Djibouti : la plus grande base militaire française en Afrique

Emmanuel Macron se rendra ce vendredi 20 décembre 2024 soir à Djibouti où il partagera un repas de Noël avec les militaires français déployés sur cette base stratégique. Le président français rencontrera également son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, quelques mois après le renouvellement du partenariat de défense entre les deux pays.

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Détroit djibouti
Le port de Djibouti donne sur le détroit de Bab-el-Mandeb. PLus de 40% du pétrole mondial passe par ce corridor de 28 kilomètres de large.
 
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Plus grande base militaire française en Afrique avec ses 1 500 soldats des trois armées (terre, mer, air), Djibouti est aujourd'hui l'une des dernières bases tricolores sur le continent. Poussée hors du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023, la France a également été contrainte de réduire ses effectifs au Gabon et en Côte d’Ivoire, en plus d’être devenue indésirable au Tchad et au Sénégal.

Djibouti est une zone stratégique de 23 000 km² et d’un million d’habitants. Ce petit pays d’Afrique de l’Est est situé à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb, où transite 30 % du commerce mondial.

Pour la France, Djibouti représente le plus gros contingent à l'étranger. Les militaires français bénéficient d'une liberté d'action et d'entraînement exceptionnelle. Depuis cette base, la France peut aussi accueillir et projeter rapidement des forces en cas de crise dans la sous-région, vers l'océan Indien ou le Moyen-Orient, ainsi que protéger ses intérêts et ses ressortissants dans la région. Par son emplacement stratégique et ses 370 km de côtes, Djibouti permet également aux forces françaises de renforcer la sécurité du golfe d’Aden et de la mer Rouge. 

Une présence française historique et stratégique

L'histoire entre la France et Djibouti est ancienne. D’abord colonie française, ce pays de la Corne de l’Afrique est devenu un point d’appui pour de nombreuses interventions militaires sur le continent. Un premier accord a été signé en 1977 lors de l’indépendance du pays. En 2011, un traité de coopération en matière de défense (TCMD) a été conclu, renouvelé le 24 juillet 2024.

"La version rénovée du TCMD reflète l'excellence de la relation qui prévaut entre nos deux pays ainsi que la convergence de nos intérêts stratégiques", souligne l'Elysée.

De retour à Djibouti ce 20 décembre 2024, le président français Emmanuel Macron s’entretiendra notamment avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh à propos de la situation en mer Rouge et dans la Corne de l’Afrique. Ils évoqueront également ce nouveau partenariat de défense. Si les détails de l’accord ne sont pas encore connus et doivent être ratifiés, il est toutefois acquis que le montant du loyer des bases françaises sera augmenté. Le prix avait été fixé à 30 millions d’euros au début des années 2000.

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Outre ce loyer, la France assure la police du ciel de Djibouti. Depuis 2008, l’Union européenne utilise également la base française pour lutter contre la piraterie moderne. Un projet vital : 70 % du trafic de conteneurs rejoignant l’Europe passe par Djibouti.

Le pays se trouve dans une région en proie aux tensions. À ses frontières : la violente dictature érythréenne, la guerre civile dans la région du Tigré en Éthiopie et l’insécurité en Somalie. En face, à seulement 29 km, le Yémen et sa guerre interne. À cela s’ajoutent les actes de piraterie des Houthis yéménites et de Somaliens du Puntland. Le rôle stabilisateur de Djibouti en fait donc également un pays tactique pour l’installation de bases militaires étrangères.

Une plateforme internationale

Djibouti est l’un des rares pays à accueillir plusieurs bases militaires étrangères. Depuis 2002, les États-Unis y disposent de leur unique base permanente en Afrique, regroupant environ 4 000 soldats pour mener des opérations antiterroristes contre les shebabs somaliens et Al-Qaïda dans la péninsule arabique.

Le Japon et l’Italie se sont également installés, respectivement en 2011 et en 2012, mais avec une présence bien moindre.

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Quant à la Chine, arrivée en 2017, elle possède aujourd'hui un port et une base militaire destinés à sécuriser ses énormes intérêts économiques (transports, industrie, énergie...) dans la région. Bien que la base puisse accueillir environ 10 000 militaires, les effectifs actuels sont estimés à quelques centaines.