégalement, de prendre leur part du gâteau. Une centaine d'habitants de Nthoro ont saisi, en avril, la justice, à Londres. Et déposé plainte, en nom collectif, accusant Gemfields de meurtres, coups et blessures, détentions arbitraires ou abus sexuels.