Fil d'Ariane
La France, ses partenaires européens et le Canada ont annoncé le 17 février le retrait du Mali des opérations militaires antidjihadistes Barkhane et Takuba du fait de la dégradation des relations avec la junte à Bamako. Dans une déclaration conjointe, les partenaires internationaux indiquent souhaiter "étendre leur soutien" aux pays du Golfe de Guinée.
"Les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies" et les pays ont décidé "le retrait coordonné" du Mali, tout en assurant de leur "volonté de rester engagés dans la région" du Sahel en proie à la contagion jihadiste. En raison de la dégradation des relations avec la junte à Bamako, Paris, ses partenaires européens et le Canada annoncent dans une déclaration conjointe le retrait du Mali des opérations militaires antijihadistes Barkhane et Takuba.
Les pays sahéliens et voisins, les partenaires internationaux, se sont réunis hier à l’Élysée pour échanger sur la lutte contre la menace terroriste et le soutien à la paix et à la sécurité au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Leur déclaration conjointe :https://t.co/vXMf8CwDOb
— Élysée (@Elysee) February 17, 2022
Les partenaires internationaux mobilisés au Sahel, dont la France, souhaitent toutefois "étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d'Afrique de l'Ouest" pour contenir la menace jihadiste, selon une déclaration conjointe publiée jeudi.
"Afin de contenir la potentielle extension géographique des actions des groupes armés terroristes en direction du Sud et de l'Ouest de la région, les partenaires internationaux indiquent leur volonté d'envisager activement d'étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest, sur la base de leurs demandes", soulignent-ils dans la foulée de l'annonce du retrait militaire des Français du Mali.
Communiqué du Gouvernement du Mali suite à la décision de retrait des militaires de Barkhane et Takuba par les autorités françaises. pic.twitter.com/jGsJvnCoKj
— Amb. Abdoulaye Diop (@AbdoulayeDiop8) February 18, 2022
Le ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, et celui des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, ont reçu les ambassadeurs des pays européens contribuant à Takuba, a indiqué un communiqué de l'armée. Abdoulaye Diop a déclaré que " tous les partenaires qui veulent travailler avec le Mali pour la sécurisation de son territoire (...) sont les bienvenus. [..] Le Mali reste et demeure disponible pour les échanges" dans un cadre de "dialogue bilatéral".
L'Union européenne va vérifier si les conditions et les garanties sont remplies pour le maintien de ses missions de formation au Mali après le retrait militaire de la France et de ses partenaires européens de ce pays.
"J'ai envoyé une mission au Mali afin de vérifier avec les autorités maliennes sous quelles conditions et sous quelles garanties nous pourrions envisager la possibilité de garder ou de ne pas garder notre travail de mission de formation. La réponse viendra dans les prochains jours", a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne au siège de l'Otan où il participe à une réunion des ministres de la défense de l'Alliance.
Le retrait des forces françaises du Mali aura un "impact" pour la mission de l'ONU dans ce pays, qui fera le nécessaire pour "s'adapter", a indiqué son porte-parole Olivier Salgado ce 17 février.
Olivier Salgado a invoqué le "rôle spécifique et complémentaire que joue (l'opération antijihadiste française) Barkhane dans la lutte contre le terrorisme et de l’appui in extremis que cette opération nous apporte". le porte-parole faisait référence à l'autorisation, donnée par la résolution du Conseil de sécurité portant mandat de la Minusma. Elle permet aux forces françaises d'intervenir en appui des Casques bleus "en cas de menace grave et imminente".
Barkhane et la Minusma coopèrent dans d'autres domaines, comme celui sanitaire.
La commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat a salué la décision. tout en précisant que la question sera débattue à l'Assemblée nationale et au Sénat.
"Le retrait de Barkhane du Mali était devenu inévitable dès lors que la junte malienne avait tourné le dos à la transition démocratique, multiplié les gestes hostiles envers la France, fait obstruction aux opérations militaires de notre armée et de nos alliés européens et invité le groupe Wagner à se déployer sur son territoire", affirme la commission dans un communiqué.
Son président Christian Cambon (Les Républicains) rend "hommage à nos morts et à nos blessés au cours de ces neuf années d'intervention".
La commission du Sénat estime que ces orientations "vont dans le bon sens", mais souligne que "le Parlement devra être pleinement informé des modalités de cette réorganisation".
Le gouvernement organisera la semaine prochaine deux débats au Parlement sur "l'engagement de la France au Sahel", mardi 22 février devant l'Assemblée nationale et le lendemain devant le Sénat.
Le résumé de la conférence de presse par Mylène Girardeau :
Que se serait-il passé en 2013 si la France n'avait pas fait le choix d'intervenir ? pic.twitter.com/kEw63vNTT8
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 17, 2022
Par la structuration du G5 Sahel, nous avons commencé à consolider très fortement les armées africaines de la région et donc leur sitation est aujourd'hui très différente de celle d'il y a neuf ans. Emmanuel Macron, président français
Depuis 2013, à la demande des autorités maliennes et des autorités de la région, la France a joué un rôle fédérateur de cette mobilisation internationale en faveur du Sahel. Nous continuerons à assurer ce rôle. pic.twitter.com/WUXVaQnYln
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 17, 2022
La lutte contre le terrorisme est devenu un défi majeur pour l'Afrique.
Macky Sall, président du Sénégal
La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes jihadistes qui sévissent aussi dans d'autres Etats sahéliens. Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération antijihadiste régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.
Le Dilem du jour pic.twitter.com/uy5fxsYYrh
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) February 17, 2022
Mais depuis plusieurs mois, les relations entre les deux pays, alliés au Sahel face au terrorisme, se sont détériorées. L e gouvernement malien a été renversé lors d'un double coup d'État en 2020 et en 2021, aboutissant à l'arrivée au pouvoir d'une junte qui refuse d'organiser des élections avant plusieurs années et qui surfe sur un sentiment antifrançais croissant dans la région.
Mises au ban par les Etats ouest-africains, les autorités maliennes fustigent la présence militaire occidentale sur leur sol et font désormais appel, selon les Européens, aux mercenaires russes de la société Wagner.