DIRECT - La France et ses partenaires européens retirent leurs opérations militaires du Mali

La France, ses partenaires européens et le Canada ont annoncé le 17 février le retrait du Mali des opérations militaires antidjihadistes Barkhane et Takuba du fait de la dégradation des relations avec la junte à Bamako. Dans une déclaration conjointe, les partenaires internationaux indiquent souhaiter "étendre leur soutien" aux pays du Golfe de Guinée.

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macron et charles michel
Emmanuel Macron a reçu mercredi 16 février plusieurs dirigeants européens et africains pour discuter de l'avenir de la présence militaire française au Mali. Parmi eux, le président du conseil européen Charles Michel. 
Francois Mori/AP
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"Les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies" et les pays ont décidé "le retrait coordonné" du Mali, tout en assurant de leur "volonté de rester engagés dans la région" du Sahel en proie à la contagion jihadiste. En raison de la dégradation des relations avec la junte à Bamako, Paris, ses partenaires européens et le Canada annoncent dans une déclaration conjointe le retrait du Mali des opérations militaires antijihadistes Barkhane et Takuba. 

Les partenaires internationaux mobilisés au Sahel, dont la France, souhaitent toutefois "étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d'Afrique de l'Ouest" pour contenir la menace jihadiste, selon une déclaration conjointe publiée jeudi.

"Afin de contenir la potentielle extension géographique des actions des groupes armés terroristes en direction du Sud et de l'Ouest de la région, les partenaires internationaux indiquent leur volonté d'envisager activement d'étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest, sur la base de leurs demandes", soulignent-ils dans la foulée de l'annonce du retrait militaire des Français du Mali.

Les autorités maliennes réagissent 


Dans un communiqué publié vendredi, les autorités maliennes ont appelé la France à "retirer, sans délai" les forces "Barkhane et Takuba". Une demande justifiée, dans le communiqué, par des "manquements répétés des accords de défense". 
 

Le Mali offre aux pays européens engagés dans Takuba de coopérer dans un cadre bilatéral

Le ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, et celui des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, ont reçu les ambassadeurs des pays européens contribuant à Takuba, a indiqué un communiqué de l'armée. Abdoulaye Diop a déclaré que " tous les partenaires qui veulent travailler avec le Mali pour la sécurisation de son territoire (...) sont les bienvenus. [..] Le Mali reste et demeure disponible pour les échanges" dans un cadre de "dialogue bilatéral".

L'Union européenne doit préparer l'après-Barkhane

L'Union européenne va vérifier si les conditions et les garanties sont remplies pour le maintien de ses missions de formation au Mali après le retrait militaire de la France et de ses partenaires européens de ce pays.

"J'ai envoyé une mission au Mali afin de vérifier avec les autorités maliennes sous quelles conditions et sous quelles garanties nous pourrions envisager la possibilité de garder ou de ne pas garder notre travail de mission de formation. La réponse viendra dans les prochains jours", a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne au siège de l'Otan où il participe à une réunion des ministres de la défense de l'Alliance.

L'ONU devra "s'adapter"

Le retrait des forces françaises du Mali aura un "impact" pour la mission de l'ONU dans ce pays, qui fera le nécessaire pour "s'adapter", a indiqué son porte-parole Olivier Salgado ce 17 février. 

Olivier Salgado a invoqué le "rôle spécifique et complémentaire que joue (l'opération antijihadiste française) Barkhane dans la lutte contre le terrorisme et de l’appui in extremis que cette opération nous apporte". le porte-parole faisait référence à l'autorisation, donnée par la résolution du Conseil de sécurité portant mandat de la Minusma. Elle permet aux forces françaises d'intervenir en appui des Casques bleus "en cas de menace grave et imminente".

Barkhane et la Minusma coopèrent dans d'autres domaines, comme celui sanitaire.

Une décision bien accueillie en France

La commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat a salué la décision. tout en précisant que la question sera débattue à l'Assemblée nationale et au Sénat.

"Le retrait de Barkhane du Mali était devenu inévitable dès lors que la junte malienne avait tourné le dos à la transition démocratique, multiplié les gestes hostiles envers la France, fait obstruction aux opérations militaires de notre armée et de nos alliés européens et invité le groupe Wagner à se déployer sur son territoire", affirme la commission dans un communiqué.

Son président Christian Cambon (Les Républicains) rend "hommage à nos morts et à nos blessés au cours de ces neuf années d'intervention".

La commission du Sénat estime que ces orientations "vont dans le bon sens", mais souligne que "le Parlement devra être pleinement informé des modalités de cette réorganisation".

Le gouvernement organisera la semaine prochaine deux débats au Parlement sur "l'engagement de la France au Sahel", mardi 22 février devant l'Assemblée nationale et le lendemain devant le Sénat.


Le résumé de la conférence de presse par Mylène Girardeau : 

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Une conférence de presse sur le retrait militaire

  • 11h00 GMT - L'Union européenne va vérifier si les conditions et les garanties sont remplies pour le maintien de ses missions de formation au Mali.
    • "J'ai envoyé une mission au Mali afin de vérifier avec les autorités maliennes sous quelles conditions et sous quelles garanties nous pourrions envisager la possibilité de garder ou de ne pas garder notre travail de mission de formation. La réponse viendra dans les prochains jours", a déclaré Josep Borrell, haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères.
  • 10h45 GMT - La ministre de la Défense allemande se dit "sceptique" quant à la prolongation de sa mission au Mali.
    •  "Je dois dire que je suis très sceptique quant à une éventuelle prolongation du mandat de participation à l'EUTM", la mission de formation militaire de l'UE à laquelle participe l'Allemagne, a-t-elle fait valoir.
  • 10h35 GMT - Le porte-parole de la mission de l'ONU au Mali estime que le retrait français aura un impact pour la mission onusienne.
    •  Cet impact "est actuellement à l'étude", ajoute Olivier Saldago, porte-parole de Minusma. "Nous prendrons les dispositions nécessaires pour nous adapter au nouveau contexte en vue de pouvoir poursuivre la mise en œuvre de notre mandat", a-t-il dit.
  • 10h15 GMT - Comment Emmanuel Macron justifie le retrait militaire du Mali ? 
    • Écoutez les explications de notre envoyé spécial à l'Élysée Guillaume Villadier
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  • 9h35 GMT- Combien de soldats français encore présents au Mali ? 
    • L'état-major des armées affirme qu'encore 2 500 à 3 000 soldats français seront toujours présents au Mali après le retrait, qui doit intervenir d'ici 6 mois maximum.
  • 9h10 GMT - "Il ne faut pas confondre ce qu'il se passe là avec d'autres sujets géopolitiques qui nous préoccupent"
    • Selon Emmanuel Macron, les mercenaire russes du groupe Wagner "utilisent l'insécurité liée au terrorisme" pour justifier leur coopération avec la junte au pouvoir au Mali, plutôt que de travailler avec les partenaires européens. Par ailleurs, il invite à ne pas faire d'amalgames avec les tensions entre la Russie et l'Ukraine.  
conf de presse
Guillaume Villadier
 
  • 9h00 GMT -  "Au delà de l'Europe, il faut que tout le monde s'y mette"
    • Le président du Sénégal Macky Sall défend une plus grande défense du terrorisme sur le continent. "Il faut que les Nations unies assument leurs responsabilités (...) c'est ça que nous attendons de la communauté internationale", a-t-il martelé. 
    • "Les Africains eux-mêmes se sont engagés très sérieusement et nous apprécions naturellement le soutien de l'Europe de la France en particulier dans ce combat", a estimé le président sénégalais.
  • 8h45 GMT - "Que se serait-il passé si ?"
    • Interrogé sur son sentiment vis à vis des opérations militaires au Mali, Emmauel Macron dresse un bilan positif et estime que sans l'intervention française,"vous auriez eu à coup sûr un effondrement de l'État malien" selon lui.

Par la structuration du G5 Sahel, nous avons commencé à consolider très fortement les armées africaines de la région et donc leur sitation est aujourd'hui très différente de celle d'il y a neuf ans. Emmanuel Macron, président français

  • 8h40 GMT  - Charles Michel, président du Conseil européen plaide pour un partenariat "emprunt de principes refondés" pour "faire progresser la paix et la sécurité" mais aussi "le développement et la prospérité".
  • 8h30 GMT - "Avec l'accord des autorités nigériennes, des éléments euro seront repositionnées aux côtés des forces armées nigériennes dans la région frontalière du Mali" annonce Emmanuel Macron. 
    • Le président français estime que la fermeture des dernières bases françaises au Mali prendra entre 4 et 6 mois.
    • Les missions de sécurisation de la Minusma,  la Mission de l'Onu au Mali, seront toujours assurées.
  • 8h25 GMT - Le président du Sénégal Macky Sall prend la parole après Emmanuel Macron, qui souhaite mettre en place un "modèle de partenariat respectueux, équilibré" dans la région.

La lutte contre le terrorisme est devenu un défi majeur pour l'Afrique.
Macky Sall, président du Sénégal

  • 8h15 GMT - Emmanuel Macron salue le rôle "fédérateur" que la France a joué au Mali, depuis le début de l'action militaire dans la région.
    • ​"La France a joué un rôle fédérateur de cette mobilisation internationale en faveur du Sahel où ce sont désormais près de 25 000 hommes qui sont déployés au titre des différentes missions internationales", a-t-il déclaré.

La fin de neuf ans de présence militaire  

La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes jihadistes qui sévissent aussi dans d'autres Etats sahéliens. Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération antijihadiste régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.

Mais depuis plusieurs mois, les relations entre les deux pays, alliés au Sahel face au terrorisme, se sont détériorées. L e gouvernement malien a été renversé lors d'un double coup d'État en 2020 et en 2021, aboutissant à l'arrivée au pouvoir d'une junte qui refuse d'organiser des élections avant plusieurs années et qui surfe sur un sentiment antifrançais croissant dans la région.

Mises au ban par les Etats ouest-africains, les autorités maliennes fustigent la présence militaire occidentale sur leur sol et font désormais appel, selon les Européens, aux mercenaires russes de la société Wagner.

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