Fil d'Ariane
Trois humanitaires du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués dans les combats au Soudan, annonce dimanche l'émissaire de l'ONU dans ce pays d'Afrique du Nord-Est sous les feux croisés depuis plus de 24 heures de l'armée et de ses rivaux paramilitaires.
Ils ont été tués "samedi en accomplissant leur travail au Darfour-Nord", dans l'ouest près du Tchad, qui a fermé sa frontière samedi à cause des violences, précise dans un communiqué Volker Perthes. Il ajoute que des "bâtiments humanitaires auraient été touchés et d'autres pillés au Darfour", bastion historique des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", gagné par les combat entre armée et paramilitaires.
Le PAM a annoncé la suspension de ses opérations au Soudan suite à cette attaque. "Nous sommes obligés de suspendre temporairement nos opérations au Soudan le temps d'analyser l'évolution de la situation sécuritaire", indique la directrice du PAM, Cindy McCain, citée dans un communiqué.
La France a exprimé "sa consternation" après le décès de ces travailleurs humanitaires du (PAM) et de l’ONG Relief International.
Paris "réitère son appel à tout mettre en œuvre pour faire cesser les combats et prévenir toute escalade" et appelle au "plein respect de la protection due aux personnels humanitaires", dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
L'armée et les paramilitaires qui s'affrontent ont annoncé ouvrir ce dimanche 16 avril à 14H00 GMT des "couloirs humanitaires" pour évacuer les blessés "pendant trois heures", se gardant des deux côtés un "droit de riposte en cas de violation" de l'accord.
Les combats, à l'arme lourde dans les rues de Khartoum et de plusieurs villes et même depuis le ciel avec l'armée de l'air qui bombarde les sièges des Forces de soutien rapide (FSR) ont tué au moins 56 civils et des "dizaines" de combattants des deux camps, selon des médecins qui dénoncent réquisitions d'ambulances, routes barrées et la mort de plusieurs praticiens dans les violences.
La communauté internationale, qui a assisté impuissante au coup d'État d'octobre 2021 et n'est pas parvenue depuis à convaincre les généraux de signer un plan de sortie de crise, multiplie les appels au cessez-le-feu. Le dernier en date est venu de Pékin alors que le pape François invitait à "prier pour que les armes soient abandonnées". La Ligue arabe se réunit aujourd'hui en urgence au Caire, à l'appel de l'Égypte et de l'Arabie saoudite, deux acteurs influents au Soudan. L'Union Africaine prévoit aussi une réunion.
Les divisions opposent le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée, et le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", à la tête des Forces de soutien rapide (FSR) - des milliers d'ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs officiels des troupes régulières. Elles ont dégénéré en violences samedi 15 avril au matin, dans les rues de ce pays de 45 millions d'habitants, parmi les plus pauvres au monde, déchiré par la guerre durant des décennies.(Re)lire : Soudan : les FSR du général Hemedti et l'armée s'affrontent pour le contrôle de Khartoum
(Re)voir : Soudan : "le conflit a pris des allures de guérilla de rue"
(Re)voir : Nouveau regain de tension au Soudan