E. Macron et l'Afrique : interview du journaliste Boubacar Sanso Barry

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boubacar sanso barry
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Boubacar Sanso Barry répond à trois questions sur Emmanuel Macron et l'Afrique. Ce sociologue et journaliste guinéen a par ailleurs publié un édito intitulé "Macron président : l'Afrique juste soulagée" sur le site ledjely.com.
 

TV5 Monde : Au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron, quelles sont les attentes sur le continent africain?

Boubacar Sanso Barry : Il n'y a pas assez de visibilité sur ce qu'il compte faire pour deux raisons, d'une part il est relativement nouveau sur la scène politique donc nous n'avons pas pu l'étudier ou l'entendre sur l'Afrique. D'autre part, cette campagne n'a pas permis de parler de l'Afrique. On dit que l'environnement n'a pas eu sa place dans cette campagne, c'est la même chose pour l'Afrique, on doit donc s'appuyer sur des bribes et des déductions. 
On attend que le président français soit à l'image de Barack Obama, qu'il s'intéresse à la société civile et aux jeunes. Mais paradoxalement, on attend qu'il laisse leur souveraineté aux pays africains, qu'il se cantonne à l'accompagnement. En même temps, il doit être ferme vis à vis des droits de l'homme.

TV5 Monde : Vous écrivez dans votre édito "Du côté africain, on se préoccupe de savoir si cette vision économique ne triomphera pas des principes de droits de l’homme et de démocratie"...

Boubacar Sanso Barry : Oui, je perçois qu'il est plus libéral que socialiste, il a dit que l'Afrique était le continent de l'avenir, mais il n'est pas exclu qu'il soit essentiellement là pour défendre l'intérêt des grandes compagnies françaises au détriment des droits de l'homme.
 

TV5 Monde : Quelles sont les attentes de la jeunesse africaine après cette élection? 

En Afrique, les dirigeants ont tous un certain âge, et ce matin sur les réseaux sociaux une blague circulait, comme quoi les présidents africains vont vouloir saluer leurs petits fils. Les gens relèvent cela. Les appareils politiques en Afrique permettent très rarement à des jeunes de s'exprimer, donc Emmanuel Macron exerce une certaine fascination. 
Ici en Guinée, certains commencent même à rêver , mais ce n'est qu'un rêve, d'un Macron en Guinée en 2020.
Je ne sais pas si dans les faits la jeunesse politique africaine est prête à faire comme Emmanuel Macron. Il reste énormément de défis à relever en terme de formation par exemple. C'est une tendance, mais je ne m'attends pas à une révolution, pas dans les prochaines années en tout cas.