Des centaines de Tunisiens ont manifesté jeudi à Tunis, à l'occasion de la fête du Travail, contre la politique du président Kais Saied et pour demander la libération de personnalités politiques emprisonnées.
Des personnes participent à une manifestation à l'occasion de la Journée internationale du travail sur l'avenue Habib Bourghiba à Tunis, en Tunisie, le jeudi 1er mai 2025.
Le rassemblement a attiré des participants de différentes factions politiques, à l'appel de la puissante confédération syndicale tunisienne UGTT et de proches des opposants détenus.
"Nous ne sommes pas satisfaits de ce qui se passe", a déclaré un militant, Souhaieb Ferchichi, qui dénonce "une atmosphère de peur et de répression". "Ce régime est en train d'échouer", a-t-il estimé, accusant le pouvoir de ne pas respecter "la constitution et la loi".
Sur l'avenue Habib Bourguiba, principale artère de Tunis et haut lieu de la contestation, des manifestants portaient une banderole mentionnant "L'injustice est le début de la fin".
"La révolution viendra" a scandé la foule, d'où émergeaient des panneaux qualifiant le président de "tyran".
Depuis le coup de force par lequel M. Saied s'est octroyé les pleins pouvoirs à l'été 2021, ONG et opposants déplorent une régression des libertés dans le pays berceau du Printemps arabe en 2011.
La manifestation s'est déroulée quelques jours après que l'avocat Ahmed Souab, un ténor du barreau tunisien, a été placé en détention pour terrorisme.
Il avait dénoncé des pressions politiques sur les juges lors d'un récent procès, à l'issue duquel une quarantaine d'accusés, dont des figures de l'opposition, ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour complot contre l'État.
"En tant que famille, nous considérons que son arrestation est motivée par des raisons politiques", a déclaré à l'AFP Mongi Souab, le frère de l'avocat, membre de la défense lors du procès de masse.
La procédure a suscité des critiques internationales, rejetées cette semaine par M. Saied, qui a dénoncé une "ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Tunisie".
Une contre-manifestation a également rassemblé un petit groupe de partisans de M. Saied dans la capitale tunisienne.
"Le président a dit ce qu'il a dit: non à l'ingérence étrangère", a déclaré parmi eux Ridha Soula, un retraité de 70 ans.