Des militaires et miliciens ont-ils été envoyés en RDC depuis 2021 depuis le Burundi comme le rapporte une ONG ?

D’après un rapport publié par l'ONG Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB), plusieurs centaines de militaires et miliciens burundais ont été envoyés clandestinement dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis fin 2021. Objectif annoncé d'après Bujumbura : traquer le groupe rebelle RED-Tabara. 

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burundi - soldats à bujumbura
Une dizaine de soldats de l'armée burundaise équipés et déployés en marge d'une manifestation dans le quartier de Musaga. 
AP/Jerome Delay
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"Depuis plus de 10 ans, les militaires burundais et les Imbonerakure cherchent périodiquement à traquer les groupes armés d'opposition burundais en RDC. Mais l'opération actuelle est d'une ampleur et d'une durée différentes", écrit l'initiative pour les droits humains au Burundi, une ONG.

Toujours selon l'IDHB, organisation basée à l'étranger qui a recueilli de nombreux témoignages (soldats, familles, membres du parti au pouvoir et de l'opposition...), des militaires et des "Imbonerakure" - membres du mouvement de jeunesse du parti au pouvoir - ont été secrètement déployés dès décembre 2021.

Des soldats assurent avoir été contraints au silence

Selon les témoignages recueillis par cette ONG, l’envoi de troupes s'est fait clandestinement. "De nombreux militaires ont reçu l'ordre de revêtir des vêtements civils avant de passer en RDC. (...) Des responsables militaires ont également empêché les soldats d'emporter avec eux leurs pièces d'identité et leurs téléphones portables", écrit l'IDHB. 

"Plusieurs centaines de militaires burundais et d'Imbonerakure - plus de 1.000 - se seraient rendus en RDC par vagues successives depuis fin 2021. On estime qu'environ 700 s'y sont rendus à un moment donné, au début du déploiement en décembre 2021", détaille-t-elle, tout en affirmant ne pouvoir confirmer "le nombre exact de militaires et d'Imbonerakure déployés, ni le nombre d'incursions". 

Certains ont estimé qu'ils avaient été induits en erreur ou trompés. D'autres se sont sentis abandonnés.
L'initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB).

"Le Groupe d'experts de l'ONU a recueilli des informations sur 17 incursions ou opérations de l'armée burundaise et des Imbonerakure dans le territoire d'Uvira, en RDC, entre septembre 2021 et mars 2022", souligne-t-elle. "Certains Imbonerakure étaient en colère contre la façon dont ils ont été traités pendant l'opération militaire en RDC ainsi que contre le manque perçu de reconnaissance de la part des autorités burundaises pour le rôle qu'ils ont joué. Les Imbonerakure ont reçu des ordres stricts de ne pas parler de leur mission", écrit l'IDHB.  "Certains ont estimé qu'ils avaient été induits en erreur ou trompés. D'autres se sont sentis abandonnés". 

Le Burundi dément toute opération secréte

L'armée burundaise a toujours démenti toute opération secrète. Elle affirme agir uniquement dans le cadre d'interventions connues par la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), l'Union africaine ou l'ONU. 

Les autorités burundaises ont très peu communiqué d'informations aux familles des tués en RDC, dont le nombre précis n'est pas connu. 

Le Burundi fait notamment partie d'une force militaire régionale décidée en juin par l'EAC afin de lutter contre les groupes armés qui ensanglantent l'Est de la RDC. Les groupes armés enveniment les relations avec les pays voisins. 

burundi - président élu Evariste Ndayishimiye
Le président burundais Evariste Ndayishimiye a été élu le 18 juin 2020. Il est entré en fonction quelques jours après la mort de son prédécesseur Pierre Nkurunziza des suites d'une crise cardiaque. Il est resté au pouvoir pendant 14 ans. Bujumbura, Burundi - 13 juin 2020.
AP/Berthier Mugiraneza

Les terroristes du RED-Tabara revendiquent les attaques de septembre 2021

L'armée, qui annonce chaque semaine des bilans humains aussi importants qu'invérifiables à ses opérations, a plusieurs fois annoncé que le groupe jihadiste était "aux abois". "Si vous avez le droit d'engager des mercenaires pour tuer des innocents sans défense, alors nous avons le droit de vous détruire et de vous cibler", a répondu samedi l'organe de propagande du GSIM dans son message de revendication des attaques de Kati.

Créé en 2011, le RED-Tabara est le plus actif des groupes rebelles burundais. Ce mouvement, considéré comme "terroriste" par les autorités, a revendiqué en septembre une attaque contre l'aéroport international de Bujumbura, la capitale économique, théâtre de plusieurs attaques le même mois. 

En mai, le président Evariste Ndayishimiye s'est dit prêt "à dialoguer" avec les groupes rebelles burundais basés dans l'Est de la RDC.