Direct-Tchad : une cinquantaine de morts lors des manifestations contre le pouvoir militaire à N'Djamena

Le bilan meurtrier des manifestations contre le pouvoir à N'Djamena s'alourdit considérablement. Selon le Premier ministre, il y a une cinquantaine de morts et une centaine de blessés ce jeudi 20 octobre dans la capitale tchadienne dans des affrontements opposant police et manifestants. Le couvre-feu est instauré.
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tchad fuite 20 10 2022
Djimet WICHE / AFPTV / AFP
Des manifestants courent se mettre à l'abri, N'Djamena, 20 octobre 2022.
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tchad deby fils
AP
Mahamat Idriss Deby,lors des funerailles de son père le 23 avril 2021 en présence d'Emmanuel Macron. Entouré d'une quinzaine de généraux il est à la tête du pouvoir militaire qui dirige le Tchad.
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21H30 TU. Pour Éric Topona, "rien ne justifie un tel acharnement"

Invité sur le plateau du Journal Afrique, Éric Topona , auteur du livre "Essai pour la Refondation du Tchad", (éd. l'Harmattan), affirme que "rien ne justifie un tel acharnement contre des manifestants". Le journaliste, spécialiste du Tchad, parle d'un "carnage".

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20H15 TU. L'UE dénonce "l'usage excessif de la force" au Tchad

L'Union européenne a "fermement" condamné jeudi 20 octobre, la répression de manifestations au Tchad qui a fait une cinquantaine de morts, dénonçant "l'usage excessif de la force".

"La répression des manifestations et l'usage excessif de la force constituent de graves atteintes aux libertés d'expression et de manifestation qui fragilisent le processus de transition en cours", a souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dans un communiqué.


16H52 TU. Manifestations au Tchad : "une cinquantaine" de morts et "plus de 300 blessés".

Les manifestations meurtrières ont fait une "cinquantaine" de morts à travers le pays, déclare le Premier ministre Saleh Kebzabo, qui a annoncé la "suspension de toute activité" d'importants groupes d'opposition et un couvre-feu.

"Il y a eu une cinquantaine de morts surtout à N'Djamena, Moundou et Koumra et plus de 300 blessés", a-t-il affirmé, précisant que le couvre-feu de "18H à 6H du matin" durera jusqu'au "rétablissement total de l'ordre" à N'Djamena, à Moundou, à Doba et à Koumra et a prévenu que le gouvernement "fera régner l'ordre sur l'ensemble du territoire et ne tolèrera plus aucune dérive d'où qu'elles viennent".


16h45 TU. Une ONG française de défense des droits humains demande l'arrêt du soutien au régime tchadien et une enquête internationale

L'ACAT-France, ONG engagée dans la défense des droits humains, contre la torture et la peine de mort, publie un communiqué pour demander à la France "d'arrêter son soutien tacite au régime tchadien et appelle à une enquête internationale" après les manifestations meurtrières qui ont fait une cinquantaine de morts selon le chef du gouvernement tchadien.

16h33 TU : une "cinquantaine" de morts et "couvre-feu" instauré selon le Premier ministre après les manifestations meurtrières

Le chef du gouvernement tchadien Saleh Kebzabo a annoncé un nouveau bilan à la hausse des violences entre manifestants et forces de l'ordre : une cinquantaine de personnes sont mortes et il y a "une centaine de blessés".

Un couvre-feu est instauré, selon la même source.

16h05 TU : Tchad: l'ONU demande une enquête sur les décès et déplore les violences

Les Nations unies ont déploré les violences et demandé une enquête sur les décès au Tchad lors d'affrontements jeudi entre police et manifestants, réunis à l'appel de l'opposition contre le maintien au pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno.

"Nous déplorons le recours à la force meurtrière contre les manifestants au Tchad. Les autorités de transition doivent garantir la sécurité et la protection des droits de l'Homme, y compris la liberté d'expression et de réunion pacifique. Les violations signalées doivent faire l'objet d'une enquête", a indiqué dans un tweet le Haut commissariat des droits de l'Homme de l'ONU.

15h15 TU : Le journaliste tchadien Oredjé Narcisse tué par balle

Le site d'informations Tchadinfos annonce la mort du journaliste Oredjé Narcisse à Chagoua, dans la capitale NDjamena, où dès le matin tirs se faisaient entendre lors d'échauffourés entre manifestants et forces de l'ordre.

Selon le témoignage d'un proche, cité par Tchadinfos, Oredjé Narcisse a été mortellement touché par une balle alors qu'il se trouvait chez lui, où il s'était réfugié pour se protéger. 

Après avoir travaillé chez Tchadinfos quelques années, Oredjé Narcisse avait lancé sa boîte de production.

13h40 TU : Le président de la Commission de l'UA condamne la répression

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine (UA), a "condamné fermement" la répression des manifestations, appelant "les parties au respect des vies humaines et des biens" et a "privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise", a-t-il réagi sur Twitter. 

12H50 TU : le bilan s'alourdit. Une trentaine de personnes tuées dans les affrontements.

Une "trentaine" de personnes, dont une "dizaine" de membres des forces de sécurité, ont été tuées et plusieurs autres blessées jeudi lors d'affrontements à N'Djamena entre police et manifestants, selon le porte-parole du gouvernement tchadien Aziz Mahamat Saleh.

Les manifestants étaient réunis à l'appel de l'opposition tchadienne contre l'extension de la période de transition par le pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno.

À N'Djamena, la capitale du pays, "les manifestants ont attaqués des édifices publics, le gouvernorat, le siège du parti du Premier ministre, celui du président de l'Assemblée nationale" a-t-il ajouté qualifiant cette manifestation, interdite mercredi par les autorités, d'"insurrection".

Au moins 5 personnes tuées par balles selon l'AFP

Le bilan humain s'est considérablement alourdi. Initialement, un journaliste de l'AFP a vu les cadavres de cinq personnes, dont deux recouvertes du drapeau national et trois de draps blancs ensanglantés, allongées sur le sol de l'hôpital situé dans 7e arrondissement, épicentre des manifestations dans la capitale. Ces cinq personnes ont été "tuées par balle", a précisé à l'AFP le médecin-chef de l'hôpital de l'Union Chagoua, Joseph Ampil.

Tchad dépouilles 20 10 2022
Plusieurs corps recouverts de drapeaux tchadiens à l'hôpital de l'Union de Chagoua après de violents heurts opposant police et manifestants, N'Djamena, 20 octobre 2022.
Djimet WICHE / AFPTV / AFP
La Croix-Rouge du Tchad a indiqué avoir déployé "une dizaine d'équipes" dans les arrondissements sous tension de la capitale. "Nous prodiguons les premiers soins et nous acheminons des dizaines de blessés en véhicule jusqu'aux hôpitaux", a déclaré à l'AFP son président, Khalla Ahmat Senoussi.

Sollicitées par l'AFP, les autorités n'avaient pas réagi à la mi-journée.
 

Condamnation de la France des violences contre les manifestants

La France, par la voix du ministère des Affaires étrangères, a "condamné" les violences. "Des violences sont survenues ce matin au Tchad, avec notamment l'utilisation d'armes létales contre les manifestants, ce que la France condamne", a souligné le Quai d'Orsay, dans un communiqué affirmant que Paris ne joue "aucun rôle dans ces événements".

Ces affrontements se déroulent après la prolongation pour deux ans de la "transition" qui devait s'achever ce jeudi 20 octobre. Mais fin septembre, Mahamat Idriss Déby Itno a finalement été maintenu à la tête de l'Etat jusqu'à des élections libres et démocratiques, censées se tenir à l'issue d'une deuxième période de transition et auxquelles M. Déby pourra se présenter.

Ce maintien, à l'issue d'un Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) boycotté par une grande partie de l'opposition, a achevé de braquer les oppositions politiques et armées et embarrasse une communauté internationale qui avait pourtant adoubé M. Déby il y a 18 mois.

Le 20 avril 2021, à l'annonce de la mort du maréchal Déby, tué par des rebelles en se rendant au front, l'armée avait proclamé son fils Mahamat Déby président de la République à la tête d'une junte de 15 généraux, pour une période de transition de 18 mois devant mener à des élections.

Des nuages de fumée noire étaient visibles et des tirs de gaz lacrymogène se faisaient régulièrement entendre dans la capitale ce matin, tandis que des barricades ont été dressées dans plusieurs quartiers de la ville et que des pneus sont brûlés sur les principaux axes routiers, selon les journalistes de l'AFP à N'Djamena.

La manifestation avait été interdite mercredi 19 octobre par les autorités.

"Dialogue de façade"

"Je suis sorti manifester pour dénoncer ce dialogue de façade pour pérenniser un système et réclamer un changement du pouvoir. En 31 ans, on n'a pas vu de changement positif dans notre pays", a déclaré à l'AFP, Abass Mahamat, 35 ans.

Dans le centre de la capitale, les commerces du marché central ont baissé le rideau. "On nous a dit qu'il y a une manifestation dans la ville et je suis venu comme les autres collègues pour rester devant mon magasin pour éviter des pillages", a expliqué à l'AFP, Mahamat Mboudou, les yeux rivés sur son téléphone pour suivre les évènements au sud de la ville.

Dans le 6eme arrondissement, fief de l'opposition où est également situé le domicile du Premier ministre Saleh Kebzabo, les rues sont désertes. Des pneus, des troncs d'arbre, des amas de briques, jonchent les rues, a constaté un autre journaliste de l'AFP. Les établissements scolaires et universitaires sont fermés.

Le siège du parti de M. Kebzabo, l'Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), a été pris pour cible par les manifestants et a été "en partie incendié", a indiqué à l'AFP le vice-président du parti, Célestin Topona.

Opposant historique à Idriss Déby Itno, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 30 ans, M. Kebzabo avait rallié il y a 18 mois le gouvernement nommé par la junte militaire dirigée par le fils de l'ancien chef de l'Etat. Il a été nommé à la tête du gouvernement le 12 octobre.

"Ils nous tirent dessus. Ils tuent notre peuple. Les soldats du seul général qui a refusé d'honorer sa parole et aujourd'hui c'est la fin des 18 mois, voilà comment il entend installer la dynastie en tuant le peuple", a déclaré dans un message sur Twitter Succès Masra, l'un des principaux opposants du parti Les Transformateurs, qui avait lancé mercredi un appel à manifester pacifiquement.