DIRECT - Guinée : après le coup d'État, les putschistes annoncent une transition

Au lendemain du coup d'État contre le président guinéen Alpha Condé, le chef des putschistes, Mamady Doumbouya, promet lors d'un discours la mise en place d'un "gouvernement d'union nationale". Celui-ci sera chargé de conduire une période de transition. Cellou Dalein Diallo, principal opposant d'Alpha Condé, annonce soutenir les putschistes.
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Guinée Doumbouya en point presse
Mamady Doumbouya pendant son discours face aux anciens ministres et présidents des grandes institutions
© TV5MONDE
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07/09 : 11h00 (GMT) Les prisonniers politiques toujours derrière les barreaux

Les putchistes s'étaient engagés, hier à 13 heures, à la libération des opposants politiques d'Alpha Condé. 24 heures après, personne n'est encore sorti de prison.

07/09 : 08h40 (GMT) Mamady Doumbouya déclare que la concertation sera ouverte

Après avoir annoncé hier lors d'un discours la mise en place d'un "gouvernement d'union nationale" en vue d'une transition, le colonel Mamady Doumbouya précise sur son compte Twitter que la concertation sera ouverte à toutes les forces politiques du pays. 

06/09 : 17h00 (GMT) Cellou Dalein Diallo prend la parole

"Le CNRD (Comité national du rassemblement et du développement) peut compter sur le soutien de l'ANAD (Alliance Nationale pour l'Alternance et la Démocratie) dans l'effort qui vise à construire une démocratie apaisée dans notre pays" a déclaré Cellou Dalein Diallo, opposant de longue date du président Alpha Condé, dont vous pouvez retrouver l'intégralité du propos ci-dessous.

06/09 :  13h00 (GMT) Mise en place d'un nouveau gouvernement "d'union nationale" 

En présence des plus hauts représentants du régime d'Alpha Condé, Mamady Doumbouya, le chef des putschistes, a promis la mise en place d'un "gouvernement d'union nationale" chargé de conduire une période de "transition" politique. Il a aussi assuré qu'il n'y aurait pas de "chasse aux sorcières" contre l'ancien pouvoir.

"Une concertation sera ouverte pour décrire les grandes lignes de la transition, ensuite un gouvernement d'union nationale sera mis en place pour conduire la transition", a dit le lieutenant-colonel Doumbouya, sans toutefois préciser la durée de la concertation ni de la transition.

(Re)lire : Élection en Guinée : Alpha Condé, de l'opposant historique au symbole de la présidence à vie

Photo Alpha Condé entouré de soldats putschistes dimanche 5 septembre 21
Photo relayée sur les réseaux sociaux du président de la République de Guinée, Alpha Condé, entouré de soldats putschistes, le dimanche 5 septembre 2021.
© Twitter

06/09 :  12h00 (GMT) Le chef de la junte souhaite rassurer les partenaires économiques de la Guinée

Lors de cette première apparition en public au lendemain d'un putsch éclair, le commandant des forces spéciales s'est adressé en uniforme aux anciens ministres et présidents des grandes institutions, sous une vaste tente placée à l'extérieur du Palais du peuple, le siège du Parlement. Le nouvel homme fort du pays a été salué à son arrivée par des centaines de Guinéens accrochés aux grilles et criant "liberté, liberté !" ou "vive l'armée!".

Dans son discours, le chef de la junte a rapidement tenté de rassurer les partenaires et investisseurs étrangers en déclarant que les nouveaux maîtres de Conakry tiendraient leurs engagements. Il a aussi demandé aux compagnies minières de poursuivre leurs activités. La Guinée étant un important producteur de bauxite et de minerai.

Le comité désormais à la tête du pays "assure les partenaires qu'il respectera toutes ses obligations (ainsi que les) conventions minières, et rappelle son engagement à favoriser les investissements étrangers dans le pays", a déclaré le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya.

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06/09 :  09h00 (GMT) Convocation des ministres à 11H00, heure locale

Les militaires ont dressé à l'entrée du centre-ville des barrages contrôlés par des soldats des forces spéciales assistés de quelques hommes du Bataillon autonome des troupes aéroportées. Des soldats armés et encagoulés interdisaient d'approcher le palais présidentiel.

Les putschistes ont convoqué les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion à 11H00 (locales et GMT) au Palais du peuple, siège du Parlement, dans un format qu'ils n'ont pas précisé. "Tout refus de se présenter sera considéré comme une rébellion", ont-ils prévenu. Un collectif qui avait mobilisé pendant des mois contre un troisième mandat du président Condé a indiqué que ses membres emprisonnés seraient libérés vers 11H30.

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06/09 : 06h00 (GMT) La Belgique condamne la prise de pouvoir par les armes

Sur Twitter, la Belgique, par la voix de sa ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès, "se joint à l'ensemble de la communauté internationale pour condamner la prise de pouvoir par les armes".

05/09 : 21h00 (GMT) La France appelle à la libération du président Condé

La France "condamne la tentative de prise de pouvoir par la force" en Guinée et appelle à "la libération immédiate et sans condition du président (Alpha) Condé", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié dimanche 5 septembre au soir. 

tweet diplomatie france condé
Capture d'écran du compte Twitter du ministère des Affaires étrangères français

Paris "se joint à l'appel de la communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour condamner la tentative de prise de pouvoir par la force" survenue dimanche 5 septembre et "demander le retour à l’ordre constitutionnel", écrit le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay.

Quelques heures plus tôt, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "fermement" condamné dans un tweet "toute prise de pouvoir" en Guinée "par la force du fusil". Il appelle les putschistes à libérer Alpha Condé, âgé de 83 ans.

05/09 : 20h00 (GMT) Couvre-feu dans tout le pays

Les officiers des forces spéciales ont annoncé l'instauration d'un couvre-feu dans tout le pays "jusqu'à nouvel ordre" ainsi que le remplacement des gouverneurs et préfets par des militaires dans les régions.

"Le couvre-feu est instauré à partir de 20H00 sur toute l'étendue du territoire national et ce jusqu'à nouvel ordre", ont annoncé les militaires, laissant supposer qu'il était permanent. Ils ont cependant appelé les fonctionnaires à se rendre au travail lundi.

"Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous (...) de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions", dont le gouvernement, a dit, dans une vidéo, le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au nom d'un "Comité national du rassemblement et du développement", au côté de putschistes en uniforme et en armes.

Il a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ce pays d'Afrique de l'Ouest plongé depuis des mois dans une grave crise économique et politique.

Dénonçant la "gabegie", le lieutenant-colonel Doumbouya, enveloppé dans un drapeau guinéen, a ensuite promis d'"engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée", dans une déclaration à la télévision nationale qui a interrompu ses programmes.

Pour le politologue Amadou-Sadjo Barry, le putsch de ce dimanche était plus que prévisible.

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05/09 : 15h30 (GMT) Le communiqué du ministère de la Défense publié sur Facebook

Le ministère de l'Information et de la Communication a publié l'intégralité du communiqué du ministère de la Défense sur sa page Facebook.
Selon les autorités guinéennes, "Les opérations de sécurisation et de ratissage se poursuivent pour rétablir l'ordre et la paix.
Monsieur le Président de la République, Commandant en chef des Forces Armées, son Excellence Professeur Alpha Condé, et le Gouvernement appellent les populations au calme et les invitent à la vigilance pendant toute la durée des opérations militaires."

05/09 : 14h30 (GMT) Déclaration des putschistes à la télévision nationale

Les putschistes se sont exprimés à la télévision nationale guinéenne et déclarent avoir capturé le président Alpha Condé. Ils annoncent la dissolution de la Constitution

rtg putschistes guinee
Des militaires putschistes s'expriment à la télévision nationale guinéenne, le 5 septembre 2021.

05/09 : 14h00 (GMT) Le ministère de la Défense dit avoir repoussé les insurgés

De son côté, le ministère de la Défense affirme dans un communiqué que "les insurgés (avaient) semé la peur" à Conakry avant de prendre la direction du palais présidentiel, mais que "la garde présidentielle, appuyée par les forces de défense et de sécurité, loyalistes et républicaines, ont contenu la menace et repoussé le groupe d'assaillants".

05/09 : 13h30 (GMT) Des vidéos du président guinéen et du chef des putschistes

Les photos et vidéos circulent déjà sur les réseaux sociaux. L'AFP diffuse celle du président de la Guinée, Alpha Condé, assis dans un canapé, entouré de soldats en armes. Des membres de forces spéciales auteurs ce dimanche 5 septembre d'une probable tentative de coup d'Etat toujours en cours à la mi-journée.

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Une autre vidéo circule, reçue également par un correspondant de l'AFP, montrant le Commandant des forces spéciales Mamady Doumbouya annonçant la dissolution des institutions.

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Le film des événements

Des tirs nourris d'armes automatiques ont retenti dimanche matin dans le centre de Conakry, capitale de la Guinée, et de nombreux soldats étaient visibles dans les rues, ont rapporté plusieurs témoins à l'AFP.

Aucune explication n'était disponible dans un premier temps sur les raisons de cet accès de tension sur la presqu'île de Kaloum, centre de Conakry, où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d'affaires.

Les autorités sont restées jusqu'alors silencieuses sur la situation.

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Un journaliste témoigne de la situation dans les rues de Kaloum à Conakry, le quartier de la présidence et des institutions, ce dimanche 5 septembre au matin après que des tirs en rafales ont été entendus.

Des habitants joints au téléphone à Kaloum ont fait état de tirs soutenus. S'exprimant sous le couvert de l'anonymat pour leur sécurité, ils ont dit avoit vu de nombreux soldats intimant aux résidents de rentrer chez eux et de ne pas en sortir.

L'accès à la presqu'île de Kaloum est restreint du fait de sa géographie. Les forces de sécurité peuvent aisément la bloquer.

(Re) voir : Guinée : Alpha Condé prête serment pour un troisième mandat controversé

(Re)voir : Guinée : Mamadou Oury Barry, manifestant emprisonné et mort en détention

La question du troisième mandat du président marquée par des violences meurtrières

Depuis des mois, ce pays d'Afrique de l'Ouest parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables est en proie à de profondes crises politique et économique, aggravées par la pandémie de Covid-19.

La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat le 18 octobre 2020 a provoqué avant et après l'élection des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L'élection a été précédée et suivie par l'arrestation de dizaines d'opposants.

M. Condé, 83 ans aujourd'hui, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des "bourrages d'urnes" et des irrégularités de toutes sortes.

Des défenseurs des droits humains fustigent une dérive autoritaire observée au cours des dernières années de la présidence Condé et remettant en cause les acquis du début.

(Re)voir : Guinée : "Nous proposons des États généraux sur la gouvernance politique"

(Re)lire : Alpha Condé, ex-opposant historique accusé de dérive autoritaire

Un lourd passé de décennies de régimes autoritaires

M. Condé, ancien opposant historique, emprisonné et même condamné à mort, était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires.

Les militaires s'étaient emparés du pouvoir par la force en 2008 après la mort du président Lansana Conté.

M. Condé a rejoint aux yeux de ses adversaires et de maints défenseurs de la démocratie les rangs des dirigeants africains se maintenant au pouvoir au-delà du terme prévu, de plus en plus souvent en usant d'arguments légaux.

Il avait fait adopter en mars 2020, malgré une contestation déjà vive, une nouvelle Constitution pour, disait-il, "moderniser (les) institutions" et, par exemple, accorder une plus grande place aux femmes et aux jeunes.

L'opposition dénonçait un "coup d'Etat" constitutionnel. La contestation a été à plusieurs reprises durement réprimées.

M. Condé se targue d'avoir fait avancer les droits humains et d'avoir redressé un pays qu'il dit avoir trouvé en ruines.

Il se défendait en octobre 2020 sur Radio France Internationale et France 24 de vouloir instaurer une "présidence à vie". La nouvelle Constitution lui permet théoriquement de se représenter dans six ans, une éventualité sur laquelle il s'est gardé de se prononcer.

(Re)voir : Guinée : "Nous sommes encore en 2020 dans la continuité d'une culture politique autoritaire"

(Re)voir : Élection présidentielle en Guinée : "Seule la Ceni peut demander le recomptage des voix"