Pour ce dernier hommage public à Nelson Mandela, la foule de Sud-Africains s'est déplacée ce mardi 10 décembre jusqu'au stade de Soweto. La centaine de chefs d’Etat et de gouvernements du monde entier était bien présente, tous venus saluer celui qu’ils avaient autrefois honni, pour certains. Mention spéciale à Barack Obama (ovationné pour son discours) et Jacob Zuma (hué par l’assistance).
Sud-Africains, présidents et stars se sont rassemblé ce mardi 10 décembre pour rendre un dernier hommage à Nelson Mandela. Entre 50 000 à 60 000 personnes pour une matinée d’adieux dans le stade de Soweto aux rangs moins remplis que prévu. Est-ce la pluie battante qui a vaincu les ardeurs de certains ou le reflet d’une « Mandelamania » plus occidentale qu’internationale (voir le décryptage de notre éditorialiste Slimane Zeghidour) ? Cette météo considérée comme signe de bénédiction en Afrique, était donc de la partie. Très progressivement, les Sud-Africains se réunissent dans l’enceinte sportive en chantant et dansant pour un dernier hommage à Madiba. Brandissant des drapeaux sud-africains ou se couvrant de tissus noir, jaune et vert aux couleurs du Congrès national africain (ANC), le parti de Mandela, ils ont repris en chœur des chants de la lutte contre l’apartheid avant que ne commence la cérémonie avec une heure de retard. « Amène-nous la paix ! La victoire est à nous ! Merci Mandela ! », scande la foule en attendant les prises de parole de la famille de l’ancien président représentée par le général Thanduxolo Mandela qui s’exprime : « (Il y a ) des forts et des faibles, des riches et des pauvres, des puissants et des gens ordinaires… Je suis sûr que Mandela doit sourire là-haut », dit-il en regardant l’assemblée. L’un de ses anciens co-détenus ainsi que le vice-président de l’ANC Cyril Ramaphosa se sont également exprimés.
Ovation L’assistance composée de badauds peut assister au passage devant le micro de certains chefs d’État et de gouvernement parmi la centaine présente. Celui qui – sans conteste - gagne à l’applaudimètre c’est le président américain Barack Obama ovationné par l’assistance. Il rend un vibrant hommage à Nelson Mandela usant de superlatifs : « Il est difficile de faire l'éloge d'un homme... encore plus difficile de faire celle d'un géant de l'Histoire, qui a conduit une nation vers la justice », lance-t-il, acclamé par la foule. « Il a montré le pouvoir de l’action, de la prise de risque au nom de nos idéaux (et il) a gagné sa place dans l’Histoire grâce à son combat, son intelligence, sa persévérance et sa foi ». Barack Obama dénonce aussi dans son discours l’hypocrisie avec laquelle Mandela été célébré par certains de ses homologues : « Il y a trop de dirigeants qui se disent solidaires du combat de Mandela pour la liberté, mais ne tolèrent pas l'opposition de leur propre peuple », dit-il devant un parterre de chefs d’État parmi lesquels le vice-président chinois Li Yuanchao et le président zimbabwéen Robert Mugabe, dont les régimes sont souvent dénoncés pour leurs violations des droits de l’Homme. Barack Obama s’est également fait remarquer par un geste (politico-diplomatique) qui fait date : sa poignée de main avec le président cubain Raul Castro, frère de Fidel. Un premier geste public depuis 50 ans entre les présidents de ces deux pays qui pourrait marquer un réchauffement des relations entre eux.
Barack Obama / Photo AFP
Sifflets De là à dire que Barack Obama a volé la vedette à Mandela, il n’y a qu’un pas. De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a pris la parole à son tour : « L'Afrique du Sud a perdu un père. Le monde a perdu un ami cher et un mentor ». Mais l’autre moment fort de cette cérémonie c’est le discours du président sud-africain actuel Jacob Zuma, sifflé par l’assistance qui commence déjà à quitter les lieux avant son discours. Un accueil à la mesure de son impopularité dans un pays en proie à de grosses disparités sociales et difficultés économiques. Pour apaiser l’assistance, Desmond Tutu, l’ancien archevêque anglican, accapare le micro mêlant pitreries et prières. Il bénit en fin de cérémonie un stade aux trois quarts vide en lançant un « Nous promettons à Dieu que nous allons suivre l’exemple de Nelson Mandela » auquel le public répond « Oui ». Après cette cérémonie très officielle, la dépouille de Nelson Mandela sera exposée pendant trois jours au siège du gouvernement à Pretoria d’où elle sera transférée samedi prochain dans le sud-est du pays vers le petit village Qunu. C’est là, sur la terre de ses ancêtres xhosas, que Nelson Mandela sera enterré dimanche auprès de ses parents et trois de ses enfants.