De quelle manière la croissance africaine peut-elle pénalisée ?

Conflit russo-ukrainien, coûts d'emprunt élevés et maintenant droits de douane américains. Le Fonds monétaire international (FMI) revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour l'Afrique subsaharienne pour 2025 et 2026, en raison "d'une succession de chocs".

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Le gouvernement de Hichem Mechichi espérait avant sa destitution le 25 juillet dernier parvenir à un accord de principe avec le FMI d'ici le 30 septembre.
AP
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Le Fonds prévoit une croissance de 3,8% (au lieu de 4,2%) cette année et de 4,2% (au lieu de 4,4%) pour 2026. "Depuis le Covid, la région a connu une succession de chocs. Le conflit entre la Russie et l'Ukraine a entraîné une forte hausse des prix des denrées, les taux directeurs américains ont augmenté et il y a un accroissement de l'incertitude depuis l'annonce des droits de douane américains", souligne à Abidjan, Amadou Sy, directeur des études au département Afrique du FMI.

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En imposant des tarifs douaniers d'au moins 10% sur la plupart des produits entrant aux Etats-Unis, le président américain Donald Trump fait peser une menace d'un ralentissement économique général. "Cela nous a poussés à réviser notre taux de croissance, notamment à cause des effets indirects" des droits de douane, ajoute Amadou Sy.

Les aides extérieures indispensables ?

Il cite "le ralentissement de la demande globale" qui touchera par ricochet l'Afrique, "la baisse des cours des matières premières" pour des pays qui en sont producteurs et "le coût des financements qui reste trop élevé", avec des taux américains toujours supérieurs à 4%. Début mai, la Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu ses taux d'intérêt inchangés, se disant incapable de prévoir les répercussions des droits de douane. 

Dans un rapport publié fin avril, le FMI avait également alerté sur le fait que la prospérité du continent "dépendra du maintien des aides extérieures", à l'heure où les Etats-Unis ont annoncé la suspension de l'essentiel de leur aide étrangère.

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Amadou Sy met en garde sur les conséquences de cette décision sur des pays qui font face "à des défis énormes" en matière "de santé, d'éducation et même d'infrastructure", et qui comptent sur cette aide pour compléter leurs budgets. "Les autorités devront de plus en plus s'appuyer sur les sources de vigueur et de résilience de leurs pays et accroître les recettes intérieures, améliorer l’efficience des dépenses et renforcer la gestion des finances publiques et les cadres budgétaires pour abaisser les coûts d’emprunt", affirme le FMI dans son rapport.