Rapidité
Les laboratoires pharmaceutiques ont bien compris qu'il fallait répondre à cette urgence et accélèrent les étapes qui précèdent la commercialisation des vaccins. En moyenne, la phase test d’un vaccin est entre 5 et 10 ans. Pour ce qui est de la dengue, « cela fait 20 ans que l’on travaille dessus », précise Alain Bernal, directeur de la communication de Sanofi-Pasteur. Il ajoute que dans le cas d’Ebola, il « est difficile de respecter les étapes de test, d’autant plus, qu’à l’origine, c’était une maladie sporadique ». Il constate qu’aujourd’hui les laboratoires n’ont pas d’autres choix puisqu’il y a urgence : « il faut rapidement passer de la phase animale à la phase grandeur réelle (sur des humains, ndlr) ».
Pour Michel Georget, biologiste et auteur du livre L’apport des vaccinations à la santé publique : la réalité derrière le mythe, la rapidité avec laquelle les laboratoires tentent d’élaborer un vaccin est « complètement irréaliste. Les industriels disent généralement qu'il faut 10 ans pour mettre au point un vaccin. En agissant dans la précipitation on prendra les gens pour des cobayes et ce ne sera pas la première fois ». Du côté de l’OMS, on se veut rassurant même si on ne nie pas l’accélération volontaire des étapes test du vaccin. « Il est vrai que créer et produire un vaccin prend des années. Mais là, nous sommes dans des conditions exceptionnelles avec une épidémie jamais égalée, explique la directrice de la communication Fadéla Chaib. Cela ne veut pas dire que nous allons compromettre toute la rigueur scientifique pour créer un vaccin viable. Ce qui a été raccourci, ce sont les délais de discussion ou de recherche de financement. Nous n'allons certainement pas bâcler la production d'un vaccin sous prétexte que le temps est contre nous. Nous avons compressé ce qui était possible de compresser mais certaines étapes scientifiques ne peuvent être réduites ».
La recherche et la potentielle production sont financés par « les pays donateurs traditionnels que sont les Etats-Unis, le France, la Grande-Bretagne et les pays nordiques, ainsi que par certaines fondations », note Fadéla Chaib.
Nouveaux vaccins ?
La Russie s'est, elle aussi, lancée dans la course au vaccin. La ministre russe de la Santé, Veronika Skvortsova, a assuré que le pays pourra fournir trois vaccins contre le virus Ebola d'ici à six mois selon l'OMS. "L'un est déjà prêt pour un essai clinique", a déclaré la ministre en précisant que l'un d'entre eux avait été créé à partir d'une souche inactive du virus. Le groupe pharmaceutique Johnson & Johnson a lui annoncé avoir dégagé 200 millions de dollars pour accélérer la production d'un vaccin contre Ebola en cours de développement par sa filiale Janssen Pharmaceuticals Companies. Le laboratoire prévoit de produire plus d'un million de flacons en 2015. 250 000 doses sont attendues en mai pour des essais cliniques a indiqué la maison mère dans un communiqué. La compagnie travaille en étroite collaboration avec l'OMS et et l'Institut national des allergies et maladies infectieuses américain.
L'épidémie a fait plus de 4 500 morts, essentiellement en Afrique selon le dernier bilan de l'OMS. Lors d'une conférence de presse dans les locaux de l'organisation à Genève mardi 21 octobre, traitements et vaccins contre le virus ont été évoqués. A ce jour, les recherches ont abouti à la création de sérums et de vaccins expérimentaux ainsi qu'à des produits à base de sang. Mais pour le moment, aucune de ces solutions n'est prête à être commercialisée.