La Sierra Leone confine une partie de sa population pour éviter la propagation du virus, tandis qu'à Genève, les essais d'un vaccin sont à l'arrêt. Ebola continue de progresser dans les trois pays touchés par l'épidémie, dont les systèmes sanitaires restent défaillants.
Le gouvernement de Sierra Leone impose des mesures de confinement pour combattre l'épidémie d'Ebola. (Photo : Flickr/EU Humanitarian Aid and Civil Protection/Creative Commons)
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La Sierra Leone a annoncé mercredi avoir ordonné le confinement immédiat de toute la région Nord pour une durée de cinq jours, afin d'enrayer la propagation de l'épidémie d'Ebola dans le pays où plusieurs zones sont déjà soumises à des restrictions de déplacements.
Durant le confinement, "aucun commerce ne sera ouvert et les marchés seront fermés". Seuls circuleront les véhicules officiellement autorisés à le faire, a précisé un ministre provincial.
L'épidémie d'Ebola a fait en un an plus de 7500 morts, essentiellement en Sierra Leone, pays qui compte le plus grand nombre de cas, au Liberia et en Guinée, d'où elle est partie en décembre 2013. les autorités avaient déjà annoncé l'interdiction, à travers le pays, des rassemblements publics pour Noël et le Nouvel An, y compris les offices religieux, en raison de l'épidémie.
Evolution du nombre de cas
La transmission du virus Ebola est toujours "intense" en Afrique de l'Ouest, affirme l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans son rapport sur la situation de la lutte contre l'épidémie d'Ebola publié le 17 décembre 2014 (lire en anglais).
Le nombre de nouvelles infections par semaine s'affiche en baisse au Liberia, tandis qu'il fluctue en Guinée, note l'OMS. Des "signes" laissent penser que la hausse de l'incidence a ralenti en Sierra Leone, même si ce pays, avec le plus grand nombre de cas d'Ebola, a désormais dépassé le Liberia.
Nombre de cas et nombre de morts
L'épidémie d'Ebola qui s'est déclarée en mars en Guinée a jusqu'à présent frappé huit pays. Outre la Guinée (2416 cas et 1525 morts recensés au 17 décembre 2014), le Liberia (7797 cas, 3290 décès) et la Sierra Leone (8356 cas, 2085 morts) sont les plus touchés.
Les analyses menées ces dernières semaines par les autorités sanitaires dans ces trois pays ont permis d'affiner a posteriori le nombre de cas et de morts imputables à Ebola, ce qui explique l'évolution parfois "anormale" du nombre de victimes dans le graphique ci-dessous :
Vaccin : test suspendu
Les vaccinations contre le virus Ebola en test aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) sont suspendues. Des douleurs articulaires apparues chez quatre volontaires ont incité l'équipe médicale à interrompre les injections par mesure de précaution. Les vaccinations devraient reprendre le 5 janvier.
Les légères douleurs de type rhumatismal dans les mains et les pieds sont survenues entre 10 et 15 jours après l'injection, ont indiqué jeudi les HUG. Elles ont duré quelques jours.
L'étude est suspendue afin d'évaluer chez un plus grand nombre de patients la fréquence de ces douleurs. "C'est inattendu, mais pas vraiment nouveau, dans le cas d'infections virales", a expliqué la doctoresse Marie-Paule Kieny, directrice générale adjointe à l'Organisation mondiale de la Santé. Le vaccin contre le virus Ebola en test au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne est "plutôt bien toléré" par les 120 volontaires, a indiqué pour sa part jeudi l'institution.
A ce stade, et dans l'ensemble, les sujets ont des réactions locales similaires à celles observées après des vaccinations de routine.
Le vaccin testé par le CHUV et la polyclinique médicale universitaire à Lausanne diffère de celui expérimenté aux Hôpitaux universitaires genevois (HUG) au niveau du vecteur viral. "A Genève, c'est un virus bovin qui est utilisé. A Lausanne, un virus chimpanzé", a expliqué Blaise Genton, médecin-chef au service des maladies infectieuses du CHUV.
Les premiers résultats d'immunogénicité seront disponibles avant la fin du mois de décembre.
Plan d'action de l'OMS
L'OMS et ses partenaires ont adopté jeudi 11 décembre à Genève un plan d'action pour renforcer les systèmes de santé en Afrique de l'Ouest. Déjà très insuffisants, ils ont encore été affaiblis par l'épidémie d'Ebola. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement discutent avec les pays touchés et les donateurs d'un plan d'action à moyen et long terme pour renforcer les structures de santé. Mais seul un cadre général a été approuvé à ce stade.
Présent à Genève, le ministre de la Santé de Guinée Remy Lamah a évoqué un plan sur cinq ans avec un budget de 300 millions de dollars. La directrice des services médicaux du Libéria Bernice Dahn a pour sa part avancé le chiffre de 56 millions de dollars pour les six premiers mois.