En RDC, l'arrivée de l'épidémie à Goma a profondément bouleversé la stratégie de lutte contre le virus qui a tué plus de 1 800 personnes en un an. Les autorités réfléchissent à l'introduction d'un second vaccin expérimental pour tenter d'endiguer la propagation de la maladie.
Depuis que le virus Ebola a frappé Goma, carrefour commercial de près de 2 millions d'habitants, l'Organisation mondiale de la santé a classé la pandémie en "urgence sanitaire mondial". Rien que la semaine dernière, sept bateaux et leurs passagers ont été bloqués dans le plus important port de la région à Bukavu après qu'un cas suspect a été notifié à bord. Le Rwanda a aussi temporairement fermé sa frontière à la Grande et Petite barrière de Goma. Les pays voisins s'inquiètent et vaccinent leur personnel de santé. Pour l'instant, un seul vaccin est utilisé, celui fabriqué par les laboratoires Merck. Il a largement prouvé son efficacité mais les doses disponibles sont limitées et l'inocuité semble diminuer dans le temps.
Second vaccin expérimental
Alors l'OMS a proposé une solution alternative : l'introduction d'un second vaccin. Le professeur Jean-Jacques Muyembe, co-découvreur du virus Ebola en 1976, a récemment été désigné comme nouveau coordinateur de la Riposte contre la maladie. Il estime que ce nouveau moyen de lutter contre Ebola pourrait changer les choses et détaille une stratégie qui consiste à "établir une ceinture, un rideau avec les personnes immunisées, comme ça quand le virus arrive, il se retrouve bloqué".
Concrètement, le vaccin fabriqué par le laboratoire belge Janssen (filiale de l'Américain Johnson & Johnson) pourrait être utilisé dans les zones qui ne sont pas touchées par l'épidémie pour créer une masse critique de personnes immunisées. Sauf que pour être efficace, ce vaccin expérimental doit être inoculé en deux fois, avec un intervalle idéal de 56 jours entre les injections. Difficile dans le nord-est du Congo où les mouvements de population et les attaques armées compliquent la tâche des équipes de santé.
Etablir une ceinture avec les personnes immunisées (...) pour bloquer l'avancée du virusJean-jacques Muyembe, coordinateur de la Riposte Ebola
L'ex-ministre de la santé, Oly Ilunga, a démissionné estimant que son utilisation n'était pas adaptée au contexte congolais. Mais face à l'urgence, le gouvernement et l'OMS n'ont pas vraiment le choix. Le professeur Muyembe estime que si rien n'est fait pour améliorer la lutte contre le virus, l'épidémie actuelle pourait encore durer "deux à trois ans".